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fur rien. L'une m'eft inconnue, & celle qui eft la plus élevée, eft conftamment un Harpocrate accroupi, comme on le voit ordinairement représenté. Le travail de cette pierre eft un peu ufé par le tems; cependant on s'apperçoit qu'il eft mauvais pour le deffein, mais qu'il préfente des fineffes & des délicateffes d'outil; & comme il eft abfolument dans le goût Égyptien, je n'aurois point balancé à le donner à l'Egypte, fi le revers, no. II. ne m'avoit préfenté des sujets de douter. Il fait voir une tête d'aigle ou d'épervier foutenu par fes deux aîles. Malgré les différences qu'on eft en droit d'y remarquer, cette difpofition m'a rappellé l'idée d'une figure volante qu'on obferve plufieurs fois fur les monumens de Perfépolis. Au-deffous de cette tête d'oifeau furmontée d'un ornement, le champ de la pierre eft rempli par un corps rond & allongé qui pourroit être regardé comme l'œuf ou l'emblême du monde.

Je rapporte les impreffions que j'ai reçues, & je ne prétens point affurer que cette pierre ait été gravée à Perfépolis, mais je la foupçonne d'avoir une origine Égyptienne, peu éloignée de fa fource.

No. III. & IV.

Cette Amulette de cornaline blanche eft Perfe: nonfeulement on le reconnoît au travail, mais à fa forme no. IV. La bâse rapportée fous le même no. & fon élévation, font à huit pans, & de la grandeur du trait qui les repréfente. La pierre eft fimplement percée dans le milieu de fa longueur; & l'on voit, dans la gravure en creux qui fait l'ornement de sa bâse, un Roi de Perfe attaqué par un animal fantastique dont la tête cornue eft humaine, & dont le corps qui reffemble absolument à celui d'un lion, a des aîles. Cette compofition eft celle qui fe trouve la plus répétée fur les bas-reliefs de Perfépolis. A la vérité, ces monumens, fans doute plus

avoués & plus authentiques qu'une fimple pierre gravée, ne préfentent que le combat d'un Roi, qui, comme celui-ci, ne se défend qu'avec un poignard contre un lion qui n'a rien de furnaturel. Ce fujet indique, felon les apparences, un évènement remarquable dans l'hiftoire de Perfe, mais fur le quel on ne peut efpérer aucun éclairciffement. On voit par cet exemple le chemin que les fables prennent ordinairement. Elles partent d'un point de vérité; on y joint peu-à-peu le merveilleux: il ne diminue jamais, & va toujours en augmentant. Mais pour revenir aux faits précis, je puis certifier que difpofition du groupe eft la même que celle que l'on voit fur les bas-reliefs de Perfépolis; que le travail est Perfe, & fuivant ce que j'ai dit dans les Mémoires de l'Académie, je le reconnois pour avoir une origine Égyptienne.

la

Cette pierre a été trouvée dans la terre, à Brayne auprès de Soiffons. On fent aifément que ce fait n'est rapporté que pour l'exactitude, fans prétendre en tirer aucune conféquence. Un monument de ce volume est porté & reporté par toute la terre, fans que le tranfport fans

mérite aucune réflexion.

N. V.

Cette gravure exécutée fur une pierre hématite prouve très-clairement l'origine Égyptienne de la Diane d'Éphèse. Sa difpofition, & plus particulièrement encore fa coëffure, ne peuvent laiffer aucun doute fur ce point. J'ai fait graver cette pierre avec d'autant plus de plaifir, que les impreffions qu'elle eft capable de donner, doivent être jointes à l'explication d'un monument d'Éphèfe que l'on trouvera dans la claffe Grecque de ce Volume, Planche LII. Je ne poffédois pas la Figure que l'on voit fous ce n°. quand j'ai fait graver la Planche à laquelle je renvoye. La différence des re

présentations de la Diane d'Éphèse, qu'il feroit facile de raffembler & de tirer des monuniens les plus authenLib.xvi.cap.40. tiques, dément ce que Pline avance de la confervation de la même ftatue, malgré tous les malheurs, dit-il, arrivés au Temple, vitigineum & nunquam mutatum. D'ailleurs comment fe perfuader qu'un culte auffi célèbre que celui de la Diane d'Éphèfe puiffe avoir des repréfentations arbitraires. En ce cas, les monumens font préférables à une legère idée fondée fur la fuperf tition.

N. VI.

Ce morceau d'yvoire préfente un bufte qui n'est point du tout proportionné aux quatre colonnes accouplées qui lui fervent de piédeftal. Ce bufte eft coëffé à l'Égyptienne, c'eft-à-dire, que la tête eft furmontée par des plumes. Elles font affez mal travaillées ; cependant elles rappellent l'idée des coëffures qu'on voit fur la Table Ifiaque; mais les cheveux frifés & le genre des. nattes qui pendent fur les épaules s'écartent abfolument de leur première origine. Cet ouvrage eft affez mal exécuté dans toutes fes parties & ne peut être regardé que comme Romain & très-commun dans ce genre. Il offre la fingularité de trois petites boules ou corps arrondis qui occupent le milieu des quatre colonnes, & qui, détachées les unes des autres, font mobiles & roulantes. J'aurois eu peine à me perfuader, fans une preuve auffi conftante, que les Anciens, & en particulier les Romains, euffent été capables d'un badinage ou d'une patience dont les Allemands nous donnent depuis long-tems de fi grandes preuves; mais l'Antiquité a tout connu & tout pratiqué dans les Arts.

J'ajouterai que ce petit monument pourroit avoir fervi de tête à une des aiguilles dont les femmes Romaines faifoient ufage dans leurs coëffures.

Que

Que cette opinion foit véritable ou fauffe, on trouve toujours dans ce morceau, l'impreffion du culte Égyptien; & rien de ce que j'ai avancé dans cette légère explication, n'eft contredit par l'examen. Hauteur de ce fragment deux pouces.

PLANCHE XXIL

No. I. & II.

J'AI rapporté dans les Volumes précédens, plufieurs Amulettes d'une forme pareille à celle de ces n°. Je perfifte à les croire très-anciennement confacrées à l'usage des Égyptiens, & dans la fuite adoptées par les Perfes. La quantité que j'en ai vû travaillée dans le goût de cette derniere nation, me met en droit de foutenir cette opinion. Mais cette agathe d'un blanc qui tire fur le bleu, achève de me confirmer dans les idées qui m'ont perfuadé que Perfépolis, devenue capitale de la Perfe dans la fuite des tems, étoit en premier lieu une colonie de l'Égypte. La Figure qui Voyez Corneille combat le Lion eft abfolument dans le goût que voit fur les monumens de cette ville: d'ailleurs cette de l'Acad. des Belles-Lett. pour

l'on

le Brun, Chardin & les Mém.

action qui n'est point du tout Égyptienne, s'y trouve l'année 1758. ou plufieurs fois repréfentée. Mais la Figure de femme à 1759. genoux, & qui femble prier pour le fuccès du combat, eft abfolument Égyptienne, & les caractères représentés devant cette Femme, font des hiéroglyphes. Cet affemblage de goût, ainfi que la gravure en creux, autorifent mon fentiment, & rendent ce petit monument très-fingulier & très-précieux.

Suivant ce que j'ai plufieurs fois avancé, cette Amulette auroit été gravée à Perfépolis, ou en Égypte, par un Artiste de cette ville, avant qu'elle eût admis l'écriture courante qui lui a été particulière, & qui jufqu'ici, paroît impoffible à déchiffrer.

Tome IV.

I

Je dois certifier, avant que de finir cet article, que j'ai vu une de ces amulettes avec les caractères courans de Perfépolis, & qu'on n'a jamais voulu m'en laiffer prendre une empreinte: celle que j'ai tenue & confidérée, ne doit point être feule dans le monde, & je ne défefpère pas de trouver fa pareille : au refte cette indication rendue publique, pourra fervir à en faire remarquer quelques-unes.

Hauteur onze lignes : diamètre cinq lignes.

No. III.

Ce fragment d'agathe-onice de deux couleurs, ne peut être un ouvrage Egyptien. L'amour de la postérité étoit fi dominant en Egypte, que dans le deffein de perpétuer la durée des bas-reliefs, ils les travailloient en creux; à plus forte raifon, ils n'auront point admis des ouvrages auffi aifés à éclater que le lit d'une pierre réfervé pour repréfenter une Figure. Ce Camée me paroît donc l'ouvrage d'un Grec établi dans quelque ville étrangère à fon égard. Il repréfente un Prêtre Perfe, ce que l'on reconnoît à fa barbe pointue, & à fon espèce de toque. Ce Prêtre porte d'une main un petit vafe duquel fort une plante à tige droite. Non-feulement cet usage eft Égyptien, mais la figure ressemble parfaitement à celle des monumens de Perfépolis dont j'ai parlé dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, & fur lefquels on voit des proceffions à la manière de l'Égypte, c'eft-à-dire, que tous les Prêtres, à la fuite l'un de l'autre, portoient à la main un attribut léger & très-petit de la divinité qu'ils deffer

voient.

L'ouvrage de ce relief n'eft point mauvais; & je fuis perfuadé qu'il ne préfente qu'une très-petite partie d'une cérémonie Perfe, dans laquelle on pratiquoit le culte Égyptien.

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