églifes d'Angleterre. Enfuite les prélats envoye- AN. 1261. rent des députés à Rome, pour affifter au concile qui s'y devoit tenir, & rendre compte au pape des délibérations qu'ils avoient faites dans leurs conciles, principalement pour réfifter aux Tartares. On envoyoit ces députés, à frais communs, tant du clergé feculier, que du régulier: mais les religieux exemts apprirent que les députés avoient promis aux évêques avec ferment, de ne rien laiffer paffer en cour de Rome contre leurs interêts, & de s'opposer aux réguliers. Sur quoi ceuxci refuferent de contribuer aux frais de la députation; & les évêques en prirent occafion de mander au pape, que cette divifion les empêchoit de lui donner une réponse certaine. Mais les reli gieux exemts envoyerent après, leurs députés particuliers, pour empêcher que ceux des évêques n'obtinffent rien contr'eux. , CV. Westm. p. 380. To. II. conc. A l'occafion de cette convocation generale l'archevêque de Contorberi tint fon concile pro- beth. vincial à Lambeth près de Londres, trois jours devant le concile où affifta le nonce; fçavoir le treiziéme de Mai. On y ordonna des jeûnes, des prieres publiques & des proceffions, pour détourner l'invafion des Tartares: mais de plus, on y fit un reglement pour conferver la liberté de l'é. P. 803. glife contre les entreprises du roi & des juges feculiers. En voici la fubftance. Si un évêque ou p. 804. D. un prélat inférieur eft appellé par lettre du roi ou de quelque autre puiffance, à un tribunal feculier, nous lui défendons d'y répondre, fur ce qui regarde purement fes devoirs & le tribunal AN. 1261. eccléfiastique; comme de n'avoir pas confere des benefices, d'avoir prononcé des cenfures, dédié des églises, ou fait des ordinations : d'avoir pris connoiffance des dîmes, des oblations, ou des limites des paroiffes, du parjure, du facrilege, des entreprises sur la liberté ecclésiastique, ou des actions perfonnelles entre clercs. Sur tous ces cas & les autres femblables, les prélats cités devant le juge feculier, n'y répondent point mais afin de garder au roi le refpect qui lui eft dû, les évêques iront le trouver, ou lui écriront, pour lui déclarer, qu'ils ne peuvent obéir à de tels ordres, & que de leurs côté ils n'entreprennent point fur la jurifdiction feculiere. Que fi les officiers, ou le roi même continuent leurs entrepri fes, les évêques mettront leurs terres en interdit, chacun dans fon diocèfe: & en cas qu'ils perféverent dans leur endurciffement, on étendra 808. l'interdit fur les diocéfes entiers. Parce que les intrusions sont devenues fréquentes, nous défendons étroitement, avec l'approbation du concile, à aucun clerc, d'occuper de fon autorité aucune cure; prébende, ou autre bénefice, ou s'en faire mettre en poffeffion par la puissance séculiere. Autrement if fera excommunié, puis on le privera des fruits de fes autres bénefices; & enfin on le dép. 801. clarera incapable d'en tenir aucun. Il étoit d'ufage que les évêques faifoient mettre en prison les excommuniés, jufques à ce qu'ils euffent fatisfait, & que le roi accordoit fes lettres pour ces captures mais quelquefois il les refufoit', ou les vicomtes & les autres officiers délivroient les pri AN. 1261. fonniers malgré l'évêque. En ce cas le concile ordonne que les officiers feront exommuniés, & les domaines du roi-mis en interdit. Il défend de même les captures des clercs par les juges feculiers, les amendes qu'on leur impofoit, les faifies de leurs biens. Il défend d'empêcher de donner des' vivres à ceux qui étoient réfugiés dans les églifes. Il condamne l'abus que faifoient les officiers p. 8.1. du roi & des feigneurs du droit de garde des églifes cathédrales ou conventuelles, lorfqu'elles étoient' vacantes en dégradant les terres, fous prétexte d'en percevoir les fruits. Enfin il regla quelques autres points de la jurifdiction eccléfiaftique. Il faut fe fouvenir que cet archevêque de Cantorberi, si zelé pour soutenir contre le roi même les ́ préroragatives dont l'églife jouiffoit alors, étoit' Boniface de Savoye, oncle de la reine, qui n'étoit monté fur ce grand fiége, que par la pure sup. liv. LXXXII. faveur du roi, fans aucun mérite eccléfiaftique. On tint auffi plufieurs conciles en Allemagne fatisfaire à l'ordre du pape, & fe difpofer à pour résister au Tartares. Varner ou Garnier archevê P. 826, ex. Siffrido. l'on compte que de Mayence, célebra le fien, que l'on pour le dix-feptiéme de cette province; & on y fit plufieurs reglemens utiles pour l'augmentation du fervice divin, & la réformation du clergé : entr'autres, qu'un prêtre qui retiendroit publiques ment chez lui une concubine, feroit fufpens de plein droit; & s'il célebroit en cet état, il feroit chaffé du diocèfe. L'archevêque Varner avoit fuc- Siffrid. 1160. cedé à Gerard l'année précédente 1260. Il alla à 1. p. 844. Rome faire confirmer fon élection, & recevoir le 1.4. V I. Autres conciles. To. 11.cone 11. Serrar. Mag. lib. 1.c.33. 1261. Serrar. lib. AN. 1261. To. 11. p. 782. Rub. liv. Iy. hift. P. 435. VII. pape. pallium, & y fut facré par le pape Alexandre IV. qui la même année 1261 facra auffi trois autres archevêques d'Allemagne, Henri de Treves, Hilde-bolde de Brême, & Conrad de Magdebourg. A Ravenne l'archevêque Philippe Fontaine tint un concile provincial fur le même fujet du fecours contre les Tartares, en conféquence de l'ordre du pape. En ce concile le clergé fe plaignit des freres Prêcheurs & des freres Mineurs, difant, qu'ils ne prêchoient point en faveur des dîmes, qu'ils recevoient les confeffions qui devoient être faites aux curés, donnoient la fepulture à leurs paroiffiens, & s'attribuoient la prédication à leur préjudice. Ce qui nous empêche, ajoûtoient-ils, de lever le fubfide d'argent ordonné contre les Tartares. Alors Opizon de S. Vital évêque de Parme, fe leva, & dit: Je m'étonne fort qu'on accuse ces religieux de ce qui leur devroit attirer de grandes louanges. C'est Dieu qui ayant pitié de nos befoins, a suscité ces ordres si nombreux, compofés des hommes les plus doctes & les plus pieux de notre tems qui non-feulement ne fongent pas à ramaffer des dîmes, mais fans prendre aucun foin de leur fub. fiftance, & des commodités de la vie, vont travailler à la converfion des nations les plus bar. bares. Ce difcours rendit l'évêque Opizon odieux à plufieurs perfonnes. Enfuite de tous ces conciles, les princes Chrédre. Urbain IV. tiens & les prélats envoyerent au faint fiége des ambassadeurs & des députés : mais la plupart n'arSup. liv. Lxxxiv. riverent qu'après la mort du pape Alexandre. Il n'étoit plus à Rome depuis quatre ans car n'o Rain. 1262.n.31. 12.45. : fant y demeurer, il fe retira à Viterbe au mois de Mai 1257, & y demeura quinze mois, jufques au commencement de Septembre de l'année fuivante puis il paffa à Anagni, où il étoit encore le vingt-uniéme d'Octobre 1260. Enfin il retourna à Viterbe, & y mourut le jour de faint Urbain, vingt-cinquiéme de Mai 1261, après fix ans & cinq mois de pontificat. Il fut enterré dans l'églife de S. Laurent cathédrale de Viterbe; & le faint fiége vaqua trois mois & quatre jours. Entre autres reglemens pour les inquifiteurs, il leur ordonna de vendre les biens confifqués fur les herétiques, & d'en réserver le prix pour les béfoins de l'église Romaine. Rain. 1261. 11.7. Sup.liv. LXXXIV. Il ne fe trouvoit à Viterbe que huit cardinaux : deux évêques; celui de Tufculum, Eudes de Châ- n. 66. teauroux, & celui de Palestine, Etienne Hongrois de nation; deux prêtres, Jean de faint Laurent Anglois, & Hugues de faint Cher du titre de faint Sabine quatre diacres tous Italiens, Richard Annibaldi du titre de faint Ange, Octavien de fainte Marie in via lata, Jean Gaëtan de faint Nicolas, & Ottobon de faint Adrien. Ces huit cardinaux se trouverent tellement divifés, qu'ils · ne pûrent convenir d'aucun de leur corps, & s'accorderent enfin à élire pape Jacques Pantaleon Anon. de reb. Sic. patriarche de Jerufalem, qui fe rencontroit à Vi- P. 856. terbe, pour folliciter une affaire de fon églife. C'eft que le pape Alexandre avoit donné aux Hofpitaliers le monaftere de faint Lazare de Bethanie, ordre de faint Benoît; en quoi le patriarche prétendoit que l'églife de Jerufalem étoit no |