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doit lui être due, que pour la dépense des nouvelles fortifications de Bou- 1546. logne & des environs; & que les Anglois en recevant le dernier payement, remettroient de bonne foi entre les mains des François, Boulogne & les autres places du Boulonnois dont ils étoienten poffeffion : entr'aula Tour d'Ordre, Ambleteuille, & Blanquenai, dans l'état qu'elles étoient, avec l'artillerie & toutes les munitions de guerre & de bouche qui s'y trouvoient. Ces conventions étant faites, elles furent peu de jours aprè ratifiées par les deux Rois; l'Amiral. d'Annebaut étant paffé en Angleterre, & Milord Dudelei en France.

1447.

guyen

Au commencement de Fevrier de l'année 1547. La France fit une perte Mot du confidérable dans la perfonne du Comte d'An Comte d'Anguien, qui s'étoit couvert d'une gloire immortelle à la fameufe bataille de Cerifole qu'il avoit gagneé à l'âge de vingt-trois ans. L'éloge le plus grand que l'on puiffe faire de ce jeune Prince, eft de dire que les Ennemis mêmes de la France ne purent lui refufer leur eftime; & qu'il fut toujours tendrement cheri des troupes dont le

commandement lui fut confié. Les 1547. jeunes Seigneurs attachés à la perfonne de Monfieur le Dauphin, s'étant divifés en deux troupes s'amuferent à faire une efpéce de fiége; les uns fe renfermerent dans une maifon, & les autres furent destinés à l'attaquer;& il fut convenu que pour toutes armes, ils n'employeroient que des pelotes de neige. Le Comte d'Anguien étant malheureufement forti de cette maifon durant le combat, un jeune étourdi jetta par la fe nêtre un coffre, qui tomba fur la tête du Prince, & lui fit une bleffure dont il mourût peu de jours après. (a)

Le Roi va vifiter fes frontières.

Cependant le Roi toujours en dé fiance contre l'Empereur, & inquiet fur le fuccés qu'auroit la Guerre que ce Prince avoit entreprise contre les Princes Proteftans, réfolut de vifiter fes frontiéres de Champagne & de

(a) Selon l'illuftre Auteur du nouvel "Abregé Chronologique de l'hiftoire de France, on foupçonna de ce coup le Seigneur Corneille Bentivoglio Italien, qui avoit ea quelques démêlés avec ce Prince. François L ne voulut pas qu'on pourfuivit cette affaire, de peur d'y voir impliqués le Dauphin Henri, & le Marquis d'Aumale de la maifon de Lorraine.

Bourgogne, pour voir les fortifications qu'il y avoit ordonnées,& com- 1547. mença par la ville de Bourg en Breffe;il continua par Chalons fur Saone, par Seure que l'on commençoit à fortifier, par Beaune, par Dijon ; puis prenant la route de Champagne,ilalla à Langres où il s'arrêta pendant que l'Amiral alla vifiter Coeffy & Montigny-le-Roi. Annebaut étant revenu trouver Sa Majesté à Chaumont, elle alla à Ligni, à Saint Dizier, & dans quelques autres places du Barois; & vint paffer la Fête de la Touffains à Joinville, après avoir vû à Bar-le-duc Madame la Ducheffe de Lorraine.La Cour fe rendit enfuite à Vitri-le François, place fituée fur la riviére de Marne à une lieüe de Vitri en Perthois, que l'on crut devoir abandonner à caufe de trois ou quatre montagnes dont cette ville eft commandée. François I. vifita auffi les nouveaux ouvrages commencés par fes ordres, àSainte Menehoult, à Ville-Franche, à Mouzon, à Meziére, à Maubert-Fontaine, & à Mont-Cornet en Ardenne, où Sa Majefté paffa pour aller en pelerinage à Notre-Dame de Lieffe, & pour fe retirer en

fuite dans le Château de Folembrai, 1547. d'où elle partit pour Compiegne. Le Roi, après avoir demeuré près de la mort d. d'un mois dans cette maifon de plaienti Vill, fance, fe retira à Saint Germain en

Il apprend la nouvelle

Laye; & ce fut là qu'il recut la nouvelle de la mort de Henri VIII. Roi d'Angleterre (a), qui laiffoit pour héritier un Prince feulement âgé de huit ans. La nouvelle de cette mort affligea le Roi fenfiblement, parce qu'il efperoit que Henri mécontent de l'Empereur, qui l'avoit abandonné, fe lieroit plus étroitement que jamais avec la France. Mais d'autres

(b) Il mourut le vingt-huitième Décembre de l'année 1547. Ce fut un Prince, dit Monfieur de Thou, comblé de tous les dons de la Nature, & en qui il n'y auroit rien eu à defirer, s'il eut été plus modéré dans les plaifirs. Sur la fin de fa vie, il devint fi gras & fi péfant, qu'à peine pouvoit-il paffer pat les portes & monter les dégrés de fon logis, mais étant affis dans une chaife on le tiroit en haut avec des poulies. Il mourut d'une fiévre que lui caufa l'infiammation d'un chancre qu'il avoit à la cuiffe. François I. lui fit faire un service à Notre-Dame, fuivant l'ufage établi par les Rois, quoiqu'il fut mort feparé de l'Eglife Romaine, & ce fut pour cette même raifon que fa fille Maric défendit qu'on priât Dieu pour lui.

confiderations qui n'avoient pas leur leur fource dans la politique, augmen- 1547 toient le chagrin de François I, & ceux qui l'approchoient de plus près s'apperçurent qu'il devenoit chaque jours plus penfif. Il étoit à peu près de même âge & de même complexion que Henri; & un preffentiment fecret ou peut-être les infirmités qui l'accabloient, l'avertiffoient qu'il fuivroit ce Prince de près. Cependant comme il craignoit que fi l'Empereur venoit à bout de diffiper la ligue de Smalchalde,il ne tournât tou. tes fes forces contre la France, il envoya Langei avec Plancy, Maître des Requêtes,& leSieur de Boran en Champagne, & leur donna près de deux cent mille livres pour hâter les fortifications qu'il avoit ordonnées; mais il ne les vit pas achevées.

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Au commencement de Février il tombe fut pris d'une Fiévre lente qu'il efpé- malade, ra pouvoir furmonter par l'exercice de la chaffe, & alla pour cet effet à la Muette, maifon à deux lieuës de Saint Germain, qu'il avoit fait conftruire depuis peu de tems: quelque agréable qu'elle fût, il n'y demeura que fept à huit jours, &

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