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de facilité, que ces maifons n'étoient 1546. que des trous en terre, couverts de quelques appentis de paille ou de chaume. Je logeai pendant quelque tems dans celle du Capitaine Villefranche que je croyois plus faine que les autres, & fon frere avec deux de fes fils qui tous les trois paroiffoient fe très-bien porter, moururent la même nuit dans la chambre où j'étois couché. La mortalité augmenta au point que de vingt Enfeignes à peine en rechapa-t-il huit à neuf cens hommes; mais ce que l'on ne pourra affez admirer, c'est que le foldat fupérieur par fa patience & fon courage à tous les maux qu'il avoit à endurer, n'abandonna jamais d'un feul moment la garde de la place.

eft ravirail

lée.

On étoit venu à bout d'en rafraîCette place chir la garnifon, & la pefte ne faifoit plus tant de ravage: mais il falloit remedier à la difette des vivres qui commençoit à fe faire fentir. Le Capitaine Senerpont, Lieutenant du Maréchal de Biez fe chargea de conduire le convoi, & étant parti de Montreuil le jour de Pâques, accompagné de foixante hommes d'ar

mes,

mes, il arrivale lundi matin aufort. En paffant près du Pont de Briques au- 1546. deffous du Mont Saint-Etienne, il rencontra trois cens chevaux Anglois qui s'étoient poftés dans cet endroit à deffein de lui difputer le paffage; il les attaqua, les diffipa & conduifit fon convoi au Fort, avec perte feulement de deux hommes d'armes, & de trois archers qui furent faits prifonniers.

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L'allarme ayant été donné à Boulogne, les Anglois au nombre de fept cens chevaux & de quatre cens Arquebufiers à pied fortirent de la place, pafferent la riviere, & vinrent fe mettre en embuscade dans le village de Danes entre Eftappes & le Fort. La cavalerie ennemie fe partagea en trois troupes, dont l'une fe jetta fur les aîles pour charger nos gens en flanc. Le brave Senerpont fans s'embarrasser du nombre', attaqua cette cavalerie avant qu'elle eût été jointe par les Arquebufiers, & fecondé par le colonel Tais & le Comte Reingrave, que le Maréchal qui marchoit avec le refte de l'armée, avoit envoyé devant avec une petite troupe de Gentilhommes, Tome VI.

F

il mit l'ennemi en déroute, après un 1546. affez rude combat. Le Reingrave fut bleffé, & le Maréchal de Čalais tué fur la place avec environ fixvingt cavaliers, & il n'en demeura gueres moins du côté des François. Senerpont ayant forcé le paffage revint joindre le Maréchal, amenant avec lui foixante & quinze prisonniers, tous vêtus de cafaques de velours chamarrés d'or & d'argent.

Le Maré

voi.

Trois femaines après cette prechal de Bier miere action, le Maréchal fit apy méne un fecond con- prêter un fecond convoi, & voulut lui-même le conduire. Il ne prit avec lui que cinquante lances de fa compagnie & cinquante arquebufiers, commandés par les Capitaines Breuil & Efcarbouillat, avec l'Infanterie du Reingrave, qui montoit à quatre mille Allemans. Le Maré, chal rencontra Milord Sorel, accompagné de fix mille Anglois qui l'attendoit au paffage de Saint-Etienne. Malgré l'inégalité du nombre le Maréchal qui voyoit qu'en recu, lant, il s'expofoit à perdre fon convoi, réfolut de marcher droit à l'ennemi. Le combat fut long & furieux; mais enfin les Anglois plierent & fe

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retirerent fous un petit Fort, où ils furent encore attaqués & forcés. 1546. Leur Général fut obligé de prendre la fuite avec perte de fept à huit cens de ses meilleurs foldats qui demeurerent fur la place, & de près de deux cens qui furent faits prifonniers.

Ces mauvais fuccés déconcerterent un peu Henri VIII, qui fe voyoit obligé à faire de groffes depenfes pour conferver Boulogne (a), que

(a) Selon Rapin Thoyras, la derniere guerre de l'Angleterre contre la France, avoit coûté à Henri s86718 livres fterling, & la garde de Boulogne pour huit ans, montoit à 755833 livres fterling. Une fi grande avance dont il ne pouvoir être remboursé que dans huit ans, avoit épuifé tout ce que le Parlement lui avoit donné pour cette guerre, & ce qu'il avoit retiré des Chapelles, des Colleges & des Hôpitaux. Je crois ce calcul fort jufte; mais ce qui eft très-faux, eft ce qu'ajoute le même Ecrivain, fçavoir que l'Amiral d'Annebaut entama une négociation fur le fait de la Religion, & que les deux Rois avoient quelque deffein d'abolir la Meffe dans leurs Etats. L'exécution de Cabrieres & de Merindol, & celle qui fe fit deux ans après à Meaux, ou quatorze Hérétiques furent brûlés, plufieurs fouettés & d'autres bannis, démentent ce qu'avance l'Hiftorien Anglois,

Paix conclue

la France vouloit à quelque prix que 1546. ce fût lui enlever. D'ailleurs il confideroit qu'il ne pouvoit plus compter fur le fecours de l'Empereur fon Allié, qui n'avoit en vûe que fon intérêt particulier : ce furent là les motifs qui lui firent tourner fes vues vers la paix. Le Roi toujours plus perfuadé des mauvaifes intentions de l'Empereur, furtout depuis la réponse que ce Prince avoit faite à un Ambassadeur de France, accepta volontiers la propofition que Henri lui fit, de mettre leurs différens en négociation. L'Amiral d'Annebaut, & le Sieur avec PAn- Raimond Premier Préfident du Pargleterre. lement de Rouen, furent nommés Plénipotentiaires par Sa Majefté, & Milord Dudelei Amiral d'Angleterre, qui fut depuis Duc de Nortumberland, fut revêtu de la même qualité par Henri VIII. Les conférences fe tinrent fur les Frontières de Picardie, entre Ardres & Guifnes. Comme les deux partis défiroient également la paix, elle fut bientôt conclue. Il fut convenu que le Roi de France payeroit durant huit années à Henri VIII. cent mille Ecus par an, tant pour les arrérages d'une penfion qu'il préten

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