Imágenes de páginas
PDF
EPUB

nombre? La réponse se préfente auffitôt, c'eft pour plaire à l'oreille. 6o. Mais quand faut-il en faire ufage? toujours. 7. Sur quelle partie de la période doit-il tomber? fur toutes les parties. 8°. Qu'est-ce qui produit le plaifir dans les nombres profaïques? la même chose qui le produit dans les vers. L'art en a fait des regles, mais l'oreille par l'inftinct du fentiment & fans le fecours des regles en juge fainement. En voilà affez fur la nature des nombres, parlons maintenant de leur ufage qui exige une explication exacte & détaillée.

NOTES

Sur le vingt-feptiéme Chapitre de l'Orateur. [1] Cicéron fatisfait à toutes ces petites questions en détail, enfuite il fait la récapitulation de toutes les décifions qu'il en a données n. 203.

[2] Quintilien n'eft pas de ce fentiment. Cicéron, dit-il, tout grand Orateur qu'il eft, ne me perfuadera pas que Lyfias, Herodote & Thucydide ayent été peu curieux du nombre. Peut-être ont-ils eu une autre maniere, que celle de Démofthêne & de Platon, qui eux-mêmes ont été différens l'un de l'autre. Mais cela ne prouve rien.

[3] Comme Cicéron dans le refte de ce Traité eft obligé de parler de la mesure des pieds qui entrent dans la Profe latine, il eft bon d'en faire ici une lifte, & d'en marquer en peu de mots la nature, afin que le Lecteur puiffe y avoir recours dans le befoin. Les pieds font de deux fortes, les uns fimples & les autres compofés.

Les fimples font de deux on trois fyllabes. Voici ceux de deux fyllabes.

Le fpondée qui a deux longues comme Muse.

Le trochée que Cicéron appelle auffi chorée, eft d'une longue & d'une breve comme Mufa.

L'iambe qui eft le contraire du chorée eft d'une breve & d'une longue comme Deō. Je mettrai encore ici le pyrrique qui fert à la compofition du peon. Le pyrrique est de deux breves comme Deus.

Les pieds de trois fyllabes dont Cicéron parle font

Le dactile qui eft d'une longue & de deux breves, comme carmina.

L'anapefte qui eft le contraire du dactile, eft de deux breves & d'une longue comme Domini.

Le cretique eft d'une breye au milieu de deux longues, comme caftitas. Le tribraque qui a trois breves & qui est égal au chorée, non en nombre de fyllabes, mais en intervalle comme Domină.

Outre ces pieds fimples, il y en a de com pofés qui font plûtôt des affemblages de

pieds, que des pieds. On en compte plufieurs, mais Cicéron n'en a employé que trois dans fon Traité de l'Orateur : fçavoir le dichorée, le pean & le dochime.

Le dichorée eft compofe de deux chorées comme comprobare.

Le peon ou le pean eft de deux fortes. Le premier eft d'une longue & de trois breves comme conficere, ainfi il eft composé d'un trochée & d'un pyrrique.

Le fecond eft au contraire de trois breves & d'une longue comme cělěritās, alors il eft composé d'un pyrrique & d'un iambe.

Le dochime eft de cinq fyllabes: fçavoir d'une breve & de deux longues, & enfuite d'une breve & d'une longue comme åmicōs těnés, ainfi il eft compofé d'un iambe & d'un cretique.

de

[4]Les pieds dont le nombre eft compofé font. de trois efpeces : les uns font égaux, c'est-àdire ont une partie égale à l'autre comme le fpondée qui eft de deux longues, ou comme le dactile qui eft d'une longue & de deux breves. Car la longue eft équivalente à deux breves. Les autres font d'une mefure & demi, en forte qu'une partie eft une fois plus granque l'autre. Tel eft l'iambe qui eft d'une breve & d'une longue: On fçait qu'une longue a deux tems, & que la breve n'en a qu'un. Enfin les autres pieds font en proportion fefqui-altere, c'est-à-dire qu'ils font comme deux nombres dont le dernier contient le premier une fois, avec l'addition de fa moiLié. 9. Par exemple contient une fois 6.

& encore la moitié de 6 qui eft 3. Tel est le premier peon dont la derniere partie qui eft de trois breves égale la premiere qui eft d'une longue, & la furpaffe encore d'une moitié.

[s] Les vers hypponates felon Majoragius, ne font point différens des vers iambiques, fi ce n'eft que dans les vers iambiques le dernier pied eft toujours un iambe, au lieu que dans les hypponactes le dernier pied eft un fpondée.

Il n'y a aucun de ces pieds qui n'entre dans la profe. Mais plus ils ont de tems, c'eft-à dire de fyllabes longues, plus ils lui communiquent de poids & de ftabilité; & plus ils ont de breves, plus ils lui donnent de vitelle & de mouvement.

[6] Vers Ariftophaniens ainfi appellés du nom du Poete Ariftophane, qui faifoit un fréquent ufage des vers anapeftes.

mais

[7] Le texte, ponendus eft cnim ille ambitus non abjiciendus. Les chûtes de la période dans le difcours font comme autant de repos T'on refpire. L'Auditeur les attend, quelque nombreufe que foit la fin, elle perd une partie de fa beauté & manque fouvent le but que l'on s'y propofe, fi l'on y arrive brufquement & comme à pas précipités. Ponendus a ici la fignification de componendus.

CHAPITRE XXVIII.
Les ufages du Nombre:

N demande ici premiere

202 ment fi le nombre est né

ceffaire dans ce circuit, ce tiffu & cette continuation de paroles que les Grecs appellent [1] période, où s'il n'a lieu qu'au commencement ou feule... · ment à la fin, ou s'il convient dans les deux parties.

En fecond lieu on demaride, s'il y a quelque différence entre ce qui eft nombre & ce qui eft nombreux.

203. En troifiéme lieu il eft queftion de fçavoir, fi tous les membres de la période doivent être égaux, ou s'il vaut mieux que les uns foient plus. longs & les autres plus courts? quand & pourquoi doivent-ils avoir cette égalité ou cette inégalité? en quelles occafions faut-il fe fervir ou de pé, riodes, ou de membres, ou d'incifes? Faut-il employer plufieurs mem bres de fuite. où quelques-uns feulement? doivent-ils tous être égaux entr'eux ou inégaux: quand faut-il faire

« AnteriorContinuar »