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poursuivent et les fassent impunément leurs 1776. esclaves.

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Janv. Une autre partie encore plus considérable de ces Hottentots à peau jaune est dispersée dans un canton qui peut avoir onze journées de largeur, et qui est situé plus au nord qu'au nord-est des deux Vish-rivier, près d'une autre rivière appelée Zomo. Là il s'en trouve, dit-on, quelques-uns qui s'occupent à engraisser et à élever du bétail. Des compagnies d'un petit nombre de Chrétiens ont quelquefois voyagé dans ce canton, et y ont chassé aux éléphans, sans être inquiétés par les Hottentots-Chinois; cependant, pour plus grande sûreté, ils jugeoient à propos de s'enfermer la nuit dans leurs chariots comme dans autant de petites for

teresses.

Les rivières les plus considérabies qui traversent ce canton sont, m'a-t-on dit t' Kamsi - t'Kay, t'Nu-t' Kay, la petite et la grande rivière de Zomo. Cette dernière est la limite d'un pays appartenant à une autre nation. Toutes ces rivières coulent du nord au sud ou au sud-est, et vont à la mer, probablement à travers le pays des Caffres. De t'Kau-t' Kai, ou grande rivière poissonneuse, à t'Kamsi-t'Kai, on compte sept journées de chemin, chaque journée estimée

à quarante-cinq milles, ou l'espace que des boeufs peuvent parcourir d'un pas vif, et 1776. sans s'arrêter, en huit heures. De-là à t'Nu- Janv. Kay, ou rivière noire, on compte une journée de chemin; de t'Nu- t'Kay à la petite rivière de Zomo, ou rivière de l'Eil humide, deux journées; et de celle-ci à la grande rivière de Zomo, une demi-journée. On trouve, dit-on, dans cette rivière, qui est une des plus grandes, des pierres vertes. La personne de qui je tiens cette information avoit rapporté plusieurs de ces pierres, et les avoit vendues à un négociant du Cap, qui les revendit ou en fit présent aux voyageurs. Elles avoient probablement fort peu de valeur.

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L'autre rive de Zomo est habitée par une autre nation, que les Hottentots - Chinois appellent Tambukis, et qui leur ressemblent, dit-on, par la couleur de la peau et dans leur manière de s'habiller: mais c'est un peuple puissant et guerrier. Au-delà de cette nation, en remontant vers le nord, est un autre peuple encore plus guerrier et plus intrépide, qu'ils nomment Mambukis. Tous les Colons qui ont pénétré jusqu'à Zomo-rivier, ont observé, à la distance d'environ deux journées de-là, vers le nord, une montagne qui jette beaucoup

A

1776.

que

de fumée. Des Hottentots-Chinois m'ont dit les Tambukis ont en cet endroit des Janv. fournaises dans lesquelles ils fondent une espèce de métal, qu'ils forgent, et dont ils font divers ornemens. Ils ont coutume de prendre à louage des Hottentot - Chinois pour porter à ces fonderies le bois nécessaire. J'ai vu souvent à Bruntjes-hoogte des boucles d'oreilles de ce métal, portées par des Hottentot-Chinois. (On peut en voir la forme pl. II, tome I). Il ressemble assez à l'or monnoyé, mais d'après un essai fait sur une de ces boucles d'oreilles, par M. Von Engstroem, conseiller des mines, il paroît n'être autre chose qu'un mélange de cuivre et d'argent.

Je ne dois pas omettre ici un fait qui m'a paru bien extraordinaire. Il existe dans une plaine du pays des Hottentot-Chinois, sur la surface unie d'un rocher, un dessin représentant une licorne, cet animal regardé aujourd'hui comme fabuleux, et qu'on nous peint ordinairement sous la forme d'un cheval, ayant une corne au front. Quoique le dessin soit grossièrement tracé, et tel qu'on peut l'attendre d'un peuple sauvage et sans arts, c'est le même animal que nous appelons licorne. La personne qui m'a positivement assuré ce fait, étoit un ancien

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voyageur, un des plus attentifs observateurs de la nature que j'aie connu, le même 1776. Jacob Kok, dont j'ai souvent parlé ci-de- Janv. vant; et c'est de lui seul que je tiens cette particularité.

Les Hottentot-Chinois lui dirent que ce lui qui avoit tracé cette esquisse avoit voulu représenter un animal semblable en tout aux chevaux sur lesquels lui et sa suite étoient montés, excepté qu'il avoit une corne au front. Ils ajoutèrent que cet animal étoit fort rare, extrêmement léger à la course, méchant et furieux, ensorte que, quand il couroit après eux, ils n'osoient l'attaquer en champ clos, ni se montrer devant lui en plaine, mais qu'ils grimpoient sur quelque rocher escarpé, où ils faisoient quelque bruit retentissant ; que l'animal naturellement curieux venoit au son, et qu'alors ils pouvoient sans danger le tuer à coups de flèche empoisonnées.

Il ne paroît pas probable que les Hottentot-Chinois, barbares et grossiers comme ils sont, aient pu, par la seule force de leur imagination, se représenter un être de cette espèce, s'il n'étoit que chimérique, et sur-tout inventer une relation aussi circonstanciée de la manière de le chasser. Il est encore moins vraisemblable qu'ils

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aient pu conserver par tradition quelques 1776. récits des anciens temps, concernant cet aniJanv. mal. Il n'est pas étonnant que cette esquisse

n'ait été vue ici que dans cette place unique; car en général un homme ne voit rien, ou très-peu de chose, en traversant ce pays, et l'on n'y va guère que pour trouver et chasser des éléphans.

Puisque j'ai parlé de l'éléphant, je remarquerai ici que cet animal même, le plus grand de tous, le plus recherché en Afrique, qu'on a si souvent et si utilement apprivoisé en Asie, est encore à présent, sous plusieurs rapports, inconnu aux naturalistes. On est encore dans l'incertitude sur la manière dont s'accouplent ces animaux, comme je l'ai observé tom. II, p. 48. Seroit-il donc étonnant que nous ignorassions absolument un animal beaucoup moins gros et beaucoup plus rare? Qu'on recuse, si l'on veut, le témoignage de mon auteur et celui des Hottentot-Chinois, il est toujours constant qu'on ne peut prononcer affirmativement que cet animal est un être fabuleux, sur la seule raison qu'il nous est encore inconnu.

C'est depuis quelques années seulement que les naturalistes modernes ont parlé du camelo-pardalis (ou giraffe), le plus haut

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