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ne penetrerent point la malice & l'ingra titude de Morat, ils prirent les deux Maures & les mirent en prifon.

Ces prifonniers protefterent qu'ils étoient innocens; qu'Iffuf de Cafdali, dont Morat fe fervoit pour les accufer, étoit un calomniateur, qui avoit accufé du même crime le Maure Almanzor, qui étoit bon ami des Chevaliers. Iffuf fut appliqué à la queftion, où il foutint ce qu'il avoit. avancé. Ces prifonniers furent conduits à Malte, on examina leur procès. Le Confeil du Grand-Maître découvrit ailément la fourberie de Morat, les prifonniers fu rent mis en liberté, ils furent renvoyez après avoir prêté ferment fur l'Alcoran, qu'ils ne porteroient jamais les armes contre la Religion, ce qu'ils obferverent fidelement dans la fuite.

Adorne prit encore quelques Vaiffeaux Turcs en allant à Tripoli; Errera y étant arrivé, protefta qu'il n'avoit pas affez de revenu pour tenir Auberge pour les Chevaliers de la Garnifon, le Confeil de Malte envoya un Chevalier pour tenir cette Auberge aux dépens du trefor.

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Dragut étoit toûjours en mer l'Empereur demanda les Galeres de la Religion pour les joindre à fa Flotte; les Galeres fe joignirent à Palerme à la Flotte Impe

riale; celles du Pape, de Florence & de Gennes s'y joignirent auffi, & cette Flotte étoit compofée de cent cinquante Galeres, fous le commandement de Doria. Elle brûla quelques Vaiffeaux Maures qu'elle rencontrà vers le Monaftere, & de-là elle prit terre du côté du Monastere. Les habitans de cette Ville découvrirent les Chrétiens, & ils fortirent en armes pour les combattre; cent quarante Chevaliers faifoient l'avant-garde avec quatre cent Soldats, cette avant-garde repouffa les habitans, & les chaffa jufques à la porte de la Ville. Dom Pedro de Tolede commandoit cèt avant-garde, il reçut un renfort d'Italiens, il chargea enfuite les habitans, & les repouffa dans la Ville; l'avant-garde y entra avec les habitans qui fortirent par une autre porte, fe difperferent dans la campagne. La Garnifon de la Place fe retira dans le Château. Les Galeres le battirent du côté de la mer, & l'Armée l'attaqua du côté de la Ville avec une batterie de fept gros canons, qui firent bien toft une bréche affez grande. Les, Chevaliers donnerent l'affaut par cette bréche, la Garnifon combattit pendant une heure, & elle perdit trois cens hommes le reste aban donna le Château, & fuit. la par porte

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XVII.

Prife d'A

frica

de la campagne. Les Chevaliers firent
treize cens efclaves, & n'eurent que foi-
xante foldats bleffez. Ils s'embarquerent,
& enfuite ils allerent aux Connilieres, où
Dom Garcias les joignit avec vingt Ga-
leres, où il paffa en revûë l'Arinée qui
étoit fur la Flotte, il y avoit quatre mille
hommes des alliez & cinq cens de Malte.
Cette Armée vint affieger Africa,qui eft fi.
tuée fur une langue de terre, à trente pas
de la mer, entre Tunis & Tripoli. L'Ar-
mée ouvrit la tranchée devant la Place,
on détacha fous la conduite de Dom Gar-
cias trois cens Fantaflins & cent Cava-

liers pour empêcher les forties de la Vil-
le. Six cens habitans fortirent & vinrent
fe loger fur une colline, Dom Garcias les
en chaffa & les obligea de fe retirer, la
Ville avoit fept Tours du côté où l'Ar-
mée l'attaquoit. On dreffa une batterie
de vingt-trois gros canons, qui battirent
le premier Juillet la Tour du milieu &
la ruinerent, & dans peu de
de temps les
autres Tours furent ouvertes de tous
côtez.

il

Dragut vint au fecours de la Place, débarqua à Sphax, rangea fes Soldats en baraille, & marcha pendant la nuit, & le matin il fe mit en embufcade dans des mafures à un quart de lieuë de la Ville;

il y avoit encore dans cet endroit quelques oliviers qui couvroient fes Soldats. Il envoya un Maure pour avertir la Ville de fortir fur la tranchée, lorfqu'il atta queroit les Chrétiens. Les Confederez furent avertis par un autre Maure, ils détacherent les Efpagnols fous le commandement de Dom Louis de Vergas pour attaquer Dragut.

Les Efpagnols arriverent aux mafures, & mirent en déroute les premiers Turcs qu'ils rencontrerent. Dragut rallia fes Soldats, vint charger les Espagnols, & les obligea de prendre la fuite; les Chevaliers arriverent alors, les Efpagnols fe rallierent & revinrent à la charge, firent fuir les Turcs, & les pourfuivirent julques dans leurs Vaiffeaux.

Les habitans attaquerent en même temps la tranchée qu'on avoit renforcée. Les Soldats de la tranchée les repoufferent & les mirent en fuite. Les Maures confederez envoyerent des vivres à l'Armée, & donnerent avis que les ennemis avoient fait un double retranchement du côté de la bréche, & qu'ils avoient enfoncé des tables garnies de pointes de fer à l'entrée des bréches, qu'ils avoient Couvertes d'un peu de terre. On fit deux nouvelles batteries de fept canons chacu

ne, & on attaqua du côté de la merz L'Armée reçut alors un fecours de mille hommes, les batteries eurent bien-tot fait une nouvelle bréche; les Chevaliers allerent à l'affaut, & ils gagnerent le desfus de la bréche, & en chafferent les ennemis. Ils ne pouvoient pourtant pas defcendre dans la Ville, parce que l'endroit étoit élevé, & que les ennemis avoient ôté les planches qui les aidoient à monter, il reftoit une poutre pour defcendre. Quelques Chevaliers defcendirent ; & comme ils n'arrivoient que l'un après l'autre, les ennemis les entouroient, & les maffacroient à l'inftant. Les Chevaliers trouverent une defcente commode le par moyen des ruines dans un endroit plus bas ; ils entrerent dans la Ville & combattirent les ennemis, ils pafferent deux cens Turcs au fil de l'épée,les autres fuirent dans une Mofquée ou ils furent pris. On fit fept mille Efclaves, & on prit Rais leur Gouverneur, qu'on échangea dans la fuite avec Jule Vifconti. Les Chrétiens perdirent quinze cens hommes devant cette Place, ils reçurent alors des rafraîchiffemens de la part du GrandMaître, & un renfort de trente Chevaliers..

Le Roy de Tunis demanda la paix, on

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