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faveur du Roy & des Princes. Il vint C. MAdonc à Paris vers l'an 1505. & com- ROI. me il dit dans le même endroit qu'il avoit dix ans, lorfqu'il y fut amené il s'enfuit qu'il a dû naître vers l'an 1495.

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Après fes premieres études, qu'il fit affez mal, fuivant la maniere de fon temps, où les fciences étoient peu cultivées fon pere voulant

l'avancer dans les voyes de la fortyne, commença à le mettre dans le train ordinaire du Palais.

Mais il fe dégoûta bien-tôt de cette profeffion, qu'il quitta pour en fuivre une moins pénible. Il fe mit au fervice de Nicolas de Neufville, Seigneur de Villeroy en qualité de Page, & il demeuroit chez lui en 1515. lorfqu'il composa fon Temple de Cupidon.

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Il n'en fortit que pour aller à la Cour trouver fon pere, qui y exerçoit auprès de François I. la charge de valet de Garderobe, ou fi l'on veut de valet de Chambre. Il y fut d'abord fans autre employ que celui d'étudier la Cour, dont il prit toute la poli teffe. Comme il n'étoit pas fçavant,

ROT.

C. M A-lorfqu'il y entra, il n'eut pas le temps de le devenir. Le defir de fe faire connoître lui fit alors hazarder plufieurs pieces de Poëfie qui réüffirent malgré cela, & donnerent lieu de juger qu'il iroit loin en ce genre.

Mais comme la qualité de Poëte n'eft pas d'une grande reffource pour les befoins de la vie, il fongea à se procurer un établissement, & il en poursuivit un auprès de la Princeffe Marguerite, Ducheffe d'Alençon, à qui il fut prefenté de la part du Roy. Marot pour s'introduire auprès d'elle plus ingenieufement, crut devoir n'y point aller les mains vuides. Il fçavoit que cette Princeffe avoit un goût exquis pour la Poëfie où elle réüffiffoit auffi bien que dans la Profe, & pour en être mieux reçu, il lui porta une Epître à fa loüange, dont l'invention eft fort ingenieufe.

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La Ducheffe d'Alençon agréa fes fervices, & le reçut fur la fin de l'année 1518. dans fa Maison, en qualité de valet de Chambre. Mais il lui fallut encore effuyer quelque embarras pour être couché fur l'état de fa Maifon, c'eft ce qui occafionna la

ROT.

Ballade huitième, qui eft prefque ce C. MA qu'il a fait de moindre en ce genre. Ses occupations auprès de fa Maîtreffe n'étoient pas affez grandes pour l'empêcher de fuivre le Roy, ou de fe trouver à l'armée. Il fuivit donc François I. à Reims & à Ardres en 1520. & le Duc d'Alençon au Camp d'Attigny, où il avoit en 1521. le commandement de l'Armée de France; il fut auffi la même année à l'Armée du Hainault que François I. commandoit en perfonne.

Ce Prince étant paffe en Italie, Marot l'y accompagna, & fe trouva à la malheureufe bataille de Pavie, qui fe donna le 24. Fevrier 1525. il y fut même bleffe au bras gauche, & fait prifonnier, comme il le dit luimême dans fa premiere Elegie, où il parle ainfi à une perfonne qu'il

aimoit.

Là fut percé tout outre rudement
Le bras de cil qui t'aime loyauments
Non pas le bras dont il a de coûtume
De manier, ou la lance ou la plume,
Amour encor le te garde & réserve,
Et par écrit veut que de loin te ferve,

C. MA-Finalement avec le Roy mon maître
De-là les monts prisonnier fe vit eftre
Mon trifte corps, navré en grand souf-
france,

ROT.

Il fut bien-tôt après remis en liberté; mais il n'en jouit pas longtemps. Car une de fes Maîtreffes s'étant brouillée avec lui, le dénonça au Docteur Bouchard, qui avoit été fait Inquifiteur de la Foy en France pour arrêter les nouvelles opinions qui commençoient à s'y introduire, comme un homme qui n'obfervoit point l'abstinence prefcrite par l'Eglife, & qui par-là rendoit fa foy fufpecte; & fur cette dénonciation cet Inquifiteur le fit arrêter & conduire au Châtelet, vers la fin de l'année 1525.

Ce fut à ce fujet qu'il compofa cette Ballade fi celebre.

Un jour j'écrivis à m'amye
Son inconftance feulement ;
Mais elle ne fut endormie
A me le rendre chaudement;
Car dès l'heure tint parlement
A je ne fçai quel Papelard,

Et

Et lui a dit tout bellement,

Prenez-le, il a mangé le lard.

Lors fix pendards ne faillent mye
A me furprendre finement :
Et de jour, pour plus d'infamie
Firent mon emprisonnement.
Ils vinrent à mon logement
Lors fe va dire un gros paillard:
Par la morbien, voilà Clement,
Prenez-le, il a mangé le lard.

Or eft ma cruelle ennemie
Vangée bien amérement ;
Revange n'en veux, ne demie,
Mais quand je penfe, voyrement
Elle a de l'engin largement,
D'inventer la fcience & l'art
De crier fur moy hautement :
Prenez-le, il a mangéle lard.

Envoy.
Prince, qui n'eût dit pleinement
La trop grand chaleur, dont elle ard;
Jamais n'eût dit aucunement
Prenez-le, il a mangé le lard.

Marot compofa auffi alors fon Epître 10. qu'il adreffa à Bouchard Tome XVI.

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