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JEAN

JEAN

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ROTROU.

qui

EAN Rotrou naquit le 19. Août 1609. à Dreux, Ville du Diocèfe de Chartres, de Jean Rotrou, forti d'une des plus anciennes familles du lieu, vivoit honorablement de fon bien & d'Elizabeth le Factien d'une riche famille de Chartres. Tout cela auroit dû lui procurer une place dans la Biblotheque Chartraine du P. Liron, qui cependant n'en dit pas le moindre mot. Mais cela ne doit pas furprendre, y ayant dans cet Ouvrage un grand nombre d'omiffions femblables.

Son goût pour la Poëfie Françoife fe déclara de bonne heure, & il commença des l'âge de 15. à.16. ans à faire des vers en cette Langue; il n'en avoit pas même vingt, lorfque les Comediens de l'Hôtel de Bourgogne reprefenterent. fa premiere piece de Theâtre.

J. RoJR.

TROU.

C'étoit une Tragi-Comedie, intitulée l'Hypocondre, ou l'Amoureux mort. L'approbation qu'elle reçut du : Tome XVI..

H

J. Rc-public, pendant l'efpace de près de deux ans, pendant lefquels elle fur: reprefentée plufieurs fois, encouragea l'Auteur, & il la fit imprimer

TROU.

en 1631.

Elle fut fuivie de la Bagu: de l'Onbli & de plusieurs autres dont je parlerai plus bas.

Le Cardinal de Richelieu, qui avoit beaucoup d'eftime & de confidération pour lui, le mit au nombre des Poëtes, qui travailloient aux Picces, qu'on nommoit alors les Pieces des cing Auteurs, parce qu'ils étoient cinq qui y travailloient, & en compofoient en même temps chacun un Acte.

On fera peut-être furpris qu'il n'ait point été de l'Academie Françoife, mais cet étonnement ceffera quand on fera reflexion

que dans les commencemens de cette Academie on n'y admettoit que ceux qui avoient leur demeure fixe à Paris. Or Rotrou n'étoit pas dans ce cas; car il demeuroit ordinairement à Dreux, étant Lieutenant Particulier, & Civil, Affeffeur criminel, & Commiffaire examinateur au Comté &

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Baillage de cette Ville.

J. RoIl étoit revêtu de toutes ces digni- TROU. tez, lorfque cette Ville fut affligée en 1650. d'une cruelle maladie, dont il mouroit environ vint-cinq à trente perfonnes par jour. C'étoit une fiévre pourprée, accompagnée de tranfports au cerveau, & dont on mouroit prefque toûjours en fort peu de temps. Le frere de Rotrou, qui étoit alors à Paris, lui écrivit pour le prier de mettre fa vie en fûreté, & de quitter Dreux; mais il lui répondit fa confcience ne le lui perque mettoit pas, qu'étant le feul qui put dans des circonstances- fi fâcheufes, veiller fur les befoins de la Ville,' & y maintenir la Police & le bon ordre ( le Maire étant mort, & le Lieutenant General étant à Paris) il ne pouvoit en fortir. Il finiffoit fa Lettre par ces mots : Ce n'eft pas que le peril où je me trouve ne foit fort grand, puifqu'au moment que je vous écris les cloches fonnent pour la vingtdeuxième perfonne qui eft morte aujourd'hui. Ce fera pour moi, quand il plaira

à Dieu.

Peu de jours après fe fentant atta

J. Ro- qué de la maladie, il demanda TROU. auffi-tôt les Sacremens, qu'il reçut avec beaucoup de picté & de réfignation, & mourut le 27. Juin 1650. âgé de près de 41. ans, laiffant trois enfans de Marguerite le Camus fa femme.

On fçait par tradition une particularité affez plaifante de lui. Il étoit joueur, mais il avoit une manieres finguliere pour s'empêcher de perdre tour fon argent à la fois, & à fin de s'en conferver pour les befoins de la vie. Quand les Comediens lui ap-portoient de l'argent pour quelqu'u ne de fes pieces, il le jettoit ordinairement fur un tas de fagots qu'il tenoit renfermez. Quand il avoit be foin d'argent, il étoit obligé de fecouer ces fagots, pour en faire tomber quelque chofe, & la peine que cela lui donnoit l'empêchoit de prendre tout à la fois, & lui faifoit laiffer toûjours quelque chofe en

réferve:

Il étoit fort eftimé de fon temps principalement pour la pratique ré-guliere du Théâtre, quoique fest meilleures pieces ne foient pas exac——

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tement dans les régles. Il eft cepen- J. Ro dant peu fuivi à prefent, & fes pie- TROU ees font entierement tombées dans l'oubli, fi on en excepte fa Tragedie de Venceslas, que l'on reprefente en core quelquefois.

Il avoit appris les principes de fon art de Sebaftien Hardy, qui a donné tant de mauvaifes pieces de Theâtre ; & il fe fit un plaisir d'instruire à fon four le grand Corneille, qui eut toûjours beaucoup de veneration pour lui, & ne ceffa jamais d'eftimer le Venceslas & le Cofroes.

Les Auteurs varient fur le nombre des pieces qu'il a compofées, les uns en mettant vingt-deux, les autres. quarante ; mais ils fe trompent également. Une perfonne d'efprit & de mérite, qui a le Cabinet le mieux fourni en ce genre d'Ouvrages, m'à fourni la lifte de 36. pieces de Rotrou qu'il poffede, qui toutes portent fon nom, & qu'il croit être les feules qu'on ait de lui, avec quelques particularitez fur plufieurs. Je ne ferai que copier ici fon Mémoire.

Catalogue de fes pieces.

1. L'Hypocondre, Tragi-Comedie

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