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AN. 1461.

archevêque de Ravene du titre de faint Clement; Jacques de Cardone Espagnol évêque d'Urgel; Louis d'Albert François, évêque de Cahors, de Mirepoix & d'Aire, du titre de faint Marcellin & de S. Pierre; Gobelin. Com- Jacques Mens-bona Picolomini Luquois, évêque de Onuphy Surita. Pavie, du titre de faint Chryfogone & évêque de Frefcati; François de Gonzague évêque de Mantouë, du titre de faint Pierre aux Liens, & évêque de Boulogne.

ment. Pir II. 7.

. 16. Aubery.

XLII.

Réjouiffances

Ce prélat apprit la promotion en s'en retournant à Rome, où il fut très-bien reçû du pape, & il eut tant de joie de cette nouvelle dignité, qu'oubliant toutes les belles promeffes qu'il avoit faites au roi touchant l'affaire de Naples & la nomination d'un légat François, il ne penfa qu'à fes propres interêts ; il mit entre les mains de sa sainteté l'acte qui caffoit la pragmatique. Tous les Romains prirent à Rome tou- part à cette affaire, & le peuple en témoigna tant chant l'aboli- de joie, qu'il eut l'infolence de traîner par les rues matique. de la ville la carte de cette pragmatique, & d'en faire des réjouissances publiques, comme pour celepragm.& con- brer la victoire du faint fiége fur le concile de Bâle. Le pape envoïa au roi une épée qu'il avoit benie la nuit de Noël, & dont le fourreau étoit enrichi de pierreries. Ce fut tout ce que fa maiefté obtint du pape pour le dévouement fervil qu'il avoit eu pour lui.

tion de la prag

Pinẞon. hift.

cordat.

La nouvelle dignité dont le cardinal d'Arras se voïoit revêtu, ne fatisfit pas encore fon ambition; car aïant appris que l'archevêché de Befançon & l'évêché d'Alby étoient vacans, il les demanda tous deux au pape, qui lui accorda feulement l'option

de

de l'un des deux. Comme celui d'Alby étoit d'un AN. 1461. plus gros revenu, il en fit le choix ; mais parce qu'il ne crut pas fes fervices affez bien recompenfez, il en conferva un fecret reffentiment contre le pape, & il s'en vangea dans la fuite en le traverfant dans toutes les occcafions.

XLIII.
La pragmati-

d'être obfervée en France.

Pithou tom 2. des libertez

Pinfon. loce

Le fouverain pontife ne tira pas de l'abolition de la pragmatique tout l'avantage qu'il s'en étoit promis, parce que le roi indigné de ce que le pape lui que ne laille pas avoit manqué de parole, & de ce qu'il avoit été fa dupe, ne fe mit pas fort en peine de faire exécuter sa déclaration là-deffus, & il punit le cardinal d'Arras de son infidelité, en le difgraciant. Les remon- de l'églife Gallie. trances que le parlement & l'univerfité de Paris firent fupra cit. au roi, contribuerent encore à lui faire fentir la faute qu'il venoit de faire. On lui reprefenta qu'il n'y avoit jamais eu de loi dans l'état qui eût plus folemnellement reçû fon autorité de l'églife univerfelle, que la pragmatique fanction; que depuis fon établissement le roïaume de France avoit toûjours profperé; que les églifes avoient été pourvûës de bons prélats; & la conclufion du parlement de Paris fut que le roi étoit obligé de garder cette loi. Celui de Toulouse verifiant la déclaration du roi l'année fuivante au mois d'Avril, prononça qu'il ne le faifoit que par un ordre exprès de fa majefté. Toutes ces oppofitions furent caufe que la pragmatique fervit toûjours de regle dans la plûpart des articles qu'elle contenoit, & que le roi lui-même fit dans la fuite de nouvelles ordonnances touchant les reserves, & les expectatives, qui étoient prefque l'unique avantage que l'abolition de la pragmatique avoit procuré au fouveTom. XXIII.

V

rain pontife: & jufqu'au tems du concordat la cour AN.1461. de Rome ne put jamais avoir la fatisfaction qu'elle fouhaitoit à cet égard.

XLIV Jacques le bâ

me de Chypre.

Sup. l. cxI. n. 130. & fuiv. Gobelin com

Ꮼ 7.

Eneas Sylvius,

Jacques bâtard de Chypre aïant obtenu ce roïaume du foudan d'Egypte, y aborda avec une flotte tard s'empare confiderable, dans le deffein de s'en emparer par la de tout leroïau- force. Charlotte fecourue des Rhodiens fit une vigoureuse resistance: mais enfin il falut ceder au plus fort. Son malheur ne l'abbatit point. Elle alla chercher du fecours à Rhodes, & aiant affemblé quelques troupes qu'elle joignit à un détachement que fon beau-pere lui avoit envoïé de Savoie, elle revint ment. Pii. II 1.6. à Cerine trouver fon mari, & l'exhorta à marcher vers Nicofie, fe flattant qu'ils pourroient recouvrer in Afia cap. 97. leur roïaume. Mais leurs deffeins aiant été fçûs, Jacques vint au-devant d'eux, & les défit. Il y eut un grand nombre de vaincus qui furent tuez. Le reste fut contraint de fe refugier dans le château de Cerine avec Louis de Savoie où Jacques le tint afliegé.Charlotte perdit ainsi presque toute l'ifle, à l'exception de ce château de Cerine& deFamagouste qui étoit occupée par les Genois. Dans cette extrémité elle fit le voiage deRome,où elle eut une audiencefavorable du faint pere à qui elle expofa fes malheurs & demanda du fecours. Le pape le lui promit, & lui donna tout ce qui étoit neceffaire pour la conduire honnêtement & avec fûreté en Savoye, parce qu'elle vouloit folliciter encore fon beau-pere de la fecourir. Mais elle ne lui trouva plus la même volonté qu'il avoit eüe auparavant. Fâchée de cette mauvaise reception elle retourna à Rhodes, fans paffer par la France comme elle l'avoit refolue. Pour Louis fon époux voiant ses

affaires défefperées, il s'en étoit retourné dans fon AN. 1461. pais, &enfuite s'étoit retiré à Ripailles lieu de retraite d'Amedée fon ayeul. Ce prince y acheva le reste de fes jours; mais Charlotte fa femme plus courageufe, tâcha d'appaiser le foudan d'Egypte & Mahomet II. fans toutefois réüffir; au contraire elle perdit Cerine par trahifon. Jacques s'empara de tout le roïaume & de Famagoufte même qu'il enleva au Genois en la poffeffion desquels cette ville avoit été près de cent ans. Jacques se voïant paisible possesseur du roïaume qu'il avoit ufurpé, voulut mettre auffi le pape dans fes interêts. Il lui envoïa une celebre ambaffade pour obtenir la qualité du roi très -chrétien; mais ces ambassadeurs furent très-mal reçus & renvoïez avec indignation. Le pape leur dit qu'ils avoient eu un grand tort de fe charger d'une pareille commiffion, & que leur maître meritoit d'être traité en impie après le ferment détestable qu'il avoit fait au plus grand ennemi de la religion. Il vouloit parler du ferment que Jacques avoit fait au foudan d'Egypte, & que les Rhodiens lui avoient envoié.

XL V.
Fin de l'em-

home
maître.

zondedont Ma

end.

Le pape Pie II. écrivit au roi de France que Mahomet s'étoit rendu maître de Sinope & de Trebi- pire de Trebizonde villes celebres de la Colchide & de beaucoup d'autres, même de provinces entieres, donnant en échange quelques villes dans la Grèce aux princes qui fe foumettoient lâchement à lui. Telle fut la fin de l'empire de Trebizonde auquel les Comnenes avoient donné commencement il y avoit deux cens cinquante-fept ans lorfque les François prirent Conftantinople. David Comnene en fut le dernier empereur; il avoit fuccedé depuis peu à Jean fon frere,

Chalcondyl.

bit. des Tures,

lib. 9. Phranz. l. 3. c. 27. Turco.

Gracia z.

& s'étoit allié avec le roi de Perfe auquel il donna AN. 1461. fa niéce en mariage. Celui-ci aiant été amené en Grece fut tué peu de tems après par l'ordre de Mahomet fur un faux foupçon de trahison; ses fils éprouverent le même fort, quoique l'un d'eux eût embraffé le Mahometifme, & qu'ils furent tous beaux-freres du grand feigneur. Joafaph patriarche de Constantinople naïant pas voulu ratifier le divorce du grand maître de la garderobe de l'empereur de Trebizonde avec fa femme legitime, pour époufer la veuve du prince d'Athénes, malgré le commandement que lui en fit Mahomet, s'attira la colere de ce fultan qui lui fit rafer la barbe: note d'infamie chez les évêques & les moines Grecs, & le dépofa du patriarchat. Il eut pour fucceffeur un nommé Marc qui étoit de Bizance: mais les clercs dont il étoit mortellement hai le chafferent. Quelques hiftoriens ajoutent qu'ils le lapiderent fur un faux bruit que ses ennemis avoient répandu, qu'il avoit donné de l'argent à Mahomet II. pour être promu au patriarchat.

Sup 1. cxi n.

83,

XLVI.

de Conftanti.

Simeon de Trebizonde grand hofpitalier lui fucLe patriarchat ceda, fans doute à force d'argent, puifqu'on lit que nople devient ceux de Trebizonde étant dans la faveur de Mahovenale. met, vinrent à Conftantinople, & offrirent au fultan nuat annal hoe mille écus d'or qu'il reçût à la honte des Grecs, qui *.1461.n.18. aiant été libres jufqu'alors dans l'élection de leurs

Spond. conti

patriarches, rendirent ainfi leur église tributaire, & leurs dignitez venales. Tel fut le commencement du tribut qu'on nomma enfuite la pefcherie, qui fe paioit tous les ans avec les augmentations qu'il plaifoit au grand feigneur d'y faire. Les femmes voulurent auffi s'en mêler. Marie belle-mere de Mahomet,

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