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F. Ju- François Junius, né de Jeanne l'Ermite, dont je parlerai plus bas.

NIUS.

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Ce que M. de Thou a dit de Fran- . çois Junius n'eft qu'une fuite de fautes, où l'on voit fans peine qu'il a pris le change, en lui attribuant ce qu'il auroit dû dire d'Hugues Doneau. » C'étoit, dit-il, un homme d'un efprit leger & inconftant. Il fut "chaffé de Leyden, où il avoit été long-temps Profeffeur, ayant été foupçonné de vouloir y introduire » quelques nouveautez; s'étant retiré » à Altorf, où il avoit été appellé par » la République de Nuremberg, qui lui affigna une penfion confidéra»ble, il y mourut. Il n'y a pas un 'mot de vrai dans tout cela.

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Si on s'en rapporte à Jofeph Scaliger, on ne formera qu'une idée fort defavantageufe du mérite & de la capacité de Junius. Rien n'égale le mépris qu'il témoignoit pour lui dans fes converfations & dans fes Lettres. On n'a qu'à jetter les yeux fur le Scaligerana, qui eft tiré de fes converfations. familieres, pour voir la maniere injurieufe dont il s'exprimoit à fon fujet. La chofe n'eft pas fi visible dans

Les

fes Lettres, parce que Heinfius, qui F. Ju les publia l'an 1627. mit des étoiles N I U S. dans les endroits où Junius étoit maltraité, & en retrancha les noms propres; mais les injures n'y font pas moins réelles, & il eft facile de voir qu'il s'y agit de lui. La paffion y tranfporte trop fenfiblement Scaliger, pour qu'on pût s'arrêter à fes dif cours, quand on ne fçauroit point d'ailleurs qu'il haiffoit mortellement Junius. Deux chofes lui avoient infpiré cette haine. La premiere, que nous apprenons de la vie d'Antoine Valaus, inferée parmi celles de Bates, eft que Jofeph Scaliger voulant avoir la préféance fur les autres Profeffeurs de Leyde, ils s'oppoferent à fa prétention, & que François Junius, qui étoit le premier, porta la parole contre lui, & l'empêcha de parvenir à fon but. L'autre rapportée par Voffius dans la défenfe qu'il a faite de fon beau-pere, eft que Scaliger ne pouvoit fouffrir ceux qui n'étoient pas de fon fentiment, & que Junius ne s'accordoit point avec lui fur quelques points de la Chronologie facrée & fur d'autres chofes.

Tome XVI.

NIUS.

F. Ju Cependant cette haine ne fubfifta qu'autant que la vie de Junius; car dès qu'il fut mort, Scaliger n'en parla plus qu'avec eftime, apparemment parce qu'il ne lui faifoit plus d'ombrage. Il compofa même à fa louange ces vers que l'on ne fera pas faché de

trouver ici.

Juni, quem modo literis potentem,
Pleni Gymnafii frequente cœtu,
Cingebat docilis corona pubis
Docto pendula differentis ore:
At nunc, ô feries iniqua rerum!
Tactus fidere peftilentis aure
Sol pallentibus occidis tenebris!
Te mærens Schola flet fuum Magiftrum,
Orba Ecclefia te fuum parentem,
Doctorem gemit orbis Univerfus.
Flent, flent, non uti vulgus imperitus
Quem morbus docet ipfe, quidvalere eft
Quanti eft filius, orbitate difcit,
Qui nec denique quid potitus olim eft,
Sed quid perdiderit, folet putare.
In te longe alia eft viciffitudo:
Nec quantus fueris, carendo difcit
Qui vivi meritum aftimavit olim.
Et nunc confcia publica querela,
Poftquam triftia te tulere fata

Et clarum Jubar abftulere mundo,

F. Ju

Nos quid perdidimus, quid & dolen- NIU S.... dum eft,

que

Non fcimus magis, at magis dolemus. Voffius, qui rapporte ces vers dans la Préface de fes livres de Hiftoricis Latinis, ajoûte, que Scaliger avoit écrit au-deffous, qu'il les avoit faits dans fon lit à deux heures après minuit, temps auquel il femble l'efprit foit plus maître de fes paffions, qu'il ne l'eft pendant le jour. D'ailleurs c'étoit dans une trifte conjoncture, la pefte ayant en un mois emporté deux grands ornemens de l'Academie de Leyde, Junius & Trelcatius, & faifant de grands ravages en Hollande; & les funeftes pensées que cette calamité infpiroit, empêchoient fans doute qu'il ne fortît de la bouche ni de la plume de Scaliger rien qui ne fût très-fincere.

Il faut donc rabattre beaucoup du mal que cet Auteur a dit de lui, & des loüanges exceffives que d'autres lui ont données. » On lui rendra juftice, felon M. du Pin (a) en avoüant

در

(a) Bibliot. des Auteurs heretiques, tom. I.

p. 596.

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כן

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رو

دو

و

F. J u-» qu'il avoit une érudition très-étenNIUS. » duë, qu'il étoit habile Critique, qu'il fçavoit bien les Langues, & » que fes notes & fes réflexions font » affez juftes: néanmoins il ne peut paffer que pour un bon Grammai» rien & un médiocre Theologien. Junius n'étoit pas Calvinifte rigide. Quoiqu'il crût, fuivant le préjugé vulgaire du commun des Proteftans que l'Eglife Romaine étoit Meretrix Babylonica, il prétendoit cependant qu'on pouvoit s'y fauver; que c'étoit un corps vivant, mais plein d'ulceres; que c'étoit une proftituée, mais qui ne laiffoit pas d'être l'époufe de Jesus-Chrift, parce qu'il ne l'avoit pas répudiée. Sentiment qui déplut aux Theologiens de Geneve. Catalogue de fes Ouvrages.

1. Bibliorum Pars I. id eft quinque libri Moyfis Latini recens ex Hebræo facti, brevibufque Scholiis illuftrati ab Immanuele Tremellio & Francifco Junio. Francofurti 1575. in-fol. Pars II. id eft libri Hiftorici. Ibid. 1576. in-fol. Pars III. id eft libri Poetici. Ibid. 1579. infol. Pars IV. id eft libri Prophetici. Ibid. 3579. in-fol. Libri Apocryphi, five

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