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la bonté de m'envoyer des éclairciffemens qui ont pleinement fatisfait aux difficultés que je lui avois propofées.

En un mot j'ai apporté à la compofition & à la correction de cet Ouvrage tous les foins dont je puis être capable. Je ne doute pas néanmoins qu'il ne s'y foit gliffé des fautes, & où ne s'en gliffe-t-il pas ? Mais je me flatte que T'on aura quelque indulgence pour la premiere Traduction d'un des plus difficiles originaux qui foit dans l'Antiquité latine.

A l'égard des Notes dont cette Traduction eft accompagnée, je me fuis étudié à ne dire précisément que ce que j'ai crû absolument nécessaire, ou pour éclaircir le Texte, ou pour donner plus de jour à quelques principes d'Eloquence, ou pour faire connoître les perfonnes, & les Ouvrages dont Cicéron parle.

Quant au Texte latin, j'ai fuivi l'Edition que M. Verbuge donna en Hollande chez les Weftins en 1724.

Il eft bon de remarquer ici que ma Préface peut fervir non-feulement de fupplément, mais encore de com

mentaire au Traité de l'Orateur, que la plupart des difficultés qui regar dent l'original s'y trouvent applanies, & qu'ainfi il fuffira d'y renvoyer le Lecteur, à mesure que les occafions s'en préfenteront. Ce qui diminuera beaucoup le nombre des Notes que j'aurois été obligé de faire.

On a crû qu'il convenoit mieux de mettre les Notes à la fin de chaque Chapitre, , que de les placer au bas des pages: on y renvoyé par des chiffres qui font marqués dans la Traduction & qui correfpondent exactement aux Notes que l'on trouvera à la fin des Chapitres.

TRADUCTION

DE

L'ORATEUR

DE CICERON.

CHAPITRE PREMIER.

Exorde deffein de l'Ouvrage. [1]

1.

'A long-tems balancé, mon cher Brutus, à prendre mon parti fur la priere que vous m'avez faite, & que vous avez tant de fois réiterée. Je ne fçavois lequel me feroit le plus difficile & le plus important, ou de vous refufer, ou de faire ce que vous me demandiez. D'un côté je fentois une peine extrême à ne me pas rendre aux preffantes follicitations d'un ami intime, qui n'exigeoit rien que de raifon

nable, & qui ne me propofoit qu'une belle & noble entreprise. De l'autre je faifois réflexion qu'il n'eft pas d'un homme qui doit craindre la censure des gens fages & éclairés, de s'engager à traiter [2] un sujet fi grand & fi élevé, qu'il paroît être non-feulement au-deffus de nos forces, mais même Que non au-deffus de nos conceptions.*

feulement il

paroît être

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2. En effet qu'y a-t-il de plus grand au-deffus des & de plus difficile, que de décider, forces de l'ef- quelle eft la meilleure efpece, &,

prit humain,

prit et pour ainfi dire, la plus excellente for

même très

& de s'en former un

plan.

difficile d'en me d'Eloquence, fur-tout dans cette faifir l'idée, grande diverfité de caractéres qui fe trouvent parmi les bons Orateurs ? Mais puifque vous le voulez, & que vous m'en priez inftamment, je vais l'entreprendre, moins dans l'efperance de réuffir, que dans le deffein de faire un effai de mes forces. D'ailleurs j'aime mieux manquer aux regles de la prudence en tâchant de vous fatiffaire, que de manquer aux devoirs de l'amitié en vous refufant ce que vous fouhaitez de moi.

3. Voici donc fur quoi vous renouvellez fans ceffe vos inftances; vous voulez que je déclare, quel genre d'Eloquence me plaît le plus, & que

je détermine quel eft, felon moi, ce point de perfection, auquel on ne peut rien ajouter.

Mais je crains fort, que si je remplis ce projet, & fi je parviens à exprimer toutes les qualités de l'Orateur que vous cherchez, je ne rebute plufieurs de ceux qui s'appli quent à l'art de bien dire, & que découragez à la vûe des perfections que j'exige, ils n'abandonnent leur entreprife par le defefpoir du fuccès, quoique la raifon veuille que, quiconque afpire aux grandes chofes, mette tout en ufage pour réussir.

4. Quand même on n'auroit point cet heureux naturel, cette force de genie & ces hautes connoiffances qui concourent à former le parfait Orateur, il ne faut pas laiffer de continuer fa route & d'aller auffi loin que l'on pourra. Car il est toujours beau, à qui fait fes efforts pour atteindre aux premieres places, d'être dans les fecondes ou même dans les troifiémes [3]. Homere, Archiloque, Sophocle, Pindare (pour ne parler que des Grecs) occupent chacun dans leur genre le premier rang: toutefois on peut avec honneur, remplir après

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