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vons difpofer de nous-mêmes que par fes ordres. Ce feroit donc en vain que les bommes donneroient à certain d'entr'eux le droit & le pouvoir de gouverner les autres, fi Dicu ne joignoit fon autorité, à leur choix. Et c'est pourquoi, felon la doctrine de faint Auguftin, tous les fupplices feroient des meurtres & des homicides, fi Dieu, qui eft le feule maître de la vie & de la mort des hommes, ne leur avoit donné le pouvoir de faire mourir ceux qui violeroient les loix de la nature, & qui troubletoient leur for cieté. Mais nous apprenons de l'Ectitate qu'il l'a fait, & qu'il a confumé par fon au torité ces établissemens humains; qu'il op-prouve que les hommes fe lient ensemble par des loix & des polices; qu'il leur donne pouvoir de choisir quelques-uns d'entr'eux pour les faire obferver, & qu'il commr.. nique fon pouvoir à ces perfonnes choifies pour gouverner ceux, qui leur font fou. mis.

Ce ne font point là de vaines fpéculations. ce font des verirez decidées par l'Ecriture. Car c'est l'Apôtre faint Paul qui nous enfeigne que toute puiflance vicor de Dicu. Non eft poteftas nifs à Deo. Qu'elles font établies de Dieu. Qua autem funt, à Deo ordinata funt. Que qui leur refifte, refifte à l'ordre de Dieu. Qui refiftit poteftati, Dei ordinationi refifiit. Que ceux qui gor reinent les peuples font les miniftres de

Dieu pour recompenfer le bien & punir le mal. Dei minifter eft tibi in bonum, Dei minifter eft vindex in iram, `Et il donne ainsi, aux Princes le même titre qu'il le donne à. lui-même comme Apôtre. Sic nos exiftimet homo ut miniftros Chrifti.

Et par là il paroit que la grandeur eft, une participation de la puiffance de Dieu fur, les hommes, qu'il communique aux uns pour le bien des autres: Que c'est un mi niftere qu'il leur confie, & qu'ainfi n'y ayant rien de plus réel & de plus jufte que l'autorité & la puiffance de Dieu, il n'y a riem de plus réel & de plus jufte que la Grandeur dans ceux à qui il la communique veritable ment, & qui n'en font point ufurpateurs,

C'est par cette doctrine qu'il eft facile de comprendre, qu'encore, que la Royauté & les autres formes de gouvernement vier. nent originairement du choix & du confentement des peuples, néanmoins l'autorité des Rois ne vient point du peuple, mais de Dieu feul. Car Dieu a bien donné au peu ple le pouvoir de fe choifu un gouvernement. Mais comme le choix de ceux qui élifent l'Evêque, n'eft pas ce qui le fait Evêque, & qu'il faut que l'autorité paftqsale de J. C, lui foit communiquée par fon. ordination; auffi ce n'eft point le feul.com fentement des peuples qui fait les Rois : c'eft la communication que Dieu leur fair de fa.. Royauté & de la puiffance qui les établie.

Rois legitimes, & qui leur donne un droit veritable fur leurs fujers. Et c'est pourquoi l'Apôtre n'appelle point les Princes miniAres Ju peuple, mais il les appelle Miniftres de Dieu parce qu'ils ne tiennent leur puiffance que de Dieu feul. Er de là on peut tirer Une conlequence trés- avantageule pour les Monarchies fucceffives. C'eft qu'encore. que l'établiffement de cette forte de gouvernement air dependu du peuple dans fon ongine par le choix qu'il a fait d'une cettaine famille, par l'inftitution de l'ordre pour la fucceffion du Royaume : néanmoins .... cet ordre étant une fois établi, il n'est pas en la liberté du peuple de le changer. Cat. l'autorité de faire des loix ne réfide plus dans le peuple qui s'en eft depoiiillé, & qui · a cu raifon de s'en depoüller, n'y ayant rien de plus avantageux pour fon propre bien: mais elle refide dans le Roi à qui Dien communique fa puillance pour le régi.. Et ainfi comme dans un état fucceffif, les Rois ne peuvent mourir, les peuples n'étant jamais fans Roi; ils ne font jamais en état de faire de nouvelles loix pour changer l'or. dre de la fucceffion, & ils n'ont jamais d'autarité légitime pour le faire, puifqu'elle refide toûjours en celui à qui Dieu la com munique felon l'ordre auquel les peuples fe font volortairement affujettis.

11 eft clair auffi par le même principe, qu'il n'eft jamais permis à perfonne de fe

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foulever contre fon Souverain, ni de s'engager dans une guerre civile. Car la guerre ne le peut faire lans autorité; & fans une autorité fouveraine, puis qu'on y fait mourir les hommes, ce qui fuppofe un droit de vie & de mort. Or ce droit dans un Etat Mo. narchique n'appartient qu'au Roi feul & à ceux qui l'exercent fous fon autorité. Ainfi @eux qui fe revoltent contre lui, ne l'ayant point commettent autant d'homicides quils font peris d'hommes par la guerre civile, puifqu'ils les font mourir fans pouvoir & contre l'ordre de Dieu. C'est en vain qu'on pretendroit les juftifier par les defordres de l'état aufquels ils font femblant de vouloir remedier. Car il n'y a point de defa ordre qui puiffe donner droit à des sujets de titer l'épée, puisqu'ils n'ont point le droit de l'épée, & qu'ils ne s'en peuvent fervir que par l'ordre de celui qui la porte para l'ordre de Dieu.

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CHAPITRE III.

Que cette autorité paffe aux Magiflrats aux Princes du Sang. Résolution de Laqueftion propofée par où les Grands font: dignes de respect.

Couverner les peuples, qui appartien

Ette Poiffance Royale & ce droit de

nent effentiellement à Dieu, & qu'il communique aux hommes pour le bien des hommes, comme nous avons déja dit, refident bien à la verité dans les Rois avec émi-nence; mais ils paffent d'eux à tous leurs ·Miniftres, & à tous ceux qui font employezfous eux à gouverner les peuples & à. y maintenir l'ordre. Deforte qu'ils comprennent toute l'autorité qui temuë & regle les. Etats, & qui eft differenment partagée lelon les differens emplois & les divers mini-> ftores. Qui que ce foit qui la pollede, eft Miniftre de Dieu, par la part qu'il a à l'au... torité de Dieu.

L'on doit dire le même de certaines Gran. deurs qui confiftent plus dans un rang que dans une autorité récile, comme la qualité. de Prince du Sang, qui donne bien à ceux qui la poffedent un tang fort élevé, au def

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