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dre du roi, le comte d'Alençon pair de France cou

fon.

Fean Chartier,

fin germain dudit roi. Le prifonnier fut conduit à AN. 1456. Melun où le connétable alla l'interroger: on l'accu- & mis en prifoit d'avoir invité les Anglois à revenir en France, & d'avoir même fait un traité avec le roi d'Angle- hift. de Charles terre, par lequel il lui promettoit de lui donner en- VI. p. 287. trée en Normandie par les places qu'il tenoit sur la mer. Le comte ne voulut point répondre au connétable, & demanda à paroître devant le roi de France. On l'amena en effet devant lui, & ils eurent enfemble une longue conference, d'où le comte ne fortit que pour être réconduit en prifon: il y demeura deux ans, pendant lefquels on inftruifit fon procès. Après ce tems Charles VII. le fit condamner par arrêt des ducs & pairs à avoir la tête tranchée. La peine de mort toutefois fut changée en une prison perpetuelle dans le château de Loches.

XXIV.

la mort d'Hu

La mort de Jean Huniade caufa quelques révolu- Révolutions en tions en Hongrie, & les inimitiez de fes deux fils Hongrie après contre Ulric comte de Cilley, oncle du jeune Ladif- niade. las roi de Hongrie, fe renouvellerent très-vivement. L'aîné des enfans d'Huniade, qui avoit l'affection des peuples, entreprit de fe défaire d'Ulric. Celui-ci étoit allé à Belgrade avec Ladiflas fon neveu, bien réfolu de fe rendre maître du gouvernement, puifqu'Huniade fon plus grand ennemi étoit mort; mais il en falloit chaffer les deux fils d'Huniade, qui étoient demeurez dans cette ville avec une forte garnifon. Ulric qui les regardoit comme un grand obftacle à fes deffeins, eut recours à la calomnie, & chercha à les décrier dans l'efprit du roi Ladiflas. Les Hongrois indignez d'une conduite fi honteufe, conTome XXIII.

C

En. Sylvius, ep. 253. & hift.

Bohem. cap. 66.

& jeg.

AN. 1457
Thuros cap. 58.

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XXV.

jurerent contre fon calomniateur fans être arrêtez par la qualité d'oncle de leur prince. Le jour de S. Martin onzième de Novembre, Ulric étant avec le roi dans l'églife, ils l'appellerent dans un lieu écarté, &

après quelques paroles fâcheufes entre lui & le fils Mort d'Ulric: aîné d'Huniade, ils le tuerent à coups d'épée. Le roi comte deCilley de Hongrie fut fort irrité de cette attentât commis en fa préfence; mais la crainte de quelque fédition lui fit diffimuler fa colere, & l'obligea même de promettre aux meurtriers de leur pardonner, & de leur accorder fa bienveillance; mais fa promeffe ne fut pas fincere, & il cherchoit fecretement quelque occafion favorable dans laquelle il pût les punir avec fûreté.

ep. 253. hist.

&feq.

9. fec. 3.

XXVI.

Elle fe préfenta bien-tôt après. Le roi étant à Bude dans le milieu du Carême de 1457. fit arrêter Ladislas meurtrier d'Ulric, fon frere Matthias, & quelEn. Sylvius, ques autres dans le palais; & trois jours après il fit Bohem. cap. 66. condamner le premier à perdre la tête publiquement Bonfin. lib 8.& fur un échaffaut. Ce jeune seigneur qui n'avoit tout au plus que vingt-quatre ans, alla au fupplice avec une contenance hardie, & vêtu d'un habit de drap On tranche la d'or dont le roi lui avoir fait préfent. Etant arrivé au lieu de l'éxecution, il jetta la vûë de tous côtez sur le peuple, retroussa ses cheveux qui étoient fort longs, & après avoir parlé en peu de mots pour fa justification, il fe mit à genoux avec beaucoup de fermeté, fans faire paroître la moindre émotion, & préfenta fon col au boureau, qui faifi de peur, ou par un fentiment de compaffion de voir expirer fur un échaffaut un jeune feigneur fi bien fait, lui donna jusqu'à trois coups, fans l'avoir blessé à mort.

tête au fils aîné d'Huniade.

Bonfin. ibid.

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Les historiens rapportent qu'après le dernier coup il fe leva avec beaucoup de courage, prit Dieu & la ju- AN. 1457 ftice à témoin de fon innocence,& dit tout haut qu'il ne devoit plus être frappé, que le quatrième coup étoit défendu par la loi, & que Dieu avoit permis ce miracle pour marquer à tout le monde qu'il n'étoit point coupable. Mais quelques feigneurs préfens à ce fpectacle avec le roi, firent de grands reproches au boureau, & lui commanderent d'achever le criminel, & de lui couper la tête, qui ne tomba qu'au cinquième coup. Son corps qu'on couvrit ausli-tôt d'un drap noir, fut porté à l'église de la Magdelaine, & de là au lieu où les traîtres au roi avoient coûtume d'être inhumez. Mais fon oncle le fit ôter de cet endroit après la mort du roi, pour être enterré honorablement dans Albe en Tranfylvanie, & mis au tombeau de fes ancêtres. Matthias fon frere fut épargné à caufe de fon bas âge, & envoié prifonnier à Prague, où il fut confié à la garde de Pogebrac gouverneur de Bohême. On lit toutefois dans Sponde que le roi de Hongrie l'amena avec lui à Vienne en Autriche, & le fit ferrer très-étroitement.

Le pape Callixte reçut dans le même tems des lettres de Hongrie, qui lui aprenoient que Maho met II. avoit fait alliance avec le foldan d'Egypte, le caraman de Cilicie & les Tartares; qu'ils affembloient tous une nombreuse armée pour venir une feconde fois affiéger Belgrade, bien réfolus de ne point fe défifter de leur entreprife, qu'ils n'euffent pris la place; dût-on leur enlever pendant le tems qu'ils en feroient le fiége, la plus grande partie deş états qu'ils poffedoient en Alic. Sur ces nouvelles

XXVII.

Matthias autre eft mis en pri Spond. contin. annal. hoc an

fils d'Huniade

fon.

1457, n. 1.

AN. 1457.

XXVIII.

fecours aux

Hongrois.

epist. 263. 266. 278. 182.

Eneas Sylvius écrivit à Alphonfe pour l'exhorter à fecourir les Hongrois; mais c'étoit parler à un fourd Le roi d'Arra- qui n'étoit occupé que de la chaffe où il avoit pensé gon refufe du périr depuis peu en pourfuivant un fanglier. Il lui étoit toutefois facile d'accorder le fecours qu'on lui demandoit, aiant une flotte toute équipée de plus Eneas Sylvius, de trente galeres, & de fept grands navires, avec beaucoup d'autres petits bâtimens. Il publioit qu'il partoit avec cette flotte pour la Catalogne, afin d'en revenir plus fort, & agir enfuite plus efficacement contre les Turcs. Mais les Genois, les Florentins, les Siennois appréhendoient qu'il ne voulût agir contr'eux, & la crainte des premiers étoit bien fondée, puisque cette flotte s'empara d'abord d'un navire de Genes richement chargé, qui venoit de Chio. La république pour s'en venger, envoia Jean-Philippe de Fiefque avec quatre vaiffeaux pour brûler ceux du roi d'Arragon dans le port de Naples ; mais ce def

X XIX. Guerre entre

Genois.

fein fut fans fuccès.

L'armée navale d'Alphonfe aïant remis à la voile, Alphonfe & les prit fix navires Genois à la hauteur de Monte-Crecelli. Ces commencemens étoient les préludes d'une plus grande guerre. Les confederez, pour en préve nir les fuites, effaierent d'accommoder le prince avec la république, mais ils n'y trouverent aucune difpofition. Alphonfe follicité par les bannis de Genes, réfolut d'affieger la capitale de cet état; & quelques propofitions que lui pût faire Perrin Fregofe qui en étoit alors Doge, il ne voulut écouter aucune voie d'accommodement, qu'auparavant Fregofe ne fe démît de l'autorité fouveraine, & ne la remît aux Adornes. Le Doge ne fe voiant pas en état

de réfifter, fit réfoudre la république à fe mettre fous la protection de Charles VII. roi de France, auquel elle remit le château & les autres places importantes. Ce qui caufa dans la fuite une guerre qui dura très-long-tems.

AN. 1457.

XXX.

engager les guerre contre

princes à la

les Turcs.

Le pape de fon côté ne négligeoit rien pour la dé- zele du pape à fenfe de la religion contre les Turcs, quoiqu'il ne manquât pas d'affaires en Italie,aïant à s'opposer aux vexations de Piscinin & de quelques autres; il ne laissa pas d'envoier en Orient au cardinal d'Aquilée de l'argent & deux galeres, pour se joindre aux feize autres que ce cardinal y avoit déja conduites. Il invita tous les princes Chrétiens, & principalement ceux d'Espagne à fe croifer contre les infideles. Les rois de Caftille & de Portugal firent publier la croisade dans leurs états. Alphonfe roi d'Arragon, pour montrer à tout le monde qu'il s'y difpofoit, emploïa l'or qui lui venoit de la Guinée nouvellement découverte par fon oncle D. Henrique, à frapper des pieces de monnoye qu'il fit nommer Loz cruzados, comme qui diroit les croifez. Mais voïant dans la fuite que le roi de Caftille & les autres princes Chrétiens ne fe difpofoient pas beaucoup à fatisfaire le pape, il suivit leur exemple, y étant affez naturellement porté, & tourna ses armes contre les Maures d'Afrique.

XXXI,

plaintes des Al

En. Sylvius,

Pendant que le fouverain pontife s'emploïoit avec Juftification du tant de zele, & toutefois fi peu efficacement à arrê- Pape fur les ter les progrez des Turcs; les Allemands continuoient femands. à fe plaindre avec beaucoup d'amertume. 1. Qu'il les epift. 371. opprimoit en exigeant beaucoup plus d'argent qu'il ne devoit, fous pretexte de pourvoir aux frais de la

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