Tous appellez à ung meime pourpris,
Et rachaptez tous d'ung femblable pris,
Adminiftrez de mefmes Sacremens,
Inftituez de pareilz documens,

Et tous branflans foubz une enfeigne mesme
Participans d'une foy & baptefine:

Bien vous monftrez que toutes bonnes
loix,

Quand Mars domine, hélas, perdent leur
voix,

Et ne fçauroit la raifon eftre ouye
Pour le grand bruy&t que fait l'artillerie :
Bien vous montrez que grande feureté
Ne gift en force, ains en fidelité.

Bien vous monftrez eftre par (a) vous (a) vos

vertuz

L'amour du monde, ainfi que fut Titus.
D'ung patient la griefve maladie
Du Medecin anoblift la industrie,
Auffi de Mars les exploiêz dangereux
Rendent le fruit de paix plus favoureux,
Et d'autant plus vous fommes obligez
Que plus par vous nous fentons allegez,
Comme plus eft haulte voftre louenge
Que plus au bien de vous fubje&z le renge,
Mais la parolle, efcripture & pensée,
Eft par vous faictz d'autant plus furpaffée,
Que ceft trop moins louer en beau langaige,
Le bon ouvrier, que de faire l'ouvraige,
Et dé vouloir telle matiere orner,
Au jour feroit la lumiere donner.

Il me fault donc bien garder que ne touche
Ung or fi fin de ma maulvaife touche:
Vifz voulez plaire, & mortz eftre louez,
Et plus eft vray, tant moins vous l'advouez.
Sur quoy concludz que par proueffe en guerre
Affez pourrez augmenter voftre terre;

Mais par la paix, vous vertuz & mèrites,
Jufques au Ciel efleveront vos limites.

(1) Epigramme de Clement Marot.

OR fut Cæfar qui les Gaules conquist,
Une fois en ce monde honnoré,

Or eft Cæfar qui plus d'honneur acquist
Par les Gaules, maintenant retourné,
Des legions nulles environné

Pour guerroyer, mais d'amour tant qui vive,
Portant armes d'Aigle noir couronné,
Non ayant au poing le glaive, mais l'olyve
François & luy viengnent droict de la rive
Du Loyre à Seyne, affin de Paris veoir :
Et avecque eulx mainent Guerre captive
Que a difcord le fouloit efmouvoir:
L'ung pour au faictz de les pays pourveoir,
Paffe par cy, fans paour ne deffiance;
L'autre de cœur trop hault pour decepvoir
(a) fupp. de Luy donne Loy (a) commander en France.
Si quoy eft a difputer en doubtance
Mais des deux qui plus hault los merite
Ou Cæfar de fa grande confiance,
Ou François de fa large fidelité.
O Roys uniz plus que d'affinité,
Bienheureux eft la gens que n'eft point morte
Sans veoir premiers voftre ferme unité
Que les repoz de tout le monde porte.
Viens donc Cæfar, & une paix apporte
Perpetuelle entre nous & les tiens.
Haulchez Paris, haulchez bien hault ta porte:
Car entrer veult le plus grand des Christiens.
Imprimé a Gand, près l'hoftel de la Ville,
par Joffe Lambert, l'an 1539.

(1) En parcourant l'Edition des Oeuvres de ce Poëte, la Haye 1731. in 12. on n'y a point trouvé cét Epigramme.

(1) L'ORDRE TENU ET GARDE à l'entrée de tres-hault & tres-puiffant Prince Charles Empereur tousjours Augufte, en la Ville de Paris Capitale du Royaulme de France.

L'Ordre du Banquet fait au Palais. L'Ordonnance des Jouftes & Tour

noy faict au Chafteau du Louvre.

La Defcription des Arcz triumphans,' magnificences, theatres & Mifteres faictz en icelle ville, pour la reception dudit seigneur.

Avec Privilege.

M. D. XXXIX;

On les vend au Palais, és boutiques de Gilles Corrozet & Jean Dupré, Libraires.

(1) Copié fur l'Imprimé en lettres gothiques in-12. *ontenant 24 pages fans chiffres, mais avec des fig

natures.

(a) Ce Privi

lege & le bui- (a)

tain, font au

pice.

eft permis à Jehan Dupré, Libraire, de faire imprimer & vendre cefte predos du frontif- fente Entrée, & deffenses font faictes à tous, de non en imprimer ne vendre d'autres finon celles que ledit Suppliant aura faict imprimer; & ce jusques à deux ans, fur peine de confifcation des livres, & d'amende arbitraire. Fait le Dimenche huytiefme jour de Fevrier, mil cinq cens trente neuf.

Signe J. Morin.

Huictain faict de la veille & du
jour que l'Empereur entra à Paris.
LOrfque Paris (Cefar ) il te pleut veoir,
Et que pour toy la Ville eftoit aornée
Ung jour avant il ne feit que plouvoir :
Le lendemain clere fut la journée.
Si tel faveur du Ciel te fut donnée,
Cela, Cefar, n'eft point trop admirable:
Car le Ciel eft comme une destinée,
Tout couftumier de t'eftre favorable.

(1) Ce Huidtain eft de Clement Murot, & il fe trouve avec quelques differences à la page 22 da troifiéme vol. de fes Oeuvres, Edit. de la Haye, 1731. in-12.

L'Ordre tenu à l'Entrée de la facrée Majefté Imperialle, en la Ville de Paris, Capitalle du Royaulme de France.

A PRES que la Sacrée Majesté Imperiale Charles cinquiefme de ce nom, tousjours augufte, eut efté en grand honneur feftoyé par le Roy de France à Fontainebleau, & qu'il eut efté aucuns jours au Chafteau du Boys de Vincennes ou on luy feit toute la bonne chere qu'il eft poffible de faire, le Jeudv premier jour de Janvier, l'an mil cinq cens trente neuf, il partit dudit Chaftel de Vincennes entre huyt & neuf heures du matin, avec le Roy noftre Sire, Meffeigneurs le Daulphin & le Duc d'Orleans fes enfans, les Princes, Seigneurs & Officiers de leurs Hoftelz, & vindrent defcendre à Saint Anthoine des Champs lez Paris, auquel lieu on luy avoit fait dreffer un corps d'Hoftel où eftoit une falle tapiffée de drap d'or & drap d'argent, & aor.