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Outre le plaisir que je trouvois à être 1778. utile, et à témoigner ma reconnoissance à Janv. ces paysans hospitaliers, en leur donnant

des avis sur leurs maladies, et en leur distribuant, toujours gratis, quelques médicamens que j'avois apportés, ces petits secours me gagnèrent leur affection plus promptement peut-être que je n'aurois pu le faire avec de l'argent. C'étoit à qui me seconderoit dans mes recherches, et à qui me feroit part de ses lumières sur les choses dont je desirois d'être informé; ensorte que le peu de connoissances que j'avois acquises dans la médecine me furent en cette circonstance plus utiles que je ne l'avois jamais espéré, sans parler de l'éton nement et de la vénération qu'elles excitèrent dans l'esprit de ces bonnes gens, ce qui me rappela souvent le proverbe trivial, dans le pays des aveugles les borgnes sont rois.

D'où provient cette maladie de vers, si commune dans la colonie, c'est ce que je

auxquels on découvroit des jambes et des pieds; qu'ils étoient gris en dessus, et jaunes sous le ventre, comme les chenilles qui se changent en chrysalides et deviennent ensuite des papillons. Il avoit aussi observé les exuvia ou peaux de cette espèce de ver dans ses, évacuations ordinaires.

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n'entreprendrai pas d'expliquer. On peut conjecturer que dans quelques individus 1776. elle est héréditaire, et que l'usage habituel Janv. du lait l'aggrave encore; dans d'autres elle

est peut-être occasionnée par les eaux fangeuses et putrides qu'ils sont obligés de boire dans leurs chasses et dans leurs voyages au Cap; il paroît que les hommes y sont plus sujets que les femmes. On ne peut l'attribuer au poisson que mangent les habitans de Bruntjes-hoogte, car on en pêche fort rarement dans les eaux douces, et dans les rivières de ces cantons. Cependant lorsqu'ils viennent à la ville, ils ne manquent pas de se régaler de poisson frais. Les habitans de la ville au contraire, qui ne vivent pour ainsi dire que de poisson, sont beaucoup moins sujets aux vers; mais ils boivent de bonne eau et plus rarement du lait, et de plus, ils ne se sévrent pas plus que les Colons du vin et des liqueurs spiritueuses.

Le 5, j'allai avec deux fermiers à la chasse du gnu, l'animal que j'ai décrit page 11 du tom. II. Nous en trouvâmes de grandes troupes, et nous tuâmes une femelle, d'une balle qui lui passa au travers du corps: malgré cela, elle courut encore en chancelant à la distance de quatre-vingt ou cent pas de nous avant de tomber. Comme nous

étions montés sur d'excellens chevaux, nous 11776. les atteignîmes, et séparant une harde des Janv. autres, nous en écartâmes un jeune gnu

que nous rapportâmes vivant. C'est celui-là. dont je fis par la suite la dissection, et dont j'ai parlé (1).

Le cri du jeune gnu est quelquefois onje, qui ressemble assez au nonje des Colons (mademoiselle), et quelquefois navond, qui ressemble assez à leur abréviation de goeden avond' (bon soir); ensorte que dans la nuit,

( 1 ) Cet animal étoit haût de deux pieds, et sa longueur, des oreilles à la queue, étoit à-peu-près la même. La queue étoit longue de six pouces, et fort couverte de poils. Ils étoient rudes et blancs au bout de la queue. La couleur dominante de son corps est un brun pâle ou clair; le ventre est blanc, et le nez noir. On voit un cercle noir autour de ses yeux; le contour de ses oreilles est aussi noir, et son front est d'un brun foncé. Sa crinière est noire, longue de deux pouces, et rude à-peu-près comme des soies de sanglier. Elle est bordée, des deux côtés, de poils de la même longueur qui couvrent le cou. Ceux qui couvrent le reste du corps sont de la moitié moins longs. Ceux de la barbe tirent aussi sur le gris, et sont d'une couleur plus claire que le reste du corps. J'avois aussi vu précédemment et examiné un autre gnu apprivoisé, de la même grandeur, et dont on comptoit faire présent au gouverneur. On craignoit cependant que ces animaux, aussi bien que les jeunes hart-beest qu'ils entreprenoient d'apprivoiser, ne fussent sujets à une sorte de frénésie ou de rage,

le voyageur qui ne seroit pas au fait croiroit entendre un enfant qui le salue. Comme ce 1776. gnu étoit encore fort jeune, sa chair rôtie Janvi étoit molasse.

Nous tuâmes le même jour un quagga, qui en quelques heures fut presqu'entiè、rement dévoré par les oiseaux de proie, après qu'ils eurent suivant leur coutume commencé par les yeux.

Un autre animal, haut de dix-huit pouces, est ici connu des fermiers sous le nom de jackal gris, à cause qu'il ressemble un peu au jackal ordinaire, tant par sa stature que par la forme de sa tête et de son corps.' Mais à en juger par ses dents seules, autant que je puis me les rappeler à présent, le jackal gris semble plutôt porter les marques caractéristiques par lesquelles le genre des viverra ou belettes est distingué dans le Syst. de la Nat. édit. XII.

Les poils dont le jackal gris est couvert sont un mélange de gris clair et de noir, ensorte que sa fourrure, en masse, est gris de cendre, excepté qu'on voit un espace de trois pouces couvert de poils tout-à-fait noirs au bout de la queue, qui est ellemême assez touffue, et pend jusque sur les talons de l'animal. Les poils de tout le corps sont un peu longs et doux, mais sur le

dos ils sont presque deux fois plus longs 1776. que dans les autres parties du corps, Janv. sorte qu'ils semblent for mer une espèce de

en

brosse. Pour cette raison, l'animal peut être quant à présent, appelé le viverra cristata. J'ai dit quant à présent, attendu que la peau empaillée de cet animal me fut volée dans mon chariot par quelques chiens de chasse, avant que j'aie pu en tirer une description plus exacte, et que d'ailleurs il est fort difficile de déterminer les genres qui appartiennent à la classe des feræ (1).

Nous chassâmes le même jour un autre animal appelé le Onkies jackal, qui par sa forme et sa hauteur ressemble en quelque sorte au jackal gris; mais il est d'un brun foncé. Il se sauva de nous en entrant dans un passage souterrain. On lui a

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(1) J'ai cependant tiré une figure du foie du jackal gris, et après l'avoir examiné dans cette intention, jele trouvai divisé d'une manière fort singulière. Le poumon droit avoit quatre lobes, et le gauche trois. Il n'y avoit dans l'estomac que des fourmis, ou, pour parler plus juste, des termites. Mais, de crainte qu'on ne pût supposer d'après cette circonstance, que l'animal dont nous parlons appartient au genre du myrmecophaga de Linné j'observerai que le caractère de ce genre est de n'avoir point de dents, et que nos ours de Suède, ainsi que les Hottentots d'Afrique, sont aussi très-friands de ce

mets.

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