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que

de Montreuil & d'Hedin, qui étoient 1544 les feules places qui puffent fe défendre. Henri, perfuadé que la conquête de quelques-unes de ces places ne l'arrêteroit pas long-tems, fufpendit fa marche vers Paris, & deftina le Duc de Nortfolk avec les Comtes de Roux & de Bures à faire le fiége de Montreuil, & huit à dix jours après il fit lui-même en perfonne celui de Boulogne. Le Maréchal de Biez qui en étoit Gouverneur, & qui en l'abfence du Duc de Vendôme commandoit en Picardie voyant les Ennemis marchoient à Montreuil, entreprit de l'aller défendre & il y fit entrer la compagnie de cent hommes d'armes du Connétable commandée par la Guiche fon Lieutenant, quatre Enfeignes de gens de pied François fous les ordres de Genlis, & deux mille Italiens, commandés par le Comte de Beranger & par le Capitaine Francifque de Chiaramont tous deux Napolitains. Vervein, Officier peu expérimenté & gendre du Maréchal, fut laiffé à Boulogne pour y commander. On lui affocia Lignon & Renti qui n'avoient gueres plus d'expérience que lui, &

qui commandoient chacun cinq cens hommes de pied. Les autres Officiers 1544. 'étoient le Capitaine Philipe Corfe, homme d'un grand mérite, & Saint Blimont qui avoit le commandement de cinquante hommes d'armes de la compagnie de Biez. Rochepot fe jetta avec la fienne dans Ardres qu'il trouva fort mal pourvue de munitions de guerre & de bouche; mais par fes foins il eut bientôt remédié à cet inconvénient.

par les Im

Cependant l'Empereur qui affem- Prife de bloit fon armée à Spire, apprit avec Luxembourg joye que le Comte d'Anguien, re- périaux. tenu par les ordres de la Cour, ne fongeoit plus à conquérir le Milanès; entreprise qui auroit obligé l'Empereur de laiffer la France tranquille pour marcher au fecours de l'Italie. Affuré que les François n'en vouloient pas au Milanès, il envoya le Comte Guillaume de Furftemberg affiéger Luxembourg. Le Vicomte d'Eftauges, de la maifon d'Anglure qui en étoit Gouverneur, ne capitula que lorfque les vivres commencerent à manquer abfolument dans la place. L'armée Impériale alla enfuite faire le fiége de Commerci, Château fitué

Ils prennent

fur la Meufe à fix lieues au deffus 1544. de Ligni, & à trois de Vaucouleurs; quoiqu'il s'en fallut bien que cette Commerci & place ne fût en état de tenir contre Ligni. une armée, elle ne fe rendit cependant qu'après qu'on eut fait brêche à une groffe tour où étoient les munitions de guerre.

Le troifiéme fiége que firent les Impériaux, fut celui de Ligni en Barrois, où le Comte de Brienne qui en étoit Seigneur, s'étoit enfermé avec le Comte de Rouffi fon frere, les fieurs d'Efchenais & de Goufoles, &plufieurs autres Capitaines,quinze cens hommes de pied, & environ 'cent hommes d'armes. La place étant commandée par deux ou trois montagnes qui l'environnent, les brêches furent telles en peu de tems, que les affiégés n'eurent point d'autre parti à prendre que celui de capituler; mais pendant qu'on regloit les articles, les Efpagnols fe coulerent dans la Ville par la porte de Secours, & firent la garnifon prifonniere de guerre (a). Je ne fçais fi ce fut Bre

(a) L'Auteur des Annales de France a'eu tort de dire que cette Place n'oppofa aucune réfiftance; elle fe défendit, mais foiblement.

teville, Lieutenant du Comte de Brienne, qui étant forti le premier 1544. par cette porte pour capituler, n'eût pas foin de la faire garder; les chefs rejetterent cette négligence les uns fur les autres; mais le fait eft qu'il leur auroit été difficile de fe difculper. Ils avoient promis de défendre cette place, & peut-être ne l'avoient-ils promis que parce qu'ils fe croyoient affurés que l'Empereur ne viendroit pas l'attaquer. Quoiqu'il en foit, il faut convenir que bien que cette place ne fut gueres plus en état de fe défendre, que Commercy, la garnifon en étant beaucoup plus forte, il femble que ceux qui y commandoient, auroient dû opposer plus de réfiftance, & ne se rendre qu'à des conditions honora bles.

Selon Paradin les Officiers qui commandoient dans Ligny joignirent la trahison à la lâcheté ; la raifon fur laquelle il se fonde est que les Ennemis ayant fommé la garnifon de Saint Difier de fe rendre, on leur répondit, que s'ils vouloient avoir la Place, il falloit qu'ils l'emportaffent de vive force, parce qu'il n'y avoit point de traîtres dans la Ville. Refponfum virtuti, non proditioni locum effe. Quod in Ligniacenfes præfidiarios, regiæ caufa prævaricatores, oblique dictum videri potuit.

De promptes conquêtes faites 1544 par les ennemis, accelererent la marche de notre armée compofée de quarante mille hommes de pied; fçavoir de dix mille Suiffes, de fix mille Grifons, d'autant de Lanfquenets, de dix-huit mille François, de deux mille hommes d'armes, & de deux mille Chevaux-légers, & elle devoit être encore renforcée de fix mille fantaffins des Vieilles Bandes Françoifes, & de fix mille Italiens qui venoient de Piémont. Cette armée étoit fous les ordres de Monfieur le Dauphin & du Duc d'Orléans qui avoient pour LieutenantGénéral le Maréchal d'Annebaut.. En attendant que toutes ces forces fuffent réunies, le Roy envoya à Saint Difier Louis de Beuil Comte de Sancerre, qui s'étoit offert à défendre cette place, quoique le rempart en fût très-foible, & que la muraille ne fut point flanquée. Il y entra avec la compagnie de cent Hommes d'Armes du Duc d'Orléans dont il étoir Lieutenant, & deux mille hommes de pied commandés par le Capitaine la Lande & le Vicomte de la Riviere.

CA

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