conduite fi irréguliere, & lui déclarer enfin qu'il AN. 1260. falloit reprendre le gouvernement de fon église, ou donner fa rénonciation par écrit. Nicetas & ceux qui l'accompagnoient, étant arrivés auprès d'Arfene, lui rendirent les lettres du concile, & lui expliquerent leur charge: mais il leur dit, qu'il n'étoit plus tems de remedier au sujet de sa retraite; & qu'il ne lui convenoit désormais que de demeurer en filence & en repos. Après l'avoir beaucoup preffé inutilement, comme ils le virent obftiné à ne point s'expliquer, ils lui déclarerent l'ordre fecret qu'ils avoient de demander fa démiffion. Il l'offrit auffi-tôt : & comme on en dressoit l'acte, l'évêque d'Heraclée pour rendre la ceffion plus plaufible, propofa d'y mettre qu'Arfene fe fentoit indigne : mais il s'en piqua, & dit en colere : Ne vous fuffiit-il pas que je cede de parole & d'effet ? Pourquoi voulez-vous me charger encore d'une mauvaise raison? Je me retire volontairement des affaires, fans me mettre en peine de ce qui arrivera. V. Poffin, not. Il les renvoya ainsi brusquement, fans achever l'acte, & ils retournerent en diligence trouver l'empereur & le concile. Ayant affuré que le patriarche étoit inflexible, ils ajoûterent qu'il reftoit d'éprouver la fermeté de fa réfolution : fçavoir, de P. 446. lui envoyer demander le bâton pastoral & le chandelier, qui étoient les marques de l'épiscopat. On le fit; & Arfene dit à ceux qui vinrent, qu'ils pouvoient les prendre s'ils vouloient. Alors l'empereur, crut qu'il n'y avoit plus rien à attendre & qu'il étoit luffisamment difculpé de ce qui pour AN. 1260. 1 même, & qu'il ne gagnoit rien auprès de l'empereur Michel. S'étant ainfi expliqué, il fortit auffitôt hors la ville de Nicée, marchant à pied, & ne permettant qu'à peu de perfonnes de le suivre. Il s'arrêta à un monastere proche des murs de la ville, & continua fon chemin pendant la nuit, jufqu'au petit monaftere de Pafcafe, où il avoit choifi fa demeure. C'étoit un lieu folitaire & tranquille, ayant d'un côté la mer, & de l'autre une riviere, fur le bord de laquelle le monaftere étoit bâti. Arsene y vivoit en repos, fans fe mêler des affaires de fon église, ne converfant qu'avec Dieu. 4 Mais fon clergé & les évêques qui fe trouvoient à Nicée, défaprouvoient fa conduite & l'envoyerent prier de revenir, de peur que l'empereur qui étoit abfent, apprenant fa retraite, n'en fût irrité. D'ailleurs, difoient-ils, fi quelqu'un vous a fait de la peine, il falloit, fans fortir de votre fiége, le reprendre ou vous en plaindre à. l'empereur; & fi c'étoit l'empereur lui-même, l'avertir & l'exhorter à quoi nous vous aurions aidé felon notre pouvoir: mais de vous retirer ainfi, fans en dire le fujet, paroît une entreprise mal concertée. On paffa quelques tems fans rien avancer, parce que le patriarche ne vouloit pas s'expliquer; & l'empereur Michel ayant appris la chofe, en fut affligé, fe doutant du véritable "motif du prélat, felon le reproche de fa confcience. I lui envoya donc, de l'avis des évêques affemblés en concile, Nicetas évêque d'Héraclée, pour le rappeller, l'exhorter à venir au concile, dire les caufes de fa retraite, rendre compte d'une conduite fi irréguliere, & lui déclarer enfin qu'il AN. 1260. falloit reprendre le gouvernement de fon églife, ou donner fa rénonciation par écrit. que Nicetas & ceux qui l'accompagnoient, étant arrivés auprès d'Arfene, lui rendirent les lettres du concile, & lui expliquerent leur charge: mais il leur dit, qu'il n'étoit plus tems de remedier au fujet de fa retraite, & qu'il ne lui convenoit déformais de demeurer en filence & en repos. Après l'avoir beaucoup preffé inutilement, comme ils le virent obftiné à ne point s'expliquer, ils lui déclarerent l'ordre fecret qu'ils avoient de demander fa démiffion. Il l'offrit auffi-tôt : & comme on en dreffoit l'acte, l'évêque d'Heraclée pour rendre la ceffion plus plaufible, propofa d'y mettre qu'Arfene fe fentoit indigne : mais il s'en piqua, & dit en colere : Ne vous fuffiit-il pas que je cede de parole & d'effet? Pourquoi voulez-vous me charger encore d'une mauvaise raifon? Je me retire volontairement des affaires, fans me mettre en peine de ce qui arrivera. Il les renvoya ainfi brufquement, fans achever l'acte, & ils retournerent en diligence trouver l'empereur & le concile. Ayant assuré que le patriarche étoit inflexible, ils ajoûterent qu'il reftoit V. Poffin. not. d'éprouver la fermeté de fa résolution : fçavoir, de P-446. lui envoyer demander le bâton pastoral & le chandelier, qui étoient les marques de l'épiscopat. On le fit; & Arfene dit à ceux qui vinrent, qu'ils pouvoient les prendre s'ils vouloient. Alors l'empereur, crut qu'il n'y avoit plus rien à attendre & qu'il étoit luffifamment difculpé de ce qui pour AN. 1260. Sup. 1. LXXXIV. 8.330 : roit arriver au patriarche d'autant plus que Ni Enfuite ils délibererent long-tems fur le choix d'un fucceffeur; & les principaux entraînant les fuffrages des autres, ils convinrent tous de NicePachym. 6. 16. phore d'Ephele. Il étoit recommandable par fa vertu & fa piété, & raisonnablement instruit; déja vieux,, fort zelé pour l'églife & pour les loix, dont le mépris l'affligeoit fenfiblement. Il avoit été élû. patriarche par le concile avant Manuel, du tems de l'empereur Jean Vatace. Mais l'empereur craignant fon zele, s'opposa à l'élection, & dit : S'il eft infupportable étant archidiacre, que fera-ce quand il fera patriarche ? Il fut ordonné métropolitain d'Ephese mais il avoit toûjours fur le cœur l'injustice que l'empereur lui avoit faite : c'est pour quoi il ne fe fit point prier quand il fut élû à la place d'Arfene, croyant qu'elle lui étoit dûe 6. 17. par la vocation divine. Il fut donc déclaré patriarche, & vint s'établir à Nicée, apportant quantité d'or. Mais quelques prélats défaprouverent fon élection; entr'autres, Andronic de Sardes & Manuel de Theffalonique- Le peuple avoit auffi : averfion pour Nicephore, & fouhaitoit le retour d'Arfene. Nicephore s'appuyoit fur la protection de l'empereur, & quitta Nicée, pour le fuivre en Thrace, où il étoit paffé dans l'efpérance de reprendre. Conftantinople. AN. 1260. II. Concile d'Arles, Gal. Chr. tom. I§ 'P. 59. Tom. 9. conse P. 23599 Florentin évêque d'Acre en Palestine, venoit d'être transferé à l'archevêché d'Arles en Proven- Joachimites. ce, & célébra avec fes fuffragans l'année 1260 ou la suivante, un concile provincial, où il publia dix-fept canons. Dans la préface il dit: Il s'eft élevé de notre tems de faux docteurs, qui mettant pour fondement de leurs extravagances, certains Ternaires, veulent établir dans leurs concordances, une doctrine pernicieuse; & fous prétexte d'honorer le Saint Efprit, diminuer l'effet de la rédemption du Fils de Dieu, & le borner à un certain espace de tems. Le Pere, difent-ils, a operé depuis le commencement du monde, jus ques à l'avenement du Fils : d'où vient qu'il dit dans l'évangile : Mon Pere opere jufques à préfent, J. v. 17. & j'opere auffi. L'operation du Fils a duré jufqu'à maintenant, pendant mille deux cens foixante ans : après lefquels le Saint-Esprit dira : Jusques ici, le Fils a operé après le Pere, & j'opererai auffi déformais. A quoi ils appliquent les mille deux cens foixante jours marqués dans l'apocalypfe, & les mille ans après lefquels fatan fera déchaîné, comme fi dans le cours du fiécle prefent, le SaintEfprit devoit être envoyé plus glorieusement que quand il fe répandit fur les Apôtres, se rendant fenfible par le feu & par le don des langues. Ces Joachimites fur le fondement des trois per Apoc. XI. 3.219. 6. xx. 3.7. |