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Près de Gorée-rivier, un fermier nommé 1776. Aloven Smidt, avoit pris un lézard veni

Avril.

fait bouillir tout le suc contenu dans ces réservoirs, jusqu'à le réduire à-peu-près au tiers, alors on le verse dans des boîtes ou caisses, où on le laisse se coaguler et se durcir.

D'autres se contentent de ratisser légérement & plusieurs fois les bords des plantes nouvellement coupées et fraîches, contre les bords d'un vase de marbre, où, par ce moyen, il s'amasse un peu de suc qu'ils font ensuite bouillir.

En suivant ces deux méthodes, qui probablement ne sont pas les meilleures qu'on puisse imaginer, on ne tire de chaque feuille que quelques gouttes, ce qu'il en pourroit tenir dans un dé à coudre, ou tout au plus dans deux. Les ouvriers qui touchent les feuilles sont sujets à se blesser les mains, et ceux qui font bouillir le suc, opération qui se fait en plein air, à être rôtis par les rayons d'un foleil brûlant. Ajoutez à cela que ceux qui achètent au Cap la gomme aloës, ne la paient aux fabricans que deux ou trois stivers la livre. Il n'est pas étonnant que les fermiers du Cap ne se donnent pas la peine de préparer cette gomme, à moins qu'ils n'aient des jeunes gens ou d'autres serviteurs incapables d'autres fonctions plus utiles. « Dans l'hiver ( quaade mous >>son) les feuilles d'aloës sont, dit-on, plus succulentes; » aussi choisit-on de préférence cette saison pour faire » la gomme, et surtout les journées belles et calmes; >> car dans la saison des vents le sue se coagule trop-tôt, > et sort difficilement des feuilles (Voyez la relation que je viens de citer de M. le professeur Thunberg). La gomme préparée de cette manière, lorsqu'elle est pulvérisée, a une couleur jaune, comme tout autre aloës en poudre. Mais les parcelles minces de cette gomme

meux et redoutable, appelé dans le pays

geitje, qu'il avoit conservé dans de l'eau- 1776. de-vie; il m'en fit présent le jour que je Avril, quittai cet endroit.

Il y avoit déja long-temps qu'on m'avoit dit que la morsure de cet animal produisoit une sorte de lèpre terrible, qui se ter minoit toujours par la mott; mais ce qua j'ignorois, c' t qu'il ne produit son effet qu'après l'espace de six mois ou d'un an, pendant lequel toutes les parties du corps se gangrènent successivement, et tombent d'elles-mêmes par lambeaux.

et les bords des morceaux plus grands sont transparens et ressemblent à des morceaux de verre d'un brun jaunâtre. Elle n'a conséquemment rien de cette couleur opaque tirant sur le verd obscur qu'on remarque aux autres aloës que les apothicaires vendent sous les déno-, minations d'aloës succotrin et hépatique. Cette couleur foncée qu'on voit dans quantité d'aloës provient sans doure d'une différence dans l'apprêt, peut-être de ce que les feuilles ont été écrasées et pressées, moyen par lequel on obtient beaucoup plus de suc, mais il est alors rempli de sédiment.

Il est pourtant vrai que j'ai souvent fait usage en médecine de la gomme aloës du Cap, et je n'ai trouvé aucune raison de la préférer à l'aloës plus opaque. Comme j'étois curieux d'examiner cette drogue sous plusieurs rapports, j'engageai M. J. E. Julin, apothicaire à New Carleby, à séparer dans la gomme aloës du Cap, les parties résineuses des parties gommeuses, et je trouvai qu'elle contenoit ces deux principes en quantités égales

Ce fermier m'assura qu'un esclave Bu 1776. gunèse avoit réussi à guérir une autre esAvril. clave femelle du voisinage, mordue par un

t'geitje, dont le poison avoit déja fait des progrès très-sensibles.

L'esclave guérie demeuroit alors à environ soixante milles de Gorée-rivier, et étoit, me dit le fermier encore vivante et en pleine santé; mais le médecin étoit mort avec son secret, et avec plusieurs autres aussi utiles. On avoit pourtant observé qu'entre autres moyens qu'il employa, il pansa quelquefois la blessure avec des oranges et des limons coupés en deux. On auroit bien dû examiner de plus près le progrès et les moyens d'une cure aussi importante. Les animaux sont sur tout exposés à la morsure de ce serpent, et l'on pourroit essayer quel seroit l'effet des oranges sur des ulcères de ce genre. Il est heureux que le geitje soit lent dans ses mouvemens, et qu'il ne soit pas d'un caractère irritable: quoiqu'on en voie souvent dans le printemps, l'on n'entend pas souvent parler de maladies causées par sa morsure (1).

(1) Nous le cherchâmes inutilement à Sitsikamma, dans les coquilles vides du bulla achatina, où les habitans m'assurerent qu'il se nichoit ordinairement. La

Je ne suis pas bien sûr si j'ai vu ou non cet animal vivant. Cependant, je suis dans la 1776 persuasion que c'étoit un geitje qu'un jour, Janv. étant aux bains chauds, je mis dans ma poche, enveloppé dans du papier. Je ne savois pas alors quelle dangereuse capture je venois de faire; en tirant de ma poche de la bourre pour mon fusil, j'en tirai aussi et je perdis, fort heureusement, l'animal et le papier. J'en ai dans la suite ouï parler aux personnes qui se baignoient avec moi mais sous un autre nom, autant que je puis m'en souvenir. On le trouvoit, disoient-ils,

queue de ce serpent se détache et tombe au simple toucher, er on la trouve remplie d'une matière jaunâtre, semblable à celle qu'on voit sur certains ulcères; de plus, on ne découvroit dans celui que j'ai rapporté, aucun aiguillon: ne pourroit-on pas en conclure que le geitje est un larve, qui avec le tems se transforme en un lézard de forme et de nature absolument différentes ?

Celui que j'ai rapporté est à peine long de trois pouces. La queue fait la plus petite moitié de cette longueur; elle est fort pointue, mais dans le milieu elle est presque aussi épaisse que le corps de l'animal, qui est sans écailles, tacheté de noir, foncé en dessus et blanc en dessous, avec douze ou quatorze papilles sur le bord de la mâchoire inférieure. Il a cinq doigts à chaque pied. J'ai donné la figure et une description complète du geitje, dans les transactions de la société des sciences et belles-lettres de Gottenbourg, première part. page 75 ; pl. V.

à Franse - hoek. Je regardai alors le récit 1776. qu'ils faisoient de la propriété venimeuse de Avril, cet animal, comme un de ces contes faits pour m'alarmer utilement, et me rendre circonspect dans le cours de mon voyage. J'ai parlé ci-devant d'un lézard aussi noir que le jais, que les Hottentots craignent beaucoup, et disent être fort venimeux.

Restraint par les bornes que je me suis prescrites dans cet ouvrage, je suis obligé de remettre à un autre temps la description des différens lézards d'Afrique, ainsi que plusieurs autres observations, que je compte donner au public dans un traité séparé. Cependant il en eft un, le plus grand de tous les lézards de la colonie, auquel je donnerai le nom de lacerta capensis et qui mérite d'avoir ici un petit article, ne fût-ce qu'à cause de son extrême dureté, et de la peine que nous eûmes à le tuer. Il a quelque ressemblance, à la vérité, avec celui de Seba (de Ceylan, tom. I. pl. XCIV, fig. 1.), par les anneaux qui forment son corps; mais le lézard du Cap en a un plus grand nombre, sans parler de la différence de couleur, comme on peut le voir par la description suivante (1).

« (1) Lacerta Capensis, cauda compressa suprâ

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