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AN. 680.

avoit accoûtumé d'y mettre mais le premier chiffre étoit au quatrième cahier, le fecond au fuivant, & ainfi du refte. D'ailleurs l'écriture des trois cahiers ajoûtez étoit differente de l'ancienne écriture du même volume. Ainfi l'Empereur dit Qu'on ne life point ce difcours : mais qu'on life la preface du cinquième concile. On lut donc le premier volume, puis le fecond; & à la feptiéme feffion, on trouva deux prétendus écrits du Pape Vigile, l'un adreffé à p. 613. D. 'Empereur Juftinien, l'autre à l'Imperatrice Theodora, où étoient ces paroles : Nous anathematizons auffi Theodore de Mopfuefte, qui ne confeffe pas que JESUS-CHRIST foit un hypoftafe, une perfonne, une operation. Les Legats de Rome fe leverent encore, & s'écrierent: A Dieu ne plaife, Seigneur, Vigile n'a point dit une operation. Ces écrits ne font point de lui on a auffi falfifié ce volume. Car fi Vigile avoit enfeigné une feule volonté & que concile l'eût approuvé, on auroit employé ce terme d'une operation dans la définition du concile. En la lifant vous verrez la verité. On lut dans fon ordre la définition de foi toute entiere, & il ne s'y trouva rien touchant une operation. Les Legats demanderent que ce livre fût exami- p. 626. né pour découvrir la fuppofition, ce que l'Empereur remit à une autre fois, & ordonna de continuer la lecture.

le

Après qu'elle fut achevée, l'Empereur deman- 680.Dec. da au concile & aux magiftrats s'il leur paroiffoit que Macaire d'Antioche eût bien prouvé, comme il avoit promis, qu'il n'y a qu'une vo→ lonté & une operation en JESUS-CHRIST. Ils répondirent que non, & l'Empereur ordonna que Macaire & ceux de fon parti prouveroient leur doctrine, par les paffages des Peres fuivant leur promeffe. Macaire & les fiens demanderent

680.Dec.

XIV.

me, cin

quiéme, & fixiéme fellion.

du tems pour apporter les paffages; & l'Empereur ordonna que ce feroit à la prochaine feffion. Mais George de C. P. & les Evêques de fa dépendance demanderent qu'on lût les lettres du Pape Agathon, & de fon concile à l'Empereur, ce qu'ils remirent auffi à la feffion fuivante.

Ce fut la quatriéme tenuë deux jours après Quatrié favoir le quinziéme de Novembre. On y lut les deux lettres du Pape & de fon concile, traduites en grec par Diogene fecretaire de l'Empereur. Dans la cinquiéme feffion tenuë trois fep.630. maines après, fçavoir le feptiéme de Decembre, Macaire d'Antioche fuivant l'ordre de l'Empereur, produifit deux volumes qui contenoient des paffages extraits des Peres. Le premier avoit pour titre Paffages des faints Peres, qui en713. feignent que JESUS-CHRIST n'a qu'une volonté, qui eft celle du Pere & du Saint-Esprit. Après que tous les deux volumes eurent été lus, l'Empereur dit : Si Macaire & les fiens ont d'autres paffages, ils les produiront dans la prochaine feffion. Il le fit dans la fixiéme tenuë seuleFev. 681. ment deux mois après, le douziéme de Fevrier 681. Ce jour il produifit un autre recueil de paffages, qui fut auffi lu : & après que Macaire eut declaré qu'il n'avoit point d'autres paffages à produire, l'Empereur ordonna que ces trois volumes feroient fcellez de la part des Magiftrats, des Legats de Rome, & du siege de C. P. ce qui fut executé.

8.720.

Alors les Legats du Pape dirent: Seigneur, par tous ces paffages Macaire d'Antioche, Etienne fon difciple, Pierre Evêque de Nicomedie, & Salomon de Clanée n'ont encore rien montré, touchant l'unique volonté & l'unique operation. Ils ont même tronqué ces paffages qu'ils ont produits car ils ont mis ce qui regarde la volonté unique de la Trinité, l'appliquant à l'Incar

nation:

nation : & ils ont retranché ce qui convient au

fujet & regarde proprement l'Incarnation. C'eft AN. 681. pourquoi nous fupplions vôtre majefté, que l'on Fevr. apporte du palais patriarcal de cette ville les livres originaux, d'où font tirez les paffages qu'ils ont produits, pour les collationner; & nous prouverons l'illufion. De plus nous avons en main un volume contenant plufieurs paffages des Peres, qui prouvent clairement les deux volontez, & les deux operations; & plufieurs paffages des heretiques, qui foûtiennent une volonté, comme Macaire & les fiens. Nous vous demandons qu'ils foient lus. L'Empereur remit le tout à la prochaine feffion.

, nous nous contentons

X V.

Septiéme

feffion.

Ce fut la feptiéme tenue le lendemain treiziéme de Fevrier. Le recueil des paffages des Peres & des heretiques produits par les Legats du Pape fut lu tout entier par Etienne Prêtre & Moi- p. 724. C. ne, qui étoit de leur fuite. L'Empereur leur demanda s'ils avoient d'autres paffages à produire. Ils répondirent: Quoique nous puiffions en rapporter beaucoup d'autres de ceux-ci, pour ne vous pas ennuyer. Mais Anaft. in nous vous fupplions, que l'on demande aux Ar- Agath. v. Combef..pro chevêques George & Macaire, s'ils conviennent act. fyn. de tout le contenu dans les deux lettres du Pape §. 2, Agathon, & de fon concile. George & Macaire demanderent copie de ces lettres, pour verifier les paffages fur ceux de la bibliotheque de C. P.. avant que de faire réponse. Ce que l'Empereur leur accorda, & ordonna que le recueil des paffages produit par les Romains feroit fcellé comme ceux de Macaire, tant de la part des magiftrats, que des deux partis : ce qui fut fait.

XVI. Huitiéme

La huitiéme feffion fut tenuë trois femaines après, favoir le feptiéme jour de Mars, indi- feffion. ction neuviéme, l'an 681. L'Empereur demanda à George de C.P. à Macaire d'Antioche, & aux p. 729. Evê

B 3.

Evêques de leur dépendance, s'ils convenoient Mars681. du fens des deux lettres du Pape Agathon, & de fon concile. Le patriarche George répondit : Seigneur, les aiant luës, & aiant examiné les livres qui font chez moi dans la bibliotheque patriarcale, j'ai trouvé tous les paffages des Peres qui y font raportez conformes, fans aucune difference. Je m'y accorde: Je le confeffe : & je le croi ainfi. Theodore Evêque d'Ephefe dit: Seigneur, je confeffe, & je croi comme il eft contenu en ces deux lettres, qu'il y a deux natures, deux volontez, & deux operations en P.732. JESUS-CHRIST. Sifinnius d'Heraclée en Thrace, George de Cyzique, Jean de Calcedoine, Sifinnius d'Hieraple en Phrygie, George de ByP.733 zie en Thrace, Gregoire de Mitylene, André de Methymne, Sergius de Selymbrie, Domitius de Prufiade, & Genés d'Anaftafiople, en dirent autant.

8.736.

:

Mais Theodore Evêque de Melitine en Armenie s'avança au milieu de l'affemblée, & dit: Seigneur, je fuis un homme ruftique, & je demande qu'on life ce papier. Jean fecretaire de l'Empereur en fit la lecture. Il contenoit en fubftance Les Peres dont les deux partis raportent les paffages, ont paru avant le cinquiéme concile; & toutefois aucun des quatre conciles, ni le cinquiéme, n'a ordonné de rien enfeigner touchant l'incarnation, finon deux natures en une perfonne. Et nous demandons à vôtre majefté, qui a tant de zele pour l'union des Eglifes, de ne point permettre que l'on paffe les bornes de nos peres, ni que l'on accufe aucun des morts foit qu'il ait enfeigné une operation & une volonté, ou deux operations & deux volontez, à moins qu'il ne foit du nombre des heretiques condamnez par les conciles.

L'Empereur ordonna à Theodore de declarer

, no

ceux qui avoient fait avec lui cet écrit. Il nomma Pierre Evêque de Nicomedie, Salomon de Mars681. Clanée, Antoine d'Hypepe, & quelques-uns du confeil du patriarche de C. P.; favoir, George Diacre & garde-chartes, Anastase Diacre taire & défenfeur des vaiffeaux, Etienne & Denis, tous deux Diacres & Chanceliers, Anaftafe Prêtre & Moine; & enfin Etienne Prêtre & Moine; difciple du patriarche d'Antioche. L'Empereur lui demanda encore: Qui vous a donné ce papier que vous avez prefenté? Theodore de Melitine répondit : C'eft cet Abbé Etienne. Et il le montra debout derriere le fiege où étoit affis Macaire d'Antioche.

On paffa outre à recevoir les fuffrages des Evêques de la dépendance de C. P., & George Evêque de Camuliane dit: Je reçois, Seigneur, les deux lettres du Pape Agathon, je m'y conforme, je croi & je confeffe deux volontez naturelles & deux operations. Platon de Cinna & Theodore de Veriffe en dirent autant, & après que ces quatorze eurent fait leur declaration en particulier, tous les autres Evêques dépendans de C. P. s'écrierent qu'ils étoient du même sentiment, qu'ils croioient deux volontez & deux operations, & anathematiserent ceux qui n'en p.737. admettoient qu'une.

Alors on revint à Theodore de Melitine, & on lui ordonna de fe lever, & de paroître au milieu de l'affemblée, avec les Evêques & les Clercs qu'il avoit nommez, comme étant de fon fentiment. Tous le defavouerent, hormis Etienne difciple de Macaire, & dirent: Il nous impose une fauffeté : l'écrit qu'il a presenté a été fait à nôtre infçu, & nous fommes prêts à confeffer la foi orthodoxe. Toutefois on declara que l'écrit de Theodore donnoit un foupçon contre eux; & que pour s'en purger, ils donneroient

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en

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