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Collett, concil.

tant plus facile, que le roi très-chrétien & le reste de AN.1456. l'églife Gallicane avoient déja confenti à cette impofition: eu égard au danger auquel la religion étoit 1456. n. 56. expofée. Les oppofitions qu'on fit en Allemagne à Labbai. to. 13. cette même bulle, furent beaucoup plus confidera- P.1395. bles. Les Allemands se plaignoient des violences avec lefquelles on exigeoit d'eux ces décimes, & du peu d'attention qu'on apportoit à l'observance du concordat fait avec la nation. Le pape en écrivit à l'empereur Frederic, & tâcha de justifier fa conduite. Sa lettre eft du trente-uniéme d'Août. Æneas Sylvius Eneas Sylving qui n'étoit pas moins porte que le faint pere en faveur in epist. 338. de la guerre contre les Turcs, fit voir auffi qu'on n'avoit aucune raifon d'accufer le fouverain pontife de ne pas observer les articles du concordat fait avec les Allemands.

X I. Brotilleries en

Alphonfe roi

Pour réuffir dans cette'guerre, Callixte devoit fe ménager avec les princes Chrétiens. Auffi les avoit-il tre le pape & prévenu, & il n'avoit prefque rien à craindre que du d'Arragon. côté d'Alphonfe avec qui il étoit en querelle, parce qu'il lui avoit refufé les vicariats de Benevent & de Terracine, & à Ferdinand fils naturel de ce prince, l'inveftiture du roiaume de Sicile. Alphonfe fouffroit ces refus avec tant d'impatience, qu'il ne fe contenta pas de reprocher au pape par fon ambaffadeur, la baffeffe de fon extraction, les obligations qu'il lui avoit, & fa grande ambition pour élever fes neveux; il follicita encore Henri roi de Castille à ne lui point obéir, comme il avoit autrefois follicité les princes Chrétiens contre les papes Martin V. & Eugene I V. Callixte ne répondit à tous ces reproches, que par des bienfaits; & pour faire connoître à Alphonfè qu'il

AN. 1456. vouloit lui rendre le bien pour le mal, il donna le chapeau de cardinal à l'archevêque de Naples qui lui étoit entierement dévoué, & qui étoit oncle d'une certaine Lucrece Napolitaine que le roi d'Arragon aimoit éperdûment, & qu'il auroit épousée s'il eût Marianabil. été veuf. On dit même qu'il tenta de répudier la reine fon époufe légitime, fous prétexte qu'elle étoit stérile, & qu'elle ne lui donnoit point d'enfans.

Hifp. lib. 22.

6. 18.

XII.

cardinaux par le

hunc annum

14560

Il y eut deux promotions de cardinaux dans cette Création de année. Dans la premiere, le pape n'en fit que trois, gape Callixte. qui furent 1. Jean Louis Mila Espagnol, neveu du Raynald. ad pape du côté maternel, évêque de Segovie, puis de Lerida, prêtre cardinal du titre des quatre faints couronnez, & légat de Boulogne. 2. Jacques de Portugal archevêque de Lisbonne, diacre du titre de fainte Marie au portique. 3. Roderic Lenzoli Borgia Espagnol, neveu du pape, diacre du titre de faint Nicolas in Carcere, vice-Chancelier de l'église Romaine, évêque de Porto, qui fut dans la fuite élû pape fous le nom d'Alexandre VI. Dans la feconde promotion il y en eut fix, dont le premier fut Raynaud Pifcicelli Napolitain, archevêque de Naples, prêtre cardinal du titre de fainte Cecile, créature d'Alphonfe roi d'Arragon, d'ailleurs homme de mérite. Le second Jean de Mella Espagnol', auditeur de Rote, évêque de Zamora, & cardinal prêtre du titre de faint Aquilée & de fainte Prifque. Le troifiéme, Jean de Castiglione ou Caftillon Milanois, évêque de Coutances en Normandie, puis de Pavie, cardinal prêtre du titre de faint Clement. Le quatrième Jacques Thebaldi Romain, évêque de Montefeltro, cardinal prêtre du titre de fainte Anastasie. Le cinquième, Richard

Olivier

Olivier de Longueil François, & évêque de Coutances, cardinal prêtre du titre de faint Eufebe, & évé- An.14·56. que de Porto. Le fixiéme, Æneas Sylvius Picolomini Siennois, évêque de Sienne, cardinal du titre de faint Eustache, & enfuite prêtre du titre de fainte Sabine, le même qui peu de tems après fut créé pape fous le nom de Pie II.

XIII. Défordres que

dans lesiennois.

d'Alphonfe

II. lib. 2.
En. Europ.

cap.s.

Toute l'Italie avoit joüi depuis quelque tems d'une paix profonde. Le pape, le duc de Milan, les Veni- font les troupes tiens, les Florentins & leurs alliez donnoient tous leurs foins pour entretenir ce calme. Alphonfe feul chercha à le troubler. Il ne le fit pas d'abord ouvertement, il fit femer la divifion par Piscinin qui commandoit fes armées. Ce general tout dévoué aux injustices de fon maître, commît plufieurs hoftilitez, comment. Pit entra fur les terres des Siennois, & y fit de grands ravages. On en porta plainte à Alphonfe; mais ce prince foutint fon general, qui n'étoit en effet que le miniftre de ses volontez injuftes. Le duc de Milan & les Venitiens prirent la défense des Siennois, & contraignirent Piscinin & fon armée de fe retirer. Il fe jetta avec les troupes dans Caftillon de Pescara, ne pouvant faire mieux. Mais les vainqueurs les y af fiegerent, & ils furent réduits à fe nourrir de fruits verds qui les incommoderent beaucoup. Dans cette extrémité ils tenterent tout pour fe délivrer : ils réüffirent & furprirent Orbitelle, où la faim ne les perfecuta plus. C'étoit toujours un ennemi de moins. Mais ils fuffent retombez bien-tôt dans leur premier état, fi Alphonse ne leur eût envoïé par mer des vivres & de l'argent. Malgré ce fecours ce prince vit bien qu'il ne pouvoit fauver fon general, ni festrouTome XXIII.

B

AN.1456.

XIV.

1.

pes fans un accommodement avec les Siennois, & ceux qui les fecouroient. Pour les appaifer & les dédommager des frais qu'il les avoit obligé de faire, il leur donna deux cens mille livres. Il auroit bien voulu les engager auffi à défarmer, mais ils ne le voulurent pas, ce qui l'obligea à donner fes ordres à Pifcinin, pour rendre aux Siennois toutes les places qu'il leur avoit prifes.

La difpute touchant les droits des curez au fujet Conteftation de la confeffion pafcale, fut renouvellée dans cette confeffion paf- année avec beaucoup de chaleur, à l'occasion d'une

au fujet de la

cale,

X V.

bulle du défunt pape Nicolas V. en faveur des religieux mendians, aufquels fa fainteté accordoit le pouvoir de confeffer dans le tems de Pâque, au préjudice du droit des curez établi par le canon Omnis utriufque fexûs, & même de la difpofition de la clementine Dudum. L'univerfité de Paris informée que cette bulle avoit été préfentée à l'official de Paris par quelques religieux carmes, en interjetta appel, & cita les mendians à comparoître le lundi vingt-quatriéme de Mai, pour leur déclarer qu'ils feroient exclus de l'univerfité, s'ils ne renonçoient à l'obtention de cette bulle, & ne promettoient d'en obtenir la révocation dans un certain tems qu'on leur limitoit. Les mendians aïant comparu, refuferent de fe foûmettre, & fur leur refus, l'univerfité les déclara parjures & exclus de fon corps.

Les religieux mendians, au lieu de procurer la réLe pape Callixte vocation de cette bulle, s'adrefferent au pape Callixle de Nicolas V. te, fe plaignirent du traitement qu'ils avoient reçu religieux men- de l'univerfité, & obtinrent de fa fainteté une bulle dians. qui confirmoit celle de Nicolas V. & caffoit tout ce

en faveur des

que l'université avoit fait contre eux. Cette conduite du pape irrita l'univerfité, & ne la fit point changer de fentimens; ce qui obligea les religieux à chercher quelque voie d'accommodement.L'archevêque de Reims, l'évêque de Paris & le parlement s'en mêlerent: on propofa d'abord que les mendians déclareroient qu'ils ne prétendoient point acquerir un nouveau droit par cette bulle:mais cette propofition parut captieuse, & ne fut point acceptée. Après pluheurs autres moïens qui furent encore tous rejettez, on propofa que les mendians remettroient l'examen de cette bulle au futur concile, & que cependant ils adhereroient à la définition du concile de Latran, & au sentiment de l'église Gallicane. Mais les mendians peu contens de cette condition, refuferent abfolument de s'y foûmettre, ce qui redoubla les conteftations.

Le pape, pour les appaifer, ne trouva point d'autre voie,que de rendre une autre bulle qui révoquoit pour le bien de la paix, tous les privileges accordez au préjudice de la clementine Dudum, à laquelle il ordonna qu'on s'en tiendroit. Cette bulle renduë dans le mois de Septembre de cette année, fut envoiée à l'univerfité, & lûe dans l'affemblée du troifiéme de Février de l'année fuivante: ce qui fit prendre aux mendians la réfolution de fe foûmettre pour être rétablis; & pour cet effet ils interpoferent l'au torité du prince Artus de Bretagne comte de Riche mont, connétable de France, qui vint avec l'archevêque de Reims & l'évêque de Paris à l'affemblée de l'université tenuë le dix-huitiéme du même mois, & y propofa que pour rétablir la paix, la bulle en que

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