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but qu'elle s'étoit propofée, de fe M. J. DE borner à l'étude de la Morale, elle Go u R f'abandonna bien-tôt.

Elle n'avoit que dix-huit ou dixneuf ans, lorfqu'elle lut les Effais de Montagne. Cette lecture lui plutextrêmement, & depuis ce temps-là elle conçut un defir ardent d'en avoir & d'en connoître l'Auteur. L'Occafion s'en préfenta 2. ou 3. ans après. Car étant venue à Paris avec fa mere, & Montagne s'y étant rendu aussi de temps après, elle l'envoya faluer & lui marquer l'eftime qu'elle faifoit de fa perfonne & de fon livre.

peu

Montagne charmé de ces avances Falla voir & remercier le lendemain ̧ & dans l'entretien qu'ils eurent enfemble il conçut tant d'affection pour elle, qu'il lui offrit la qualité de fa fille d'alliance, qu'elle accepta avec beaucoup de fatisfaction.

Ils fe virent depuis fréquemment pendant huit ou neuf mois de féjour qu'ils firent ensemble à Paris. Montagne étant mort trois ans après, elle le pleura comme fon pere, & chercha une confolation à la douleur de La perte, dans la publication de fes

NAY.

M. J. DE Ouvrages, qu'elle prit foin de faire GOUR- imprimer für les manufcrits de l'Auteut. Ce qu'elle fit à la priere de fa veuve & de fa fille unique.

NAY.

Elle avoit perdu elle-même fa mere en 1591. & avoit fixé depuis fa demeure à Paris. Se trouvant libre par-là, elle répondit aux inftances que ces Dames lui firent de les aller voir en Guyenne, & elle demeura quinze mois chez elles. De retour à Paris elle entretint toûjours par un commerce exact de Lettres, l'amitié que ce féjour lui avoit fait former avec elles, mais furtout avec Eleonor de Montagne, Vicomteffe de Gammaches, fille de Montagne qui l'aimoit comme fa propre fœur.

Tout le refte de la vie s'est paffé à lire, à compofer, & à s'entretenir avec les perfonnes d'efprit qui étoient en relation avec elle. Elle étoit en commerce de Lettres avec plufieurs Sçavans & plufieurs perfonnes de confidération, tant de France que des Païs étrangers; & après la mort on a trouvé dans fon Cabinet plufieurs Lettres des Cardinaux du Perron Richelieu, Bentivoglio, de S. François

,

de

de Sales; de Henri-Louis de Chafteigner M. J. DE de la Roche-Pozay, Evêque de Poi- GOURtiers; d'Antoine Godeau, Evêque de NAY. Graffe; de Charles I. Duc de Mantone; du Duc de Biron; du Prefident de Grammont, du Prefident Jannin, de Jufte Lipfe, de Balfac, de Mainard, de Daniel Heinfius, d'AnneMarie Schurman, de Madame des Loges & de plufieurs autres perfon

nes.

Rien ne peut égaler les éloges qu'elle a reçus pendant fa vie ; & Dominique Baudius a pouffé la flaterie à fon égard, jufqu'à l'appeller la Sireine Françoife, & la dixième Muse. Mais on eft bien revenu de toutes ces louanges, & quelque merite qu'elle pût avoir par elle-même, fes Ouvrages ne font plus lûs de perfonne, & font tombez dans un oubli dont ils ne fe retireront jamais.

Elle mourut à Paris le 13. Juillet 1645. âgée de 8o. ans, & fut enterrée à S. Euftache.. Elle laiffa fa Bibliotheque à quelques Sçavans qui la fréquentoient, & principalement à M. de la Mothe le Vayer, qu'elle avoit fait fon executeur teftamentaire. Tome XVI.

X

M. J. DE Elle n'avoit jamais voulu fe marier GOUR- foit pour n'être point gênée dans l'amour qu'elle avoit pour les fciences, foit pour d'autres raifons.

NAY,

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Elle avoue dans fes Ecrits la paffion qu'elle avoit eu pendant plusieurs années pour la Chymie & pour le grand'Oeuvre; paffion dont le peu de fuccès des opérations, & les dépenfes qu'elle étoit obligée de faire pour cela, la dégoûtérent enfin.

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On lit dans le Menagiana, tom. 3. p. 83. une particularité fur Marie de Gournay, qui doit trouver ici fa place: Menage la tenoit de M. de Boifrobert, » Deux amis de M. le Marquis 22 de Racan fçûrent qu'il avoit un ren» dez-vous pour voir Mademoiselle » de Gournay. Elle étoit de Gascogne, fort vive & un peu emportée de fon > naturel; au reffe bel efprit, & com» me telle elle avoit témoigné en » arrivant à Paris grande impatience » de voir M. de Racan, qu'elle ne » connoiffoit pas encore de vûë. Un » de ces Meffieurs prévint d'un heure » ou deux celle du rendez-vous, & » fit dire que c'étoit Racan, qui de» mandoit à voir Mademoifelle de

is Gournay. Dieu fçait comme il fut M. J. DE » reçu. Il parla fort à Mademoiselle Go u R» de Gournay des Ouvrages qu'elle N A Y. » avoit fait imprimer, & qu'il avoit

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de

» étudiez exprès. Enfin après un quart
» d'heure de converfation il fortit,
» & laiffa Mademoiselle de Gournay
fort fatisfaite d'avoir vû M. de Ra-
» can. A peine étoit-il à trois pas
›› chez elle, qu'on lui vint annoncer
» un autre M. de Racan. Elle crut
» d'abord
que c'étoit le premier qui
» avoit oublié quelque chofe à lui
dire, & qui remontoit. Elle fe pré-
» paroit à lui faire un compliment là-
deffus, lorfque l'autre entra & fit
» le fien. Mademoiselle de Gournay
"ne put s'empêcher de lui demander
plufieurs fois, s'il étoit veritable-
»ment M. de Racan, & lui raconta ce
qui venoit de fe paffer. Le prétendu
» Racan fit fort le fâché de la piece
qu'on lui avoit jouée, & jura qu'il
» s'en vengeroit. Bref, Mademoiselle
» de Gournay fut encore plus contente
» de celui-ci, qu'elle ne l'avoit été de
» l'autre, parce qu'il la loüa davanta-
»ge. Enfin il paffa chez elle pour
le
» veritable Racan, & l'autre pour un

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