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les Impériaux

font repoul

faut le plus obftiné qu'on eût va 1544. de mémoire d'homme, & qui dura Aflaut ou depuis les neuf heures du matin jufqu'à quatre heures du foir. Les Effés. pagnols qui craignoient que les Allemans ne leur dérobaffent la gloire de faire la premiere attaque, monterent à la brêche fans être commandés au nombre de dix-huit Enfeignes, & combattirent pendant plus d'une heure avec autant de bravoure que d'intrépidité. Neuf à dix mille Lanfquenets eurent ordre d'aller les foutenir, & ces troupes ne fuffifant pas, on leur envoya de nouveaux fecours. Le dernier étoit compofé de huit Enfeignes d'Allemans, qui portoient avec eux quantité de caques de poudre,& de feux d'artifices; trois fois les ennemis revinrent à la charge, & ils furent autant de fois repouffés. Ils perdirent huit cens hommes fans les bleffés, qui étoient en plus grand nombre. Leur retraite se fit avec tant de précipitation, qu'ils laifferent dans les foffés plufieurs barils de poudre, ce qui vint d'autant plus à propos aux affiégés, qu'ils appréhendoient de n'en pas avoir affez. Nous ne perdimes que trente

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quarante tant Gendarmes qu'Archers, & environ deux cens Fan- 15.44. taffins. Le Comte de Sancerre fut bleffé au vifage des éclats de fon épée, qu'une volée de canon lui caffa dans la main.

L'Empereur ne doutant pas que le Gouverneur après avoir fi bien fait fon devoir,n'acceptât volontiers une compofition honorable, lui envoya un trompette pour la lui offrir; & non-feulement il la refusa; mais il ne voulut pas permettre que le trompette entrât dans la place, de crainte que la garnison ne rabattît un peu de la bonne volonté qu'el le avoit témoignée depuis le commencement du fiége.

Pendant toute la nuit on travailla à réparer la brêche, ce qui fut exécuté avec tant de promptitude, & un fi heureux fuccès, que le lendemain elle étoit moins aifée à infulter que devant l'affaut ; ce qui fit prendre aux affiégeans le parti d'avoir recours aux mines. Ils commencerent par le boulevard de la Victoire, & éleverent du côté de la brêche une platte-forme de dix-huit gabions de front, fur lefquels ils fe propofoient

d'en placer d'autres, jufqu'à ce qu'ils 1544. fuffent à la hauteur de la brêche. Ceux qui étoient employés à la fappe, trouverent une fource qui les empêchâ de paffer outre. Les affiégés s'étant apperçus que l'eau fortoit en abondance des tranchées, foupçonnerent quel étoit le deffein des ennemis. Liguieres, Gentilhomme Picard, pour mieux s'en éclaircir fortit de la place pendant la nuit avec un petit nombre de foldats déterminés, obligea les Espagnols d'abandonner les tranchées qu'il parcourut d'un bout à l'autre, tailla en piéces tout ce qui s'y trouva, ruina tous les travaux & rentra avec quelques Pionniers aufquels il ne fit quartier, que parce qu'il vou. loit qu'ils l'inftruififfent de tout ce qui fe paffoit dans le camp ennemi.

Cependant le Duc d'Aumale, fils aîné du Duc de Guife, qui comme nous l'avons dit s'étoit jetté dans Stenai, avec cent cinquante hommes d'armes, & quelque Infanterie, à deffein de défendre cette place fi l'Empereur venoit l'attaquer, ne ceffoit d'incommoder le camp Impérial par de fréquentes courfes, &

fouvent il lui arrivoit d'enlever aux ennemis les convois qui venoient du côté de Bar-le-Duc.

1544.

fon rend les

Saint Dizier.

Environ dix-huit jours après le fa- Une trahimeux fiége dont nous avons parlé, Impériaux un tambour que le Comte de San-maitres de cerre avoit envoyé au camp pour l'échange de quelques prifonniers,fut abordé ens'en retournant dans la place par un inconnu, qui lui mit fubtilement en main une lettre en chiffre qu'il lui dit être du Duc de Guise & qui étoit addreffée au Gouverneur. Cette lettre fut ouverte & déchiffrée en plein Confeil, & l'on trouva que c'étoit un ordre formel au Gouverneur de capituler au plutôt & de fauver la garnifon, parce que l'on étoit hors d'état de la fecourir. Cette lettre, l'ouvrage du Chancelier Granvelle , qui avoit trouvé le moyen d'intercepter le chiffre du Duc de Guife, produifit l'effet que les Impériaux s'en promettoient (a); quelques uns des

(a) Quelques-uns difent que ce fut la Ducheffe d'Etampes qui envoya le chriffre du Duc de Guife à l'Empereur, & qu'elle fe fervit du Comte de Longueval pour le lui faire remettre entre les mains. C'est ce que

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principaux Officiers de la garnifon, 1544 furent cependant d'avis qu'il n'y falloit avoir aucun égard, mais le plus grand nombre fut d'un fentiment contraire: ils repréfenterent que les vivres commençoient à manquer dans la place; qu'à peine y avoit-il affez de poudre pour foutenir un fecond affaut, & que c'étoit pour eux une gloire affez grande d'avoir arrêté pendant fix femaines devant une mauvaite place, le plus grand Empereur qui eût été depuis Charlemagne, accompagné des principales forces de la Chrétienté; & qu'enfin ils penfoient que l'on ne devoit pas héfiter d'envoyer demander un fauf-conduit à l'Empereur pour lui députer quelqu'un afin de capituler. Le Comte de Sancerre ayant obtenu ce fauf-conduit, envoya la Chategneraie fón Lieutenant à Gonzague, qui fit d'abord le difficile, & feignit de ne vouloir recevoir les affiégés qu'à difcrétion. La Chategneraie indigné qu'on ofât lui propofer des condi

nous apprend Beaucaire. Alii notarum interpretationem ab Annepifeleva Longovaltii opera ad Cæfarem miffam exiftimarunt,

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