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GRAIS.

J. DE SE-étoit obligé en confcience d'y mettre ordre; ce que ce Prélat lui ayant dit, elle donna ordre à Segrais de fortir de chez elle.

M. de Segrais ne manqua pas alors de reffources. Madame de la Fayette eut la generofité de lui donner un appartement chez elle, & il nous apprend lui-même (a) que M. le Duc de Longueville lui envoya auffitôt après deux cens pistoles, en le chargeant très-expreffement de n'en rien dire à perfonne.

Laffé enfin de vivre dans le grand monde, il fe retira à Caën, réfolu d'y paffer le refte de fes jours. Il y époufa une riche héritiere, qui étoit fa parente, & ce mariage le mit en état de vivre à fon aife felon fa qualité, & de faire un établissement confiderable. Perfonne ne marque l'année où il fe maria, mais on peut juger que ce fut en 1679. par ce paffage du Segraifiana, (b) qui contient une particularité de fa vie, qui doit trouver ici fa place.

» Madame de Maintenon, dit-il

(a) Segraifiana, p. 75.
(b) p. 135.

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en cet endroit, a voulu me mettre J. DE SE» auprès de M. le Duc du Maine, en GRAIS. »la même qualité que M. de Court, » qui fut appellé à mon defaut. Je » venois de me marier,& j'avois par -» mon mariage honnêtement dequoi » vivre dans l'indépendance, & même mon beau-pere & ma belle» mere, qui étoient fort âgez, que je » confultai là-deffus, me reprefente»rent que j'avois dequoi raifonnable»ment me contenter, qu'ils étoient d'un âge à croire que Dieu les appelleroit bien-tôt, & qu'alors je "pourrois vivre fans avoir rien à » fouhaitter; je confiderois encore » que j'avois en ce temps-là cin"quante cinq ans, & qu'il falloit » au moins pour attendre la récompenfe des fervices que je pouvois » rendre à M. le Duc du Maine » une dixaine d'années, & je n'avois >> aucune certitude de vivre fi long» temps De plus j'avois déja un » peu de furdité, & ce fut le pré» texte que je pris pour m'excufer. » Madame de Fontevrault, fœur de Madame de Montefpan, me manda » qu'il ne s'agiffoit pas d'écouter le

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GRAIS.

دو

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J. DE SE-» Prince, mais de lui parler ; je fis réponse que je fçavois par expeperience, que dans un Païs com» me celui-là, il falloit avoir bons » yeux, & bonnes oreilles. En effet » il faut y connoître parfaitement » fon monde, & parler plus fouvent » à l'oreille qu'à haute voix. Ainfi je » demeurai comme j'étois.

M. de Segrais avoit été reçu à l'Academie Françoife dès l'année 1662. & comme celle de Caën étoit demeurée fans protecteur depuis la mort de François de Matignon, Lieutenant de Roy en Normandie, arrivée en 1675. il en recueillit les membres chez lui, où il fit accommoder un appartement fort propre, pour y tenir leurs affemblées.

Il fut affligé pendant les derniers mois de fa vie d'une langueur, caufée par une hydropifie, qu'il regarda comme une faveur du Ciel, & dont il fçut profiter en chretien.

Il mourut le 25. Mars (a) 1701. dans fa 77. année.

(a) On s'eft trompé dans la defcription du Parnaffe François, en mettant fa mort le 25. Septembre.

Ses

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pas

;

Ses talens ne fe bornoient pas à J. DE SE bien écrire ; il avoit encore beaucoup GRAIS. d'agrémens dans la converfation; il fçavoit mille chofes agréables, & il les racontoit d'une maniere qui faifoit autant de plaifir que les chofes même. Quand il avoit une fois commencé, il ne finiffoit aifément & M. de Matignon difoit à ce fujet, qu'il n'y avoit qu'à monter Segrais, & à le laiffer aller. Il ne parloit pourtant jamais trop au gré de ceux qui l'écoutoient, & l'extrême furdité où il étoit tombé fur la fin de fes jours n'empêchoit pas que les perfonnes les plus diftinguées ne l'allaffent voir, pour le plaifir feul de l'entendre. C'étoit un homme doux complaifant, aimant à faire plaifir, & ne difant jamais rien de defobligeant de perfonne.

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M. de la Monnoye fit à l'occafion de fa mort cette Epigramme, qu'on. a attribué mal-à-propos à l'Abbé: Teftu dans un Recueil d'Epigrammes: publié en 1720.

Quand Segrais affranchi des terreftres.

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J. DE SE- Defcendit plein de gloire aux champs

GRAIS.

Elyfiens,

Virgile en beau François lui fut une ha

rangue;

Et comme à ce difcours Segrais parut.
Surpris:

Si je fçais, lui dit-il, le fin de votre
Langue

C'est vous qui me l'avez appris.

Catalogue de fes Ouvrages. 1. Athis Paftorale. Paris 1653 = in-4°. Cette Piece de Poëfie, que M. de Segrais fit en l'honneur de fon Païs, a merité l'approbation de M Huet, qui la trouve préferable à fes autres Ouvrages par la nouveauté de l'invention, & par l'agrément de la fiction; quoique l'obfcurité des lieux que Segrais a choifis, pour être le theâtre des avantures qu'il décrit, & qui ne font connus que par ceux qui Tes habitent, ayent fait perdre à cer Ouvrage une partie des applaudiffemens qu'il méritoit.

2. Les Nouvelles Françoifes, ou les divertiffemens de la Princeffe Aurelie. Paris 1657. in-8°: 2. vol. Ce font des Hiftoriettes qu'il avoit compofées

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