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M. DEla Boetie, avec lequel il fut lié d'une MONTA- étroite & conftante amitié.

GNE.

La réputation, que fon mérite lui acquit, lui procura des honneurs & des dignitez, dont malgré fa modeftie, il a pris foin de nous inftruire dans fes Effais.

Le Roy Charles FX. l'honora du Collier de l'Ordre de S. Michel. Etant enfuite allé en Italie & fe trouvant à Rome en 1581. les Confervateurs de cette Ville le déclarérent Citoyen Romain & lui en donnerent des Lettres Patentes, qui font dattées du 13. Mars de cette année, & qu'il a inferées dans le ch. 9. du troifiéme livre de fes Effais.

Il étoit à Venife, lorfqu'il fut choifi pour remplir la Charge de Maire de Bourdeaux, Charge à laquelle on n'élevoit alors que des perfonnes de la premiere condition, & quelquefois même les Gouverneurs de la Provin

će, & que fon pere avoit poffedée

auparavant.

Il y fuccéda à M. de Biron, Maréchal de France, & après l'avoir remplie deux ans, fuivant la coûtume il fut continué deux nouvelles an

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M. DE

nées, ce qui n'avoit été fait encore

que

deux fois. Au bout de ce temps MONTAil eut pour fucceffeur un autre Mare- G N E. chal de France, Monfieur de Mari

.gnon.

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Il vêcut depuis tranquille dans fa maifon de Montagne. Il jouit pendant plufieurs années d'une parfaite fanté mais lorsqu'il fut avancé en âge, il fut fort affligé des douleurs de la pierre & de la colique, fans vouloir jamais faire de reméde; tant il avoit d'averfion pour la Médecine; averfion qu'il a fait affez connoître dans fes Effais, & qu'il avoit herité de fes peres.

Il mourut d'une efquinancie, qui lui ôta pendant trois jours Pufage de la langue, fans lui rien ôter de fon efprit & de fon bon jugement. Il fuppléa pendant tout ce temps par F'écriture au défaut de la parole. Scncant fa fin s'approcher, il pria fa femme de faire venir quelques Gentilshommes de fes voifins, pour l'affifter dans fes derniers momens. Lorfqu'ils furent arrivez, il fit dire la Meffe dans fa chambre; comme le Prêtre Elevoit l'Hoftie, il fe leva auffi-tôt

M. DE fur fon lit, le mieux qu'il pût, pour MONTA-l'adorer; mais une foibleffe l'enleva dans ce moment le 13. Septembre 1592. dans fa 60°. année.

GNE.

Il fut porté à Bourdeaux & enterré dans l'Eglife d'une Commanderie de S. Antoine, qui a paffé depuis aux Feuillans, où fa femme lui fit dreffer cette Epitaphe.

D. O. M. S.

Michaeli Montano Petrocorenfi Petri F. Grimundi N. Remundi Pron, Equiti Torquato, civi Romano, civitatis Biturigum Vivifcorum Ex-Majeri, Viro ad natura gloriam nato; quojus morum fuavitudo, ingenii acumen, extemporalis facundia, & incomparabile judicium, fupra humanam fortem eftimata funt. Qui amicos ufus Reges Maxumos,.& terra Gallia primores Viros, ipfos etiam fequiorum partium præftites, tamenetfi patriarum legum, & facrorum avitorum retinentiffimus, fine quojufquam offenfa, fine pallo aut pipulo, univerfis populatim gratus, utque antidhac femper advorfus omnes dolorum minacias manitam fapientiam labris & libris profeffus, ita in procinétu fati cum morbo pertina

citer

M. DË

citer inimico diutim validiffime conluc

tatus, tandem dicta factis exaquando, MONTApolcra vita polcram paufam cum Deo GNE. volente fecit.

Vixit ann. 59. menf. 7. dieb. 11. Obiit anno falutis 1592. Idibus Septembris.

Francifca Chaffanea ad luctum perpetuum heu relicta marito dolciffimo univira unijugo & bene merenti morens

P. C.

Il ne laiffa qu'une fille, nommée Eleonor, mariée au Vicomte de Gammaches.

Le caractere & le genie de Montagne, fe connnoît affez par fes Effais; il s'y eft dépeint au naturel & avec beaucoup de fincérité. On y voit que c'étoit un homme qui penfoit beaucoup; même fur des chofes qui femblent ne pouvoir fervir de matiere à la réflexion. On reconnoît par l'érudition dont cet Ouvrage eft rempli, qu'il avoit beaucoup lû les anciens Auteurs: on peut dire cependant que c'est ce qu'il y a de moindre; les citations fréquentes qu'on y trouve, y font fouvent mal appliquées & déTome XVI,

T

GNE.

M. DE tournées de leur vrai fens. Montagne MONTA- n'étoit point capable de fe gêner en rien, les premieres penfées qui lui venoient dans l'efprit paffoient auffitôt fur fon papier, & il fe fervoir pour les appuyer des premiers paffages des anciens qui fe prefentoicnt à Lui, fans examiner fcrupuleufement étoient y propres ou non; tournure qu'il leur donnoit fuppléoit

s'ils

à tout.

la

Il n'eft peut-être point d'Ouvrage dont on ait dit plus de mal & de bien que du fien; les uns l'ont regardé comme un livre non feulement fans fuite & fans ordre, rempli de mille chofes puériles & indignes d'occuper un homme d'efprit; mais encore dangereux & plein de maximes tendantes à ruiner la pieté, à affoiblir l'efprit de Religion, & à renverfer plufieurs principes inconteftables de la Loy naturelle. D'autres, au contraire, ont prétendu qu'il n'eft point d'Ouvrage de morale où il y ait tant à apprendre ; qu'il devroit être continuellement entre les mains des perfonnes de la Cour, & des gens du monde, qui y peuvent trouver par

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