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de ces deux nations soit différent, leur caractère est à peu près le même; ils sont plus policés et ont une meilleure réputation que tous les autres Hottentots. Les Européens mêmes admirent leur force, leur valeur, leur fidélité & leur discrétion. On compte que ces deux nations réunies peuvent fournir 20,000 hommes de guerre. Ils réfléchissent toujours avant de parler, s'expriment en peu de mots, et font à toutes les questions une réponse laconique, mais toujours juste. Les femmes aiment beaucoup la parure, et sont plus que toutes les autres Hottentotes, artificieuses dans leur conduite. Leur pays, que traverse la riviere des éléphans, est couvert de montagnes, rocailleux et nud. Quoiqu'il y ait peu de bois, il abonde en animaux sauvages. On

y trouve une sorte de gazelle extraordinairement légère à la course, et dont la chair est un bon manger. Elle a une forme et une démarche gracieuse, et sa peau est agréablement tachetée de blanc et de jaune. On les voit souvent par troupes de plusieurs centaines, mais jamais isolées.

170. Les Odiquas habitent un canton au nord de Saldana-bay. Ils sont en alliance perpétuelle avec les Sassiquas, pour se défendre mutuellement contre les Chirigriquas,

avec lesquels ils sont toujours en guerre.

18°. Les Sassiquas touchent au pays des Odiquas. Leur contrée est couverte de montagnes, mais aussi de verdure, et les vallées sont ornées de fleurs. Cependant la disette d'eau a forcé plusieurs des naturels à quitter leur patrie, et d'autres en ont été chassés par des aventuriers Hollandois, en sorte que ce pays autrefois populeux, est à présent presque inhabité.

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19°. Le territoire de Cochaquas est une belle contrée, remarquable sur - tout par ses pâturages aussi est-elle en grande partie occupée par des fermiers Hollandois, qui ont soin de fournir de provisions les vaisseaux de la compagnie des Indes hollandoises. Le pays abonde en bétail, et l'on y trouve nombre de salines excellentes une garde hollandoise y est placée pour veiller sur les salines et sur le bétail, et pour donner avis au gouvernement du Cap, lorsque quelque vaisseau paroît à la vue des côtes. Les habitans de ce canton ont coutume de changer souvent, d'habitation., pour procurer à leurs bestiaux de nouveaux pâturages, coutume pratiquée par la plupart des autres Hottentots. Quand l'herbe d'un pâturage devient dure, ils y mettent le feu; si la flamme s'étend sur quelque

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territoire voisin, c'est infailliblement le sujet d'une guerre. Les Hollandois au Cap, mettent aussi le feu aux champs dont l'herbe se détériore, mais pour empêcher les progrès, ils font des tranchées autour de l'enceinte qu'ils veulent nettoyer. L'indolent Hottentot ne prendroit pas une précaution si pénible, fût-il certain qu'il va mettre tout le pays en flammes.

100. Les Chorenghaiconas ou Gunjemans habitent pèle mêle avec les Hollandois auxquels ils vendent leurs terres, se réservant seulement dans chaque famille une petite portion de terrain pour nourrir leur bétail, et le droit de chasse sur le territoire des Européens (1).

Les noms de ces différentes nations ne leur ont point été données par les Européens; mais ils répondent, quant au son, à ceux par lesquels les Hottentots eux-mêmes se distinguent, et le mot Hottentot n'est point, comme l'ont cru quelques écrivains, un terme de dérision, mais le nom qu'ils portent depuis un tems immémorial.

(1) On voit dans le voyage précédent de M. le docteur Sparrman, que les choses ont bien changé de face depuis que cette relation a été faite, et la physionomie de tous ces différens peuples seroit aujourd'hui bien difficile à reconnoître.

Les Hottentots ont été souvent confondus avec les Caffres, qui sont un peuple absolument différent et dans leurs traits et dans Teur couleur.

Le Cap et ses environs.

Il n'y a guère au Cap de Bonne - espérance que deux saisons, l'hiver et l'été. Les incommodités du climat sont la cha→ leur excessive dans l'été, et les pluies violentes, les brouillards épais et les vents mal-sains de nord-ouest dans la saison pluvieuse. On n'y connoît le tonnerre et les éclairs qu'en mars et en septembre. L'eau gèle rarement, et quand cela arrive, la glace n'est jamais épaisse, et se dissout au premier rayon de soleil. Dans la saison chaude, les habitans desirent que le vent souffle du sud-est, parce qu'il entraîne des algues marines, qui autrement s'amassent sur le rivage, s'y corrompent, et infectant l'air, causent de terribles maux de tête.

Les habitans pronostiquent du mauvais tems à l'apparition de quelques nuages remarquables, qui souvent paroissent suspendus au sommet de deux montagnes appelées montagne de la Table et montagne du Diable. Ces nuages sont d'abord trèspetits, mais ils grossissent et s'unissent à

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la fin, et lorsqu'ils enveloppent le sommet des deux montagnes, ils produisent de terribles ouragans, qui causent de grands dommages parmi les blés et les fruits, et sont quelquefois funestes aux navires qui se trouvent près de la côte; mais ils purifient l'air, et établissent dans l'atmosphère une circulation vive, qui contribue beaucoup à la santé des habitans.

Je tiens d'un voyageur qui a résidé plusieurs années au Cap, que les bords de ce nuage sont blancs; mais qu'il semble formé d'une matiere beaucoup plus compacte que n'est celle des nuages ordinaires. Le haut est d'une couleur de plomb, effet produit par les rayons réfléchis de la lumiere. Il ne se résout jamais en pluie, mais il porte souvent beaucoup d'humidité, et alors il est d'une couleur plus foncée, et le vent qu'il contient en sort par bouffées, qui ne sont pas de longue durée. Le vent se soutient avec la même violence pendant un, deux, trois, quelquefois huit jours, et même un mois consécutifs. Tant que dure la tempête, le nuage ne paroît point diminuer en grosseur; cependant on voit de tems en tems de petits floccons se détacher des bords, se précipiter le long de la colline et s'évanouir lorsqu'ils ont atteint le fond, ensorte que le nuage Tome III.

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