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féchereffe, lorfque l'on eft, dénué des fecours de la Philofophie,

119. Ce que je dis ici regarde moins la forme que la matiere du difcours. Car je veux que l'Orateur connoiffe les chofes, avant que de fe préparer à la maniere de les exprimer, & qu'il poffede i bien les grands principes de chaque fujet, que les gens fçavans & éclairés se faffent un plaifir de l'entendre.

Je demande auffi qu'il n'ignore pas la Phyfique, afin que fon difcours en reçoive cette élevation & cette ma→ jefté qui caractérifoient le ftile de Periclès. Il n'eft pas poffible qu'on ne penfe & qu'on ne s'exprime noble→ ment, lorfque l'on defcend de la contemplation des objets céleftes aux chofes qui regardent le commerce de la yie.

st zo. Mais à cette étude il faut qu'il ajoute les fciences qui ont pour objet les befoins & les devoirs de la focieté. Il est néceffaire, qu'il s'inftruife du droit civil, dont on ne peut fe paffer dans le Barreau. Car qu'y auroit-il de plus honteux, que de vouloir fans être initié dans la Jurifprudence, fe charger des causes, qu'on ne peut

décider que par la fcience des Loix & du droit civil?

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Qu'il étudie encore l'hiftoire des Siécles paflez. Qu'il fçache fur-tout la nôtre, celle des principaux Empires & celle des Rois qui fe font rendus illuftres. L'ouvrage de notre cher [3] Atticus pourra lui être d'un grand fecours. Car il a renfermé dans un feul volume l'hiftoire de fept cens fans rien omettre de confidérable & en obfervant exactement les Epoques & l'ordre Chronologique. Ignorer ce qui s'eft pallé avant nous, c'eft être toujours enfant. Que fçaurions-nous en effet dans la courte du rée de la vie, fi à la connoiffance de ce qui eft arrivé du tems de nos peres, nous ne joignions encore celle des Siécles plus reculés? A ces motifs ajoutons que rien ne donne plus de poids, d'autorité & d'agrément au difcours, que les citations des exemples que l'on tire de l'Antiquité.

NOTES

Sur le feiziéme Chapitre de l'Orateur: [1] Chryfippe difciple du Philofophe Cleanthe étoit d'un efprit fubtil & porté à la dif

pute; il fit un Traité de Logique qui fut eftimé des anciens.

[2] Il y a deux fortes de définitions, l'une plus exacte & plus courte qui retient le nom de définition philofophique, l'autre moins exacte & plus étendue qu'on appelle defcription & qui convient mieux aux Orateurs quoiqu'ils ne laiffent pas, quand il en eft befoin, de fe fervir de la premiere.

La plus exacte eft celle qui explique la nature d'une chofe par fes attributs effentiels, & qui renferme le genre & la différence. Ainfi on définit l'ame une fubftance qui penfe.

La définition moins exacte qu'on appelle defcription, eft celle qui donne quelque idée d'une chofe par les accidens qui lui font propres & qui la déterminent affez pour la faire connoître. M. Flechier Evêque de Nifmes, a employé la derniere pour définir une armée, dans l'Oraison Funebre de Monfieur de Turenne.

» Car, Meffieurs, qu'eft-ce qu'une armée ? " c'est un corps animé d'une infinité de paf» fions différentes qu'un homme habile fait » mouvoir pour la défenfe de la patrie: C'est » une troupe d'hommes armés qui fuivene » aveuglement les ordres d'un Chef dont ils » ne fçavent pas les intentions: C'est unc » multitude d'ames pour la plûpart viles & » mercenaires, qui fans fonger à leur pro»pre réputation, travaillent à celle des Rois, » & des Conquerans: C'eft un affemblage » confus de libertins qu'il faut allujettir à » l'obéiffance, de lâches qu'il faut mener au combat, de témeraires qu'il faut retenic

» d'impatiens qu'il faut accoutumer à la con»'ftance.

[3] Pomponius Atticus compofa des Annales qui comprenoient fept fiécles, où il avoit obfervé une Chronologie très-exacte. C'étoit un Chevalier Romain fort fçavant qui vécut dans une grande liaison d'amitié avec Cicéron & avec Brútus. On le regardoit comme un des plus honnêtes hommes de fon fiècle. Il fçut fe ménager i adroitement avec Cefar & avec Pompée, qu'il se conferva leur eftime & leur affection fans prendre parti ni pour l'un ní pour l'autre dans la guerre civile. Il avoit paffé une grande partie de fa vie à Athenes dans le commerce de tout ce qu'il y avoit d'habiles gens en cette Ville, d'où il rapporta le fur-nom d'Atticus.

張粥粥粥粥粥諾諾諾諾諾諾諾諾粥粥 CHAPITRE XVII.

Réflexion fur ce que l'Orateur doit obferver en chaque genre d'Eloquence, en chaque espece de caufe & en chaque

partie du difcours.

121.

MON

UNI de tous ces fecours, l'Orateur. pourra fe préfenter au Barreau; mais avant que de plaider, il faut qu'il examine bien la nature & le genre des caufes qu'il aura entre les mains. Il doit fçavoir

le Droit &

sion.

que toute conteftation roule ou fur les chofes ou fur les mots; que dans

Le Fait, les chofes on confidere fi* l'action est la Qualifica. Vraye, fi elle eft jufte & de quel nom on doit la qualifier; que dans les mots on examine s'il y a de lambiguité, ou de la contradiction; or toutes les fois que les paroles ne paroiffent pas conformes à l'intention des contratans, il y a une espece d'ambiguité; ce qui arrive d'ordinaire par l'omiffion de quelque mot effentiel; d'où l'on voit que c'eft le propre de l'ambiguité de préfenter à l'efprit deux fens différens.

122. Comme il est peu de genres de causes, il y a auffi très-peu de préceptes à donner par raport aux preuves. La Rhétorique ne connoît, comme nous avons dit, que deux fources d'où les preuves font tirées; les unes font prifes du fonds du fujet, & les autres font prifes d'ailleurs. A l'égard du fuccès, il depend de la forme qu'on donne au difcours & de la maniere dont on le traite. Car quant aux chofes, l'intelligence en eft facile. Que refte-t-il enfuite qui appartienne à l'art de la compofition, finon qu'il faut. 1o. Commencer par un exorde

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