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C. MA- pour l'affurer de la pureté de fa foy; mais cette démarche ne lui fervit de rien. Il fut obligé de comparoître devant le Lieutenant criminel, qui lui rappella une partie de fes débauches, dont il étoit inftruit. Tout ce qu'il fit pour fe fouftraire à fon autorité fut auffi inutile; envain fe reclama-t-il de la Ducheffe d'Alençon dont il étoit domestique; envain employa-t-il le nom-même du Roy & de tout ce que la Cour avoit de plus refpectable; on n'y eut point d'égard. On crut feulement lui faire grace en le transferant dans les prifons de Chartres, qui étoient moins defagréables & plus faines que celles

de Paris.

Il y goûta une efpece de liberté, qu'il n'avoit pas goûtée dans le Châtelet; il y fut vifité par tout ce qu'il y avoit de perfonnes confidérables: dans la Ville, & fa gaïeté qui ne l'avoit pas tout-à-fait abandonnée, s'étant réveillée, il y compofa fon Enfer, qui eft proprement une fatyre contre les gens de Juftice.

Ce fut auffi dans cette prifon qu'il revit le Roman de la Rofe dont il don

na deux ans après une édition nou- C. MA

velle.

L'abfence de la Cour, qui étoit allé fur les frontieres recevoir le Roy François I. qui revenoit d'Espagne differa beaucoup le terme de la délivrance de Marot; mais enfin il fut à force de follicitations remis en li berté au Printemps de l'an 1526. & il en témoigna auffi-tôt après fa reconnoiffance à fes amis par un Rondeau datté du r. May de cette année. Peu de temps après il eut à effuyer une nouvelle difgrace, à laquelle il donna peut-être occafion, en tirant des mains des Archers un homme qu'ils vouloient arrêter. Il en fut du moins accufé; on informa contre lui; il fút décreté, & enfuite arrêté au mois d'Octobre 1527.

Il compofa à cette occafion fon Epitre 26.qu'il adreffa au Roy, pour lui demander fon élargiffement; & ce Prince écrivit auffi-tôt, c'est-àdire le 1. Novembre fuivant, à la Cour des Aydes pour le faire mettre en liberté ; ce qui fut executé le 5. de ce mois, comme il paroît par le Regiftre de cette Cour. Quelques Au

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C. M A-teurs ont confondu mal à propos ce fecond emprifonnement avec le premier, qui s'eft fait pour un fujet tout different, comme on l'a vû ci-deffus.

Il avoit perdu fon pere en 1523. & avoit fuccédé à fa charge de valet de Chambre du Roy; mais fans être mis fur l'état de fa Maifon, où fon nom fut long-temps omis: ce qu'il faut attribuer aux ennemis qu'il s'étoit fait à la Cour. Il préfenta fur ce fujer à François I. une Requête, qui eft fon Epître 34. pour fuccéder en l'Etat de fon pere Mais tout ce qu'il put obtenir fut une Ordonnance fur le Tréfor Royal, qui devoit lui être payée comme à un Officier de la: Maifon du Roy; encore le Tréforier Preudhomme refufa-t-il d'abord d'y fatisfaire, & ne le fit que fur de nouveaux ordres que Marot fut obligé de folliciter.

Il efpéroit enfin être couché für l'état que l'on dreffa pour l'année 1530. & il s'employa pour cela auprès d'Anne de Montmorency, GrandMaître de la Maifon du Roy; mais. fa mauvaife fortune l'y fit encore omettre, & il fallut qu'il eut de

nouveau recours au Roy pour le prier C. MAde fuppléer à cette omiffion par une ROT. nouvelle Ordonnance, que ce Prince lui accorda. Il parvint cependant dans la fuite à ce qu'il defiroit; mais on ne fçait dans quel temps cela

arriva.

La Cour ayant été recevoir en 1530. fur les frontieres d'Efpagne, Eleonor & Autriche qui venoit épouser le Roy François I. & les deux enfans de France qu'elle ramenoit, Marot fut de ce voyage, & préfenta à Bourdeaux fon Epître 14. à la Reine Eleonor.

De retour à Paris, il fut volé par fon Valet; & une facheufe maladie le tourmenta pendant trois mois ; ce qui l'engagea à écrire au Roy fon Épître 28. où il lui fait une defcription fort vive & fort réjoüiffante de fa trifte fituation. C'eft une de fes meilleures pieces. La libéralité du Roy répara bien-tôt le tort que le voleur avoit fait à fa bourfe, & les remédes lui rendirent enfin la fanté.

Le voyage que François I. fit en *533. à Marseille pour s'aboucher avec le Pape Clement VII. ayant oc

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C. MA- cafionné celui du Roy & de la Reine de Navarre dans leurs Etats, Marot qui étoit toûjours au fervice de la Princeffe Marguerite, laquelle avoit époufé en 1527. le Roy de Navarre Ty fuivit ; & lorfque les deux Cours revinrent, il accompagna celle de Navarre à Blois. Ce fut-là qu'il fe vit attaqué par la plus rude tempête qu'il eut encore effuyé.

Les progrès que les nouvelles erreurs faifoient en France engagerent alors François I. à prendre quelques mefures pour les arrêter. On chercha avec foin ceux qui contribuoient à les répandre ; plufieurs perfonnes furent emprifonnées, quelques-uns même furent mis à mort. Marot ayant été accufé de s'être laiffé féduire par les Novatcurs, & d'avoir du goût pour leurs fentimens, fe trouva enveloppé dans ces recherches.

Le Lieutenant criminel alla en fon abfence faifir fes papiers & les livres ; pour lui, inftruit par des exprès que les amis lui envoyerent du danger qui le ménaçoit, il se hâta de fortir de Blois, & fe retira en Bearn fous la protection de la Reine de Navarre,

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