Imágenes de páginas
PDF
EPUB

1544.

Crêpi.

terre, ne le rendît moins traitable. L'article qui paroiffoit fouffrir le plus de difficultés étoit celui du MiÎanès. Le Roi avoit demandé que l'inveftiture de ce Duché fût donnée à Henri fon fecond fils, qui n'étoit alors que Duc d'Orléans; & l'Empereur s'étoit obstiné à ne vouloir l'accorder qu'à Charles Duc d'Angoulême, à qui il vouloit faire épou fer fa fille ou fa niéce. François I. pour les raifons que nous avons dites, avoit constamment rejetté cette offre; mais ces raisons étoient changées, & l'article capital fur lequel on n'avoit pû s'accorder, fut le premier dont on convint.

Traité de Il fut conclu que le Duc d'Orleans épouferoit Marie d'Autriche, fille aînée de l'Empereur, ou la feconde fille du Roi des Romains, & qu'il auroit par ce mariage le Milanès ou les Pays-Bas au choix de l'Empereur. Que fi ce Prince donnoit les Pays-Bas, le Roi renonceroit à toutes les prétentions qu'il pouvoit avoir fur le Royaume de Naples & fur le Duché de Milan. Que le Duc de Savoye feroit remis en poffeffion de fes Etats dès que le Duc d'Or

léans jouiroit du Milanès ou du Comté de Flandres; qu'en atten- 1544. dant l'accompliffement du mariage dont on convenoit, mais qui ne devoit être confommé que dans deux ans, tout ce qui avoit été pris par l'Empereur fur le Roi, & par le Roi fur l'Empereur depuis la trève de Nice, feroit reftitué de part & d'autre (a). En vertu de cette derniere

(1) Il fut de plus convenu, qu'il y auroit garnifon Impériale à Milan & à Cremone & qu'elles y resteroient jufqu'à ce qu'il fût né un Enfant mâle du futur mariage; que le Duc d'Orléans fe contenteroit de l'appanage qui lui feroit donné, s'il n'époufoit que la niéce de l'Empereur; mais que s'il époufoit fa fille, on lui en affigneroit un nouveau formé des Duchés d'Orléans, de Bourbon, d'Angoulême, & de Chatellerault, & même de celui d'Alençon, fi les quatre premiers ne fuffifoient pas pour faire cent mille livres de rente quittes de toute charge. Que fi l'Empereur accordoit fa fille, elle auroit de douaire quarante mille livres de rente, & s'il ne donnoit que fa nièce, elle n'en auroit que trente mille. L'Empereur étoit fort tourmenté de la goutte, lorfque l'Amiral, accompagné d'une fuite nombreuse, vint trouver ce Prince à Bruxelles pour lui faire figner ce Traité. Il dit à l'Amiral, en prenant la plume, qu'il le prioit de remar quer par ce qu'il voyoit, fi on pouvoit douter qu'il ne tint ce qu'il promettoit par ces

convention, on rendit au Roi Saint 1544 Dizier, Ligni, Commerci, & on reftitua à l'Empereur Yvoy, Montmedi & Landreci. Stenai, dont les fortifications furent rafées fut remis entre les mains du Duc de Lorraine. Le Roi facrifia prefque toutes les conquêtes qu'il avoit faites en Italie, Mondovi fut la feule place dont il rentra en poffeffion ; & il céda Albe, Quieras, Antignan, Saint Damien, Palefol, Crefcentin, Verrue, Montcalier, Barges, Pontdef ture, Lans, Vigon, Saint Salvador, Saint Germain, avec la Valpergue, & la plus grande partie du pays des

articles de paix, & fi ne pouvant en tems de paix tenir une plume, il feroit en état de fe fervir de l'épée en tems de guerre. Cette paix étant plus avantageufe au Duc d'Orléans qu'à la France, Monfieur le Dauphin fit contre ce traité une proteftation à Fontainebleau le deuxième Décembre, en préfence du Duc de Vendôme, du Comte d'Anguyen, & du Duc d'Aumale, qui foufcrivirent comme témoins à l'acte qui en fut paflé. L'Avocat Général & le Procureur Général du Parlement de Touloufe, gagnés apparemment par les follicitations de Monfieur le Dauphin, firent une pareille proteftation contre le même Traité, le vingtdeuxième de Janvier fuivant.

2

Langues & du Marquifat de Ceve. L'Empereur, après la fignature de 1544. ce traité (a), envoya ordre aux Comtes de Roux & de Bures, qui affiégeoient Montreuil avec une partie de l'armée Angloife, de licentier leurs troupes, & de fe retirer. Mr. le Duc d'Orléans, les Cardinaux de Lorraine & de Meudon, le Comte de Laval, la Hunaudaye fils de l'Amiral, & quelques autres Seigneurs vinrent trouver Sa Majesté Impériale à la Fere & l'accompagnerent à Bruxelles, où ils demeurerent en ôtage en ôtage, jufqu'à ce que les places euffent été reftituées des deux côtés.

J'ai dit que le Cardinal du Bellai, Les Anglais & les fieurs Remond & de l'Aube-preunentBou

(a) Rapin Thoyras, dit que Charles V. conclut ce Traité fans en avoir averti Henri de peur d'en être prévenu. L'Ecrivain Anglois fe trompe, où il lui plaît de déguifer la vérité. L'Empereur avoit envoyé au Roi d'Angleterre l'Evêque d'Arras, pour l'informer des conférences qui fe tenoient à Lachauffée, & Henri avoit temoigné qu'il ne trouveroit pas mauvais que Sa Majesté Impériale fit fa paix particuliere avec la France; mais comment Henri VIII. auroitil pû ignorer les négociations qui avoient été entamées, après l'Ambaffade qui lui

logne.

pine, avoient été envoyés au Roi 1544. d'Angleterre pour traiter de paix. Il n'eft pas douteux que ce Prince ne fe fût prêté aux voyes d'accommodement qu'on avoit à lui propofer, s'il n'eût été affuré que Vervin, Gouverneur de Boulogne,feroit bientôt obligé de capituler. Mais pour amufer le Cardinal & fes Collégues, il leur écrivit de s'arrêter au château de Hardelot, fous prétéxte qu'ils y feroient plus commodément logés que par-tout ailleurs : & cependant il fit battre furieufement la place. Le Capitaine Philippe Corfe, qui feul par fon courage & fon intrépidité, animoit toute la garnifon, ayant été tué fur la brêche, Vervin qui ne s'étoit foutenu que par les Confeils de ce brave homme , ne fongea plus qu'à entrer en compofition. Saint Blimont, Porte-Enfeigne du Maréchal de Biès & Framefelles tous deux Commiffaires de guerre, furent députés au Roi d'Angleterre pour convenir des articles de la capitulation. Ils obtinrent avoit été envoyée, & qui étoit compofée du Cardinal du Bellai, du Préfident Remond, & du fieur de l'Aubespine. Sécretaire d'Etat.

« AnteriorContinuar »