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deux adreffées, non feulement à Constantin AN. 680. mais à fes freres Heraclius & Tibere qui portom 6. conc. toient auffi le titre d'Auguftes. La lettre du Pape 2.630. eft très-longue fuivant le ftile du temps mais en voici la fubftance: Nous avons reçu avec une grande confolation vos lettres adreffées au Pape Donus nôtre predeceffeur, par lesquelles vous nous exhortez à examiner la vraie foi. Aufli tôt j'ai commencé à chercher des perfonnes telles que le malheur du tems & l'état de cette province permet de les trouver. J'ai pris le confeil de mon clergé, & des Evêques voir fins de ce fiege mais il a fallu du tems pour affembler ceux que nous attendions des provinces plus éloignées, où mes predeceffeurs ont envoié prêcher la foi fans parler de mes mala dies continuelles.

9.634

a

Donc pour vous rendre l'obéïffance que nous vous devons, nous vous envoions nos venerables freres les Evêques Abondantius, Jean, & un autre Jean; & nos chers fils Theodore & George Prêtres, Jean Diacre, & Conftantin Soûdiacre de notre Eglife: Theodore Prêtre, Legat de l'Eglife de Ravenne avec des moines ferviteurs de Dieu. Ce n'eft pas par la confiance que nous avons en leur favoir : car comment pourroit-on trouver la science parfaite des Ecritures, chez des gens qui vivent au milieu des nations barbares, & qui gagnent à grande peine વે leur nourriture chaque jour par leur travail corporel? Seulement nous gardons avec fimplicité de coeur la foi que nos Peres nous ont laissée : demandant à Dieu comme notre principal avantage, de conferver & le fens & les paroles de leurs decifions, fans rien ajoûter, ni diminuër. Nous avons donné à ces Députez quelques paffages des Peres avec les livres mêmes, pour vous les prefenter quand vous l'ordonnerez, &

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7

vous expliquer la foi de cette Eglife Apoftolique-
vôtre mere spirituelle: non par l'éloquence fe- AN. 680.
culiere, dont ils font dépourvûs mais par la
fincerité de la foi que nous avons apprife dés le
berceau: & nous vous fupplions de les écouter
favorablement.

Le Pape explique enfuite la foi de l'Eglife fur
la Trinité & l'Incarnation, principalement par
raport à la queftion des deux volontez fur la-
quelle il dit nettement, que les trois personnes
divines n'aiant qu'une nature, n'ont auffi qu'une
volonté mais qu'en JESUS-CHRIST Comme
il y a deux natures, il y a deux volontez, &
deux operations. Il foûtient que le faint Siege p. 636.
n'a jamais erré, & ne s'eft jamais écarté du che-
min de la vérité, en vertu de la promeffe faite
à faint Pierre; & que fes predeceffeurs n'ont ja- P.637.
mais ceffé d'exhorter les heretiques pour les
ramener. Enfuite il prouve la distinction des P. 6406
deux volontez, par les paffages de l'Ecriture ex-
pliquez par les Peres. Il y joint la définition du P. 648.
concile de Calcedoine, & celle du cinquième
concile puis plufieurs paffages des Peres grecs p. 649.
en original, & des Peres latins traduits en grec: p. 652.
de faint Gregoire de Nazianze, de faint Gregoi
re de Nyffe, de faint Jean Chryfoftome, de p. 653;
faint Cyrille d'Alexandrie, de faint Hilaire, de
faint Athanafe, du prétendu faint Denis, de p. 656.
faint Ambroise, de faint Leon. Le Pape Aga- p. 657.
thon fait l'application de tous ces paffages, &

:

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ajoûte On y pourroit joindre ceux qui ont p. 664.
combattu pour le concile de Calcedoine : favoir
Jean Evêque de Scythopolis, Euloge d'Alexan-
drie, Ephrem, & le grand Anaftafe d'Antioche.
D'ailleurs il rapporte les paffages des anciens p. 6651
heretiques, qui ont foûtenu qu'il n'y avoit en
JESUS-CHRIST qu'une operation, & une vo-
lonté d'Apollinaire, Severe chef des Acephales,

de.

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de Neftorius, de Theodofe d'Alexandrie : puis AN. 680. des nouveaux heretiques, c'est-à-dire des Mop. 668. nothelites, Cyrus, Theodore de Pharan, Sergius, Pyrrhus, Paul & Pierre de C. P. & releve p. 669. leurs contradictions. Après avoir ainfi prouvé la p. 673. verité de la Foi catholique, il exhorte l'Empe8.676. reur à fe fervir de fa puiffance pour la foûtenir, & délivrer l'Eglife de ceux qui la combattent. Puis il ajoûte Si l'Evêque de C. P. enfeigne avec nous cette doctrine, il n'y aura plus de diP.677. vifion s'il embraffe la nouveauté, il en rendra compte au jugement de Dieu. Il finit en priant l'Empereur de donner une entiere liberté à quiconque voudra parler pour la Foi catholique. Telle eft la lettre particuliere du Pape Agathon.

:

:

La lettre fynodale eft auffi en fon nom, & de tous les fynodes foûmis au concile du faint Siege c'eft-à-dire de toutes les provinces d'Occident. Elle contient en fubftance les mêmes cho685, B. fes que la lettre precedente. Les Evêques y avouent de même leur peu de fcience; & parp. 681. A. lant des Legats, ils difent: Vous nous avez ordonné d'envoyer des perfonnes de bonnes mœurs, & bien inftruites dans les Ecritures. Quant aux mœurs,quelque puresqu'elles foient, perfonne n'ofe s'y confier: quant à la science, fi on la reduit à celle de la Religion, il n'y a que la connoiffance de la verité s'il s'agit de l'éloquence feculiere, nous ne croions pas que perfonne de nôtre tems fe puiffe vanter de la poffeder parfaitement. Nos païs font continuellement agitez

par

la fureur de diverfes nations ce ne font que combats, courfes, brigandages. Au milieu de ces barbares nôtre vie eft pleine d'inquietudes; & nous fubfiftons du travail de nos mains, parce que l'ancien patrimoine des Eglifes a été confumé petit à petit par diverfes calamitez. Il ne nous refte pour tout bien que la foi : nôtre

plus

plus grande gloire eft de la conferver pendant nôtre vie, nôtre avantage éternel eft de mourir AN. 680. pour elle. Les lettres montrent elles-mêmes combien cet aveu eft fincere : le fond de la do&trine eft excellent : mais le ftile eft embaraffé, & les frequentes repetitions produisent une lonexceffive.

gueur

:

Les Evêques s'excufent d'envoier fi tard les p. 685. Cg Legats, à caufe de la longueur du chemin, & qu'une grande partie d'entre eux s'étend jufques à l'Ocean. Nous efperions, ajoûtent-ils, que Theodore le Philofophe Archevêque de la grande ifle de Bretagne, viendroit avec des Evêques du païs, auffi-bien que plufieurs autres de divers lieux afin de vous écrire au nom de tout nôtre concile, & que tous euffent connoiffance de ce qui fe pafferoit. Vû principalement que plufieurs de nos confreres font au-milieu des nations barbares, fçavoir des Lombards, des Sclaves, des Francs, des Goths & des Bretons. Ils font tous fort curieux de ce qui fe fait touchant la Foi; & autant qu'ils peuvent nous aider étant d'accord avec nous, autant nous feroient-ils contraires s'ils étoient fcandalifez fur cet article. Nous vous p. 688. envoions des perfonnes qui vous presenteront la confeffion de foi de tout tant que nous fommes d'Evêques du feptentrion & de l'occident: non pour difputer comme d'une doctrine incertaine, & fujette au changement. Et enfuite: Nous recevons comme nos freres tous les Evêques qui veulent enfeigner avec nous tout ce qui eft contenu dans cette confeffion de foi : & nous condamnons tous ceux qui la rejettent, & ne les fouffrirons jamais en notre compagnie, qu'ils ne fe foient corrigez. Cette feconde lettre eft p. 689. C. foufcrite par le Pape, & par tous les Evêques P. 692. qui affiftoient au concile de Rome.

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VIII. Voyagesde S. Be noift con- Bifcop.

Vers le même tems, & peut-être avant le

Vita tom, 2. act. p 104.

XXXIX.

ข. 43.

concile, le Pape renvoia en Angleterre faint AN. 680. Benoît Bifcop qui étoit venu à Rome pour la cinquième fois. Il y fit fon quatriéme voiage vers l'an 670. après avoir cedé à l'Abbé Adrien Sup liv. le Monaftere de faint Pierre de Cantorbery & en rapporta quantité de livres ecclefiaftiques, qui lui avoient été partie vendus, partie donnez. En repaffant à Vienne, il en retira encore plufieurs qu'il avoit achetez, & laiffez chez fes amis. Etant revenu en Angleterre, il raconta au Roi Egtrid de Northumbre tout ce qu'il avoit fait dans fes voiages pour le fervice de la Religion tout ce qu'il avoit appris à Rome & ailleurs touchant la difcipline ecclefiaftique & monaftique, & lui montra les livres & les reliques qu'il avoit rapportez. Le Roi le prit en telle affection, qu'il lui donna une terre de foixante & dix familles, c'eft-à-dire d'autant de charuës, afin d'y bâtir un monaftere en l'honneur de faint Pierre. Il le bâtit à l'embouchure de la riviere de Vire, d'où lui vint le nom de Viremouth : c'étoit l'an 674. quatrième du regne d'Egfrid, indiction feconde.

Un an après Benoift paffa en Gaule, & en emmena des maffons pour bâtir fon Eglife de pierre, & voutée à la Romaine. Et comme il n'y avoit point encore de verriers dans la Bretagne, il en fit auffi venir de Gaule, & mit des vitres aux fenêtres de l'Eglife, & des autres bâtimens, C'est ainsi que les Anglois apprirent l'art de la verrerie. Il fit auffi venir de deça la mer tout ce qui étoit neceffaire pour le fervice de l'autel & de l'Eglife, & qu'il ne pouvoit recouvrer dans le païs foit vafes, foit ornemens. Enfin pour avoir ce qui ne fe trouvoit pas même en Gaule, il retourna une cinquième fois à Rome. Mais avant ce dernier voyage, il fonda un autre monaftere. Car le Roi Egfrid voiant le bon ufage

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