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mes de la compagnie du Comte 1544. d'Anguyen, avec les Chevaux-légers de Maure, de Novate, d'AufJun, & de Vimercat ; & notre Are tillerie ne confiftoit qu'en quatre canons, encore fumes nous contraints d'en laiffer deux en chemin faute de Pioniers, & il fallut que le Comte de Befne fe chargeât de faire mener les deux autres à fes dépens, tant nous étions dépourvûs d'argent; & j'avois été moi-même obligé d'emprunter trente mille écus à Turin, pour arrêter les Suiffes qui menaçoient de nous quitter, lorfque nous étions campés devant Carignan.

Dès le lenedmain matin de notre arrivée,nous batimes avec nos deux canons la porte qui eft vis-à-vis de la montagne, au de-là du Tanaro, & l'on fit une brêche d'environ dix pieds. Chiappin, Gouverneur de la place, voyant que les Italiens d'un côté fe difpofoient à dreffer leurs échelles, & que de l'autre les François avec les Suiffes fe préparoient à monter à l'affaut, capitula,& fe contenta de la liberté qu'on lui laiffa de se retirer avec fa garnison (e). La (e) Selon Paul Jove toute la gloire de cerre

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lâcheté de ce Gouverneur étoit d'au-
tant moins pardonnable,que le Mar- 1544
quis du Guaft étoit en chemin pour
le fecourir, & que les Coureurs de
la cavalerie Impériale étoient déja
aux prifes avec notre Guet à cheval.
D'Auffun leur fit quelques prifon-
niers, & les obligea de fe retirer
plus vite qu'ils n'étoient venus. Le
Marquis informé de la reddition
d'Albe, reprit avec fon armée le
-chemin d'Aft. Le Comte d'Anguyen
après avoir pourvû à la fureté de fa
nouvelle conquête par une garnifon
de deux mille Italiens, fous les or-
dres de Corneille Bentivoglio, fou-
mit la plupart des Châteaux du pays
des Langues, & ramena enfuite fes
troupes à Carmagnole.

Peu de tems après qu il y fut arri- Sufpenfion vé, le marquis du Guaft lui dépê- d'armes pour cha le Gouverneur d'Alexandrie,

pour traiter d'une fufpenfion d'ar-mcs, en attendant que leurs Maîtres leur euffent fait fçavoir leurs intentions. Les deux Puiffances qui avoient toutes leurs forces affem

expédition fut due au Strozzi,&cet Ecrivain 'ne fait pas feulement au Comte d'Anguien 'honneur de le nommer.

l'Italie.

blées en Picardie & en Champagne, 1544 où étoit le théâtre de la guerre confentirent à une trêve de trois mois pour toute l'Italie.

Siége de Saint Difier

ziaux.

L'Empereur après avoir laiffé une

par les impe- bonne garnifon dans le château de Ligny, qui étoit le chemin par où lui venoient les vivres, qu'il tiroit de Mets & de Lorraine arriva devant Saint-Difier le huitieme de Juillet. Le Comte de Sancerre qui en étoit Gouverneur avoit fait fortir de la place Teligni, Guidon de fa compagnie, avec cinq cent chevaux pour aller prendre langue; ce fut par les prifonniers qu'ils firent, que l'on apprit que l'armée ennemie s'approchoit de Saint-Difier pour en faire le fiége. Sancerre fur cet avis fit couper les digues de quelques étangs, & par cette inondation, il empêcha du moins pour quelque tems qu'on n'attaquât la ville par cet endroit-là, qui étoit le plus foible;ainfi les Impériaux firent leurs approches entre les moulins, & la porte par où l'on va à Vitri en Pertois. Cette place n'avoit point été réparée, & n'étoit défendue que par un petit château fitué fur le haut d'une Montagne :

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au milieu de la ville coule la ri-
viere d'Orne, qui après avoir paffé 1544.
à Ligni, & à Bar-le-Duc, va fe jet-
ter dans la Marne au deffous de Vi-
tri. Monfieur le Dauphin qui affem-
bloit fon armée en Champagne,
donna ordre à Briffac, Colonel de
la Cavalerie légére, d'aller fe jet-
ter dans cette place, qui fe trou-
ve à mi-chemin de Châlons & de
Saint-Difier, avec deux mille hom-
mes de pied François & Italiens
pour couper les vivres aux Impé-
riaux, & les tenir dans la crainte
d'être attaqués lorfqu'ils voudroient
monter à l'affaut.

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nent Vit

Briffac, toujours actif & vigilant, Ils prem s'acquitta fi bien de la commiffion dont il étoit chargé, qu'il reduifit en peu de jours les affiegeans à une telle néceffité qu'ils fe virent obligés de détacher une partie de leurs forces pour fe délivrer d'un fi fâcheux voifin. François d'Eft frere du Duc de Ferrare avec fa Cavalerie légére, Le Duc Maurice de Saxe accompagné de douze cens Cavaliers Allemans, & le Comte Guillaume de Furftemberg, avec huit à dix mille Lanfquenets, &

quelque artillerie, eurent ordre d'ai 1544. ler enlever le Colonel François ; & pour cet effet la Cavalerie Impériale alla paffer la riviere de Marne à Changy, village à une lieue au deffous de Vitri pour fe trouver fur le chemin de Châlons, afin de couper les François s'ils vouloient fe refugier dans cette derniere place, & Le Comte de Furftemberg avec l'Infanterie Allemande, & l'artillerie marcha droit à Vitri: mais le jour parut avant que la Cavalerie fut arrivée à Changy, & elle trouva là un obftacle auquel elle ne s'attendoit pas. Marville Lieutenant de Langei, qui étoit alors en Piémont, gardoit ce pofte avec vingt chevaux. Dès qu'il eut apperçu les coureurs du détachement ennemi qui étoient venu reconnoître le paffage, il alla avec fa troupe fe pofter à la tête du pont, & fit avertir la Mothe Gondrin, qui commandoit deux cens chevaux-légers, de repaffer l'eau, & de venir promptement à fon fecours; Gondrin ne manqua pas de joindre Marville; mais l'un & l'autre furent obligés de fe retirer vers Vitri en combattant tou

jours

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