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N. IV. & V.

Ce Prêtre Etrufque est voilé, contre l'ordinaire de ceux que j'ai eu occasion de voir. Il est vrai qu'il ne reffemble point à un Augure, & qu'il paroît être dans l'opération d'un facrifice; car il femble tenir un grain de l'encens qu'il a pris dans fon autre main: l'extrémité de fon voile paffe deffous un de fes bras & remonte fur l'épaule de l'autre côté où il fe foutient par fon propre poids. Ce Prêtre a d'ailleurs une tunique affez jufte; elle monte jufqu'au col, les manches defcendent un peu plus bas que les épaules; enfin, cette tunique fe termine également & quarrément un peu au-deffous du gras des jambes ; ce qui conferve, ou du moins rappelle un ufage Egyptien. Ce petit bronze très-bien confervé eft pofé fur une table quarrée avec laquelle il a été fondu.

Hauteur trois pouces fept lignes.

PLANCHE XXIX.

N. I.

QUOIQUE l'ignorance des Étrufques dans leurs premiers fiècles foit démontrée par un grand nombre de monumens que j'ai rapportés; ces monumens même prouvent, comme je l'ai déja dit, le goût de cette nation pour les Arts, & le défir qu'ils avoient de produire & de paffer à la poftérité; mais fi les objets peu fatisfaifans pour les parties des Arts donnent ces fortes de il eft difficile d'en apporter une preuves, plus convaincante que celle du Cheval de bronze que l'on voit fous ce numero. Il a été trouvé l'année dernière dans un tombeau à Volaterra. Cette feule raison m'engage à lui donner un rang déterminé; car l'ignorance pouffée à un certain dégré, ne peut donner

d'indication; elle oblige néceffairement de recourir aux circonftances locales; fans un pareil fecours elle ne peut conduire qu'à l'ignorance: c'est un cercle qui tourne fur lui-même. Cette vérité me paroît conftante, du moins par rapport aux objets de l'Antiqui

té.

Hauteur totale deux pouces & demi: hauteur depuis le gareau un pouce trois lignes: longueur trois pouces cinq lignes.

No. II.

On voit fur ce Scarabée de cornaline, un Homme à cheval. Ce monument eft conftamment plus moderne que le précédent; cependant l'Artifte étoit encore peu confommé dans l'art; il ne pouvoit exprimer les traits du vifage. Ce Cavalier eft représenté dans un instant d'action ou de combat: de plus, il porte le cafque à trois pointes dont j'ai parlé plufieurs fois. Je ne doute pas que cette Figure ne représente un homme guerre. La

doute pas quereté d'un monument Etrufque de ce

de

genre, eft le plus grand mérite de ce petit morceau.

No. III.

La première impreffion qu'un homme monté fur un cheval a faite fur l'imagination de ceux qui ne connoiffoient point cet ufage, a produit l'idée d'un Centaure. Cette impreffion eft des plus anciennes, parce qu'elle eft fimple: je croirois par conféquent qu'elle a été une des plus générales ; & que plufieurs peuples ont dû la recevoir & s'en affecter dans des tems différens. Je ne voudrois point placer les Etrufques dans ce rang: chaque jour on découvre des monumens qui prouvent. la connoiffance qu'ils avoient des ouvrages de la Grèce; & j'ai rapporté plufieurs fujets qu'ils avoient tirés d'Homère. Je croirois donc qu'ils ont emprunté les Cen

taures des Fables Grecques; & qu'ils les ont exprimés plus ou moins bien, felon le fiècle dans lequel ils les ont travaillés. Le Centaure dont il s'agit ici, porte une maffue menaçante, & me paroît difpofé & compofé dans le goût de ceux que les Grecs ont décrits en différentes circonftances, & que les monumens nous préfentent encore.

N. IV.

Cet autre Centaure également gravé fur la bâse d'un Scarabée de cornaline, eft beaucoup mieux exécuté que le précédent, quoiqu'à dire vrai, il le foit très-mal encore; cependant il eft compofé dans un très-grand mouvement, & dans l'action de combattre ou d'arracher un arbre. Ce monument prouve que les Étrusques ont répété l'image des Centaures. On peut juger cette Figure moins ancienne que la précédente, par la raifon que l'Artifte plus habile ou plus exercé, lui a donné plus de mouvement.

PLANCHE XXX.

N°. I.

que

LE TRAVAIL des nations qui n'ont été conduites par le feul défir d'opérer, & auxquelles les moyens de l'opération ont été, pour ainfi dire, fimplement révélés, fera toujours un nouvel objet d'étonnement.Ces peuples ont produit fans avoir aucune idée de l'imitation de la nature; il fembleroit même que la Figure humaine leur auroit été inconnue : j'ai témoigné plus d'une fois ma furprise à cet égard, & fur-tout à l'occasion des bronzes Sardes, dont j'ai admiré la fonte & même quelques détails. Ce Scarabée de cornaline dont la bâfe eft gravée en creux, & dont le travail eft Sarde, doit encore plus étonner: en effet, que de connoiffances préliminaires

ont

ont été néceffaires pour mettre au jour même l'extrême ignorance prouvée par ce petit monument, le touret, les outils, la poudre de diamant, la matière ellemême; enfin, un travail que la vue ne peut en quelque façon diriger, & qui n'eft exécuté que par eftime. Comment un homme capable de lever ces difficultés, peut-il fe perfuader qu'il a représenté des figures humaines? Comment ceux pour lefquels il travaille peuvent-ils en être convaincus? Ces réflexions ne fuppofent rien. La feule exécution eft une démonftration. Quelle que foit cette pratique, je crois qu'on ne peut la rapporter qu'à la fituation de la Sardaigne, que l'on doit regarder comme étant alors une colonie, ou du moins une province dépendante de l'Étrurie. Cette première raifon ne répond pas à toutes les objections; on découvre dans le détail de cette gravure plusieurs parties qui prouvent une communication très-marquée avec les Egyptiens. Ces prétendues Figures indiquent quelques-uns de leurs ufages alliés fans doute à des particularités convenables au peuple de la Sardaigne; car indépendamment du Scarabée en lui-même, des coëffures de plumes droites, telles qu'on les voit repréfentées fur la Table Ifiaque, le fceptre furmonté de la hupe, & que préfente plufieurs fois cette même Table; ce fceptre dis-je, que l'on voit fur cette gravure, eft purement Egyptien, & perfuade que ces deux Figures repréfentent des guerriers; car la hupe étoit un attribut d'Horus, révéré fans doute par les Militaires.

No. II.

Tout eft comparaison; & le deffein que je viens de rapporter, fait une oppofition avantageufe pour les plus mauvais ouvrages des Etrufques, & prouve la fupério

rité des travaux du Continent fur ceux des Infulaires :

Tome IV.

M

XX.

il est bien fingulier que cette remarque soit vérifiée, & fubfifte depuis tant de fiècles.

Cet autre Scarabée d'un travail très-négligé & dans lequel tous les coups de bouterolle font marqués, par la raison que les Artiftes ne fçavoient pas conduire leur outil, représente un Centaure au milieu de deux Cerfs qu'il retient de chacune de fes mains. Eft-ce une allégorie? Eft-ce une fable dépendante de la religion des Etrufques? Je l'ignore, & je crains bien que d'autres ne puif

fent

pas nous en instruire.

No. III.

Je n'avois point encore vû de Soleil représenté dans un char tiré par trois chevaux; je doute même qu'on ait vû un Vainqueur dans les jeux paroître dans ce médiocre équipage: cet attelage révolte l'habitude, & frappe par fa fingularité ; je m'attendois d'autant moins à trouver cette particularité fur un monument ÉtrufVol. II. Planc. que, que j'ai rapporté le Soleil fortant de la mer, & tiré à l'ordinaire par quatre chevaux, d'après un vafe de ce pays; mais il faut convenir que ce vafe eft beaucoup plus moderne que le Scarabée dont il s'agit, du moins la différence du goût, du deffein & de l'exécution donne cette indication; mais comme le travail de ce Scarabée ne s'écarte en aucune façon de l'enfance de F'art, il faut en conclure que les Étrufques ont perfectionné, non-seulement leur goût, mais leurs idées mythologiques. Pour autorifer la Figure du Soleil que je crois trouver dans cette gravure, je ne dois point oublier que la tête de celui qui mène les trois chevaux eft rayonnante, c'eft-à-dire, qu'elle a plus de pointes, & qu'elles font plus fymmétriques que les cornes ordinaires des casques.

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