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pilation appelée, nouvelle description du 1776. Cap de Bonne-Espérance, que j'ai déjà citée. Janv. Cette rivière ne doit cependant pas être confondue avec une autre du même nom, qui se décharge vers la partie orientale de l'Afrique, sur les côtes de la Caffrerie.

Le pays des Caffres est situé à l'est de Vish-rivier sur le bord de la mer. Les habitans de cette contrée élèvent des bêtes à cornes, et point de moutons. Ils portent pour vêtement, comme les Hottentots-Gonaquas, des peaux de vaches qu'ils savent rendre, à force de les apprêter et de les graisser, douces et pliantes. Leurs maisons ou leurs huttes sont, m'a-t-on dit, petites et quarrées, faites de branches, couvertes d'argile et de fumier de vache, ce qui leur donne l'apparence d'autant de petites maisons de pierre.

Les Caffres n'ont point d'autres armes que des boucliers de cuir pareil à celui dont nous faisons des semelles, et des hassagays ou javelines, composées d'une tige de bois menue et légère, ayant au bout un morceau de fer large et pesant. (V. pl. II, fig: 1 et 2. tom. I.) Les Hottentots-Gonaquas se servent, comme je l'ai dit, de la même hassagay.

Cette nation est gouvernée par différens

chefs, qui probablement sont les maîtres absolus de leurs sujets, de leurs person- 1776. nes comme de leurs possessions. Le titre Janv et la puissance de ces chefs sont héréditaires. Ils sont fort souvent en guerre l'un contre l'autre, et ils tuent ordinairement leurs prisonniers. Mais si par hasard un Chef tombe entre les mains de l'ennemi, il n'est point mis à mort; le vainqueur le renvoie en lui donnant l'avis de se tenir désormais en repos. Les causes de leurs guerres sont comme dans beaucoup d'autres parties du globe, l'absence de tout sentiment d'humanité dans une des puissances belligérantes, ou quelque disposition d'un chef à l'arrogance ou à la rapine, ou quelques os de discorde jetés entr'eux, et que de part et d'autre ils ne peuvent se résoudre à abandonner sans répandre leur sang et celui des hommes qui suivent leur fortune. On dit même qu'un veau volé ou perdu, ou qui va paître sur le territoire d'un état voisin, ou quelque autre sujet de cette importance, sont quelquefois suffisans pour mettre deux ou plusieurs nations aux prises. Cependant ils ne poussent jamais la vengeance jusqu'à s'exterminer totalement les ans les autres; le vainqueur est satisfait,

lorsque son adversaire lui cède la victoire 1776. et demande la paix.

Janv.

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Il y a quelques années, je ne me rappelle pas exactement l'époque, qu'il y eut entre quelques Colons et les Caffres une affaire sanglante, mais dont la fin fut plus tragique pour les Caffres, et leur laissa l'impression d'une profonde terreur.

Un fermier nommé Heuppenaer fit avec quelques autres une tournée dans le pays des Caffres, pour y chasser des éléphans. Les ferrures de leurs chariots, et quelques autres objets qu'ils portoient avec eux, tentèrent les Sauvages, qui se réunissant en une troupe de plusieurs centaines, lancèrent tout-à-coup sur les Colons une prodigieuse quantité de leurs hassagays, et les tuèrent presque tous. Heuppenaer lui-même fut tué d'un coup de javeline, qui pénétra à travers la banne de son chariot, dans lequel il étoit assis, Ce fut à lui qu'on attribua toute la faute de ce malheur, pour avoir toujours différé, par une espèce de bravade, de se mettre sur ses gardes et d'avoir recours aux armes, quoique ce fût l'avis de ses compagnons. Un des Colons, qui, me dit-on, vivoit encore, avoit trouvé le moyen de sauver sa vie, en se tenant caché pendant vingt-quatre heures sous l'eau

d'une grande cascade, et deux autres leur échappèrent, graces à la vitesse de leurs 1776. chevaux; mais ces derniers revinrent sur Janv. les Caffres, et les poursuivirent tout le long de la plaine à coups de mousquet, mettant pied à terre pour les ajuster, et les abattant par demi-douzaines. Cet échec fut pour les Caffres une grande leçon, qui leur apprit à réprimer à l'avenir leur amour pour les ferrures, et dont ils n'ont pas encore perdu le souvenir.

A Lange-kloof je me trouvai avec un fermier qui revenoit alors du pays des Caffres, où il étoit allé seul. Il en avoit rapporté plusieurs dents d'éléphans; il avoit présenté quelques bouts de tabac à un prince Caffre, qui, en retour, avoit ordonné à ses sujets de lui montrer les endroits où l'on trouvoit des éléphans.

J'ai nommé dans ma carte Koning Ruyters-craal (Craal du Capitaine Ruyter) un coin de pays situé à l'embouchure de Groote Vish-rivier, en commémoration de cet étonnant roi ou capitaine Hottentot. Plusieurs Chrétiens qui avoient eu occasion d'aller lui rendre visite, me racontèrent les principales aventures de sa vie.

Ruyter, étant au service d'un fermie rà

Roggeveld, prit querelle avec un autré 1776. Hottentot son compagnon, et le tua. CraiJanv. gnant d'être, conformément aux lois de la colonie, pendu pour cette action, il déserta sur le champ. Après une longue suite d'aventures, il arriva dans ce coin de pays situé près de Boshis-mans-rivier, où par son intrépidité il devint chef d'un parti d'hommes Boshis ou Hottentots ravageurs. Après avoir subjugué à la tête de sa bande plusieurs autres tribus Hottentotes, il eut l'art de les engager à prendre les armes contre les Caffres, en semant entr'eux la mésintelligence et la défiance. Alors il inspira à son parti la plus haute opinion de sa capacité, leur faisant remarquer de quelle importance il étoit pour eux d'avoir un chef tel que lui, qui faisoit leur force et leurs succès; mais surtout leur fournissant des occasions plus fréquentes de piller, et leur montrant une meilleure méthode d'élever le bétail, que celle qu'ils étoient accoutumés de suivre.

Tout en se rendant par ces moyens formidable aux Caffres, il ne négligeoit pas de punir de mort les Hottentots ses sujets pour la moindre faute, ou même sur le plus léger soupçon; et bientôt il les eut réduits à une obéissance sans bornes, et à la sou

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