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témoin ce qu'il dit fur l'incendie du Temple d'Ephefe, qu'il ne falloit pas s'étonner que ce Temple confacré à Diane, eût été brûlé la nuit même que Alexandre vint au monde, parcequ'a tors la Déeffe étoit occupée aux couches d'Olym pias. Plutarch. in Alexandri vita.

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224.

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PARL

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que

ARLER noblement & éloquemment, ce que vous sçavez mon cher Brutus, mieux perfonne, n'est autre chofe qu'employer des pensées juftes & les revêtir d'expreffions qui y répondent. Car quelque belles que foient les penfées, fi elles ne font exprimées d'une maniere convenable, l'Orateur n'en tirera pas un grand fruit: les expreffions même les plus brillantes ont aussi befoin d'être placées dans tout leur jour, pour ne rien perdre de leur éclat, Or il n'appartient qu'au nombre de donner du luftre aux penfées & aux paroles, Souvenons-nous de ce que j'ai fouvent dit & qu'on ne fçauroit trop repeter, que non-feulement la profe doit éviter toute mesure poëti

que, mais qu'elle doit encore s'éloígner de tout ce qui en a l'apparence; non que les pieds employés par les Orateurs ne foient les mêmes que ceux dont fe fervent les Poëtes & toutes les perfonnes qui font ufage de la parole & qui employent des fons affujettis à la mesure de l'oreille mais parceque la différente difpofition de ces mêmes pieds fait diftinguer ce qui a l'air de profe d'avec ce qui a l'air de verfification.

225. Vous pouvez appeller cet arrangement compofition, perfection, nombre, ou lui donner tel autre nom qu'il vous plaira, pourvû que vous foyez toujours attentif à vous y conformer, autrement votre difcours femblable à un fleuve qui coule fans difcontinuer, n'aura ni bornes ni mefu re, pour me fervir des termes d'Ariftote & de Theophrafte. Il faut donc en réprimer l'impétuofité, non en vous reglant fur la force & la durée de la refpiration, ou fur la ponctuation obfervée par les imprimeurs, mais fur

les loix du nombre & de la cadence. Voilà la premiere raison qui établit la neceffité du nombre. La feconde eft que les chofes qui font décemment

arrangées ont toujours plus de force & d'efficace, que celles qui font fans liaisons & qui ne font point foutenues par le nombre. Mieux les athletes & les gladiateurs font inBruits dans leur art, plus ils font paroître d'adresse & de force, foit qu'ils attaquent, foit qu'ils fe défendent, en forte qu'il ne leur échape aucun mouvement qui ne ferve au fuccès du combat, ou qui ne foit agréable aux yeux des fpectateurs; de même l'Orateur ne feroit pas de fi profondes bleffures à fon adverfaire, s'il ignoroit l'art d'attaquer adroitement, & il ne pareroit pas avec tant de facilité les coups qu'on lui porte, s'il ne fçavoit fe couvrir, & conferver même en reculant un air de bienséance. On peut comparer les écrivains qui ignorent l'ufage des nombres, à ces hom mes groffiers qui ayant negligé d'apprendre les exercices du corps, n'ont ni grace ni adreffe dans tout ce qu'ils font.

226. Ainfi tant s'en faut que la regularité de la compofition énerve le difcours, comme le prétendent ceux qui ne peuvent réuffir, ou faute de genie, ou par la difette des maîtres,

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ou par la crainte du travail, qu'au contraire fans cette regularité l'Oraifon ne peut avoir ni force ni vertu. Mais pour parvenir à ce degré de perfection il faut beaucoup d'exercice; de peur de tomber dans le défaut de ceux qui ont manqué le nombre par une trop grande recherche du nombre, & qui à force de tranfpofer & d'entrelaffer leurs termes ont gâté leur difcours pour vouloir le rendre plus coulant & plus cadencé.

227. Celius [1] Antipater déclare dans la préface de fon hiftoire de la Guerre punique, qu'il fe gardera bien de donner dans cet écueil, à moins que la neceffité ne l'y engage. O le bon homme qui ne nous déguife rien ! O qu'il eft fage de croire que tout libre qu'il eft, il doit obéir à la neceffité Mais cette déclaration même eft une preuve de fon peu d'habileté. Premierement, la neceffité peut- elle être une excufe légitime pour couvrir les fautes du difcours? En fecond lieu, rien ne l'obligeoit de tranfpofer fes mots, & quand même il y auroit été obligé, étoit-il necellaire d'en faire l'aveu: Ce qu'il y a encore de fingulier, c'eft que dans l'endroit même où

il veut fe juftifier auprès de Lelius à qui il dédie fon ouvrage, il commet la même faute pour laquelle il demande grace. Car on apperçoit que, quoiqu'il ait recours aux tranfpofitions, néanmoins il n'en arrondit pas mieux fes périodes. Vous trouverez auffi dans quelques Orateurs, & fur-tout dans les Afiatiques (gens esclaves du nombre s'il en fut jamais) certains mots inutiles, certaines particules qui n'ajoutent rien au fens, & qui ne fervent qu'à remplir les vuides de la période.

On en voit encore d'autres qui tombent dans le défaut attribué à Hégefias, c'est-à-dire qui taillent tous leurs difcours en morceaux & qui n'employent que des nombres tronqués, hachés, déchiquetés à l'imitation des Orateurs de Sicile; ce qui forme un genre d'écrire tout-à-fait vil & méprifable.

228. Hierocles & Menecles deux freres qui, à mon avis, ne font pas fans mérite, & qui paffent même pour les meilleurs Rhéteurs de toute l'Afie, ont introduit une troifiéme efpece de ftile quoiqu'ils foient fort éloignés de la perfection & de cette noble ré

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