qui inclinoit auffi vers les nouvelles C. MADoctrines.

Cependant il ne fe crut pas fuffifamment en fûreté dans ce Païs, parce que cette Princeffe ayant quelques mefures à garder ne vouloit pas paroître protéger les perfonnes fufpectes: Ainfi il paffa les Alpes, & fe rendit à Ferrare, où la Ducheffe Renée de France favorifoit les Religionnaires.

les

Après quelque féjour en cette ville, l'amour de la Patrie commença à le tourmenter, & à lui faire chercher moyens d'y retourner. D'ailleurs le Duc de Ferrare ne voyoit qu'impaziemment la Ducheffe fon époufe attirer dans fes Etats des François, ou des gens defagréables au faint Siége. Cette circonftance l'obligea à fe retirer en 1536. à Venife, d'où il écrivit au Dauphin de France pour l'engager à obtenir fon rappel, auquel la Ducheffe de Ferrare voulut bien auffi s'intereffer.

Après deux années d'exit, il fut rappellé vers la fin de l'an 15:36. & ne differa pas à regagner la France. Il fe rendit à Lyon, dans l'efpérance d'y

ROT.

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C. M A-trouver le Roy, qui y étoit allé vers ce temps-là; mais il ne fut pas affez heureux pour pouvoir l'y joindre; il ne laiffa pas d'y être bien reçu du Cardinal de Tournon, qui en étoit Gouverneur, & de tout ce qu'il y avoit de confidérable dans la Ville.

Ce Cardinal obligea alors Maret à faire abjuration des nouvelles erreurs, & peut-être étoit-ce fous cette condition qu'il avoit obtenu fon rappel. C'eft une particularité que nous apprenons dans le Rabais du caquet de Marot, (a) où l'on parle ainfi :

Marot, comme on a bien fçu,
A été à Lyon reçu,

Pour fe rejoindre à notre Eglife.
Mais on fçait bien en quelle guife,
Car il y avoit pour le moins
Une douzaine de témoins.
Qui l'ont rebatife au monde
En abjurant l'erreur immonde.
Je dis erreurs, non pas erreur ̧

(a) C'eft une piece de François Sagon, faite au nom de Matthieu de Boutigny, fon Page, pour répondre à une autre de Marot compofée fous celui de fon valet FripeLippes.

Tant

Tant y en a que c'eft horreur.
Aufquels il a fallu que ton Maître
Ait renoncé premier que d'eftre
Purgé, baptife, & refaict,
En abolifant fon forfait.
La faute eft par lettre abolye,
Mais il ne faut pas qu'il oublye,
Qu'il porte la mort au dedans..

Le nom de Marot avoit été pendant fon abfence rayé de l'état de la Maifon du Roy; cependant François I. ne voulut point donner fa charge à Charles de la Hueterie, qui la follicitoit avec inftance, & lorfqu'il fut revenu, & qu'il eut demandé à ce Prince, par une Epigramme, d'être remis en fon état, il obtint de lui ce qu'il fouhaittoit.

C. MA

ROT.

Le Roy s'étant rendu à Lyon pour paffer de-là en Italie, Marot l'y fuivit, & y renouvella fes affiduitez auprès de M. de Villeroy, dont il avoit été Page; il lui dédia alors par une Epître du 15. May 1538. la révifion de fon Temple de Cupidon, qu'il avoit fait chez lui, il y avoit plus de 20. ans.

L'Année fuivante 1539. le Roy
Tome XVI.

L

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C. MA-tomba malade mais fa maladie n'ayant eu aucune fuite fâcheufe Marot fit éclater la joye par deux Cantiques qui fe voyent parmi fes chants Royaux.

Depuis ce temps-là fa vie fut affez tranquille, jufqu'à l'an 1543. que fa traduction des Pfeaumes, qu'il avoit publiez quelques années auparavant, lui caufa, comme je le dirai plus bas des chagrins & des embarras, qui l'obligerent à fortir pour toûjours de la France. On connoiffoit fon attachement aux nouvelles opinions, & des difcours qui lui échappoient de temps en temps ne le rendoient que trop fufpect en matiere de Religion; le Roy même prévenu fur ce fujet contre lui, lui retira fa protection; ainsi ayant tout à craindre du zéle de ce Prince, & de l'animofité de fes ennemis, il fe retira à Geneve.

Il n'eut le temps que d'y faire encore la traduction de vingt nouveaux Pleaumes; car il y mena une vie fi fcandaleufe, qu'on l'obligeat d'en fortir. Sa conduite avoit toûjours été fort déreglée, & l'âge n'y corrigea rien ; il mourut comme il avoit vêcu.

Ainfi Baillet a fait une fauffe réfle- C. MA xion dans fa Préface des Jugemens des ROI. Sçavans fur les Poëtes, lorfqu'il a dir que » Clement Marot témoigna quel» que répentir des excès de la jeuncf»fe, & que Vatable eut tant de pou>> voir fur lui par fes remontrances » qu'il le fit renoncer à la galanterie, » & entreprendre par un efprit de » pénitence la traduction des Pfeau» mes en vers François.

On ne fçait rien de particulier de ce qui le fit chaffer de Geneve; car on ne peut guéres s'en rapporter au témoignage de Victor Cayet & de Florimond de Remond, fon copifte, qui difent qu'il débaucha la femme de fon hôte, & que comme l'adultére eft puni de mort à Geneve, il n'auroit pas manqué d'être pendu, fi le crédit de Calvin n'eut fait com-. muer cette peine en celle d'être foüetté par tous les carrefours de cette Ville. Cela paroît un conte fait à plaifir; car comment Marot, fi une telle avanture lui étoit arrivée, auroit-il ofé fe préfenter après, comme il fit, devant ceux qui commandoient en Piemont pour le Roy de