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A. PA- Il s'appliqua de bonne heure à LEARIUS. Pétude des Langues Gréque & Latine, dans lefquelles il fit de grands progrès. Mais il ne fe borna pas-là. il y joignit celle de la Philofophie & de la Theologie. Le defir de fe perfectionner dans toutes ces fciences lui fit parcourir la meilleure partie de l'Italie, & il s'y mit fous la difcipline des plus fameux Profeffeurs qu'il y put trouver.

Son plus long féjour fut à Rome, où il demeura fix ans. Mais cette Ville ayant été prise en 1527. par l'Armée de Charles-Quint, & les defordres qu'y commettoient les troupes de ce Prince ne lui laiffant plus efperer d'y jouir du repos qu'il cherchoit, il prit le parti d'en fortir & de fe retirer en Toscane, où il efperoit trouver de la tranquillité & des fecours pour continuer fes étu des.

Il témoigne dans une de fes Lettres (a) qu'il auroit alors fort fouhaitté de voyager en France, en Allemagne, & même en Grece, mais que la médiocreté de fes biens (a) Epift. 4.

ne lui avoit pas permis de fe fatisfaire A. PAen ce point.

En allant en Tofcane, il étoit encore incertain du lieu où il s'établiroit, & s'étoit réfervé de prendre fon parti, fuivant les circonftances & les avantages qu'il trouveroit. Il paffa d'abord à Peronfe, où l'on voulut le retenir; mais le mauvais état où il vit le College de cette Ville, & le peu d'ardeur qu'il y remarqua dans la jeuneffe pour l'étude, l'en dégoûterent.

Ainfi il fe tranfporta à Sienne dont la fituation lui plut, & où il forma le defféin de fe fixer, quoique cette Ville fut alors divifée en dif ferentes factions, & qu'on n'y joiit point entierement du repos, qu'il fouhaitoit. Ce qui l'y détermina fut L'efprit vif & pénétrant de ses habitans, qu'il jugea par le foin qu'ils avoient pour cultiver leur Langue maternelle, être propres à s'appliquer. avec fuccès à la Latine & à la Gré que.

Pour executer cette réfolution il vendit les biens qu'il avoit à Veroli, La patrie, qu'il abandonna pour tou

LEARIUS.

A. PA-jours fans regret, parce qu'il n'y LEARIUS. étoit pas aimé, comme il l'avoue lui

même.

Il n'eut pas lieu de fe repentir de fon changement de demeure; car après avoir été quelque temps à Sienne il y fut fait Profeffeur en Langue Latine & Gréque, & eut dans cet emploi un affez bon nombre d'Ecoliers.

Se voyant attaché par-là davanta ge à cette Ville, il acheta dans le voifinage une maifon de campagne, nommée Ceciniano, qu'il prétend avoir appartenu à Cecina, dont Ciceron prit autrefois la défenfe, afin de s'y retirer les jours qu'il auroit libres; & il n'oublia rien pour faire de cet endroit un lieu de délices.

Ses amis le déterminerent enfuite à fe marier, & il époufa à l'âge de 34. ans une jeune fille de bonne famille, qu'il aima ardemment tant qu'elle vêcut, & dont il eut quatre enfans, deux garçons, qu'il nomma Lampride & Phedre, & deux filles. qui furent appellées Afpafie & Sophonisbe.

Le repos dont il avoit jqüi jusques

fut un peu

troublé par

la que- A. PA

relle que lui fufcita un de fes Colle- LEARIUS. gues, fâché de voir fa réputation obfeurcie par l'éclat de celle de Palearius. Il ne defigne ce Collegue que par le nom de Machus Blatero; mais il en parle comme d'un ignorant, qui enfeignoit la Langue Latine à Sienne avec fi peu de capacité, que fes propres écoliers n'avoient pour lui que du mépris. Il ne nous apprend point non plus le fujet de la relle, dans laquelle il eut pour défenfeur Pierre Aretin, qui foit pour le vanger, foit pour fatisfaire fon genie mordant & fatyrique, compofa contre fon envieux une piece Italienne, qui fut reprefentée publiquement à Venise.

que

Il s'éleva quelque temps après contre Palearius une autre tempête bien plus confiderable. Antoine Bellantes noble Siennois, accufé de plufieurs malverfations, engagea Palearius à prendre fa défenfè, & celui-ci prononça pour ce fujet dans le Senat de Sienne un difcours qui le tira d'affaire, & le fit abfoudre des accufations intentées contre lui. Quel

,

A PA-que temps après Bellantes accufa quel LEARIUS. ques Moines d'avoir pillé fon ayeule, & fe fervit encore de l'éloquence de Palearins pour foutenir ce qu'il avoit avancé contre eux. Les Moines ayant fait ferment qu'ils n'avoient rien enlevé à cette femme, furent mis hors de Cour & de procès ; mais ils conferverent du reffentiment contre l'Avocat de leur partie, & ne manquerent pas de profiter de l'occafion qui fe prefenta de fe vanger de lui.

*

1

Palearius avoit pris du goût pour. les opinions des Novateurs, & avoit même composé un Traité des méri– tes de la mort de Jesus-Chrift, où il s'éloignoit un peu de la croyance de l'Eglife Catholique. Cela leur fuffit pour déclamer contre lui & le dé-: chirer dans leurs Sermons. Ils ne fe contenterent pas même de le traiter pour ce fujet d'heretique, ils en vinrent bien-tôt jufqu'à l'accufer d'impicté, parce qu'il avoit parlé des. chofes divines avec un ftile plus. pur & plus Latin qu'on n'avoit fair jufques-là, parce qu'il avoit cité plufieurs écrits des faints Peres, & plufieurs monumens de l'antiquité

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