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DONNÉ

PAR MESSIEURS

DE L'ACADÉMIE

Pour le Prix d'Eloquence,

La neceffité de connoître la Religion & de la pratiquer, fuivant ces paroles du dernier Chapitre de l'Ecclefiafte, verf. 1 3. Deum time & mandata ejus obferva, hoc eft enim omnis homo. Craignez Dieu & obfervez fes préceptes car c'eft-là tout l'homme.

DISCOURS

QUÍ A REMPORTÉ

LE

PRIX D'ELOQUENCE AU JUGEMENT

D E

L'ACADÉMIE FRANÇOISE

en l'année MDCCXIV.

'HOMME eft né pour connoître la Verité, & pour être heureux. Toutefois abandonné

à lui-même, & livré à fes propres réflexions, il ne trouve que tenebres & que miferes. Il ne fçait ce qu'il eft, ni d'où il vient, ni où il va il ne connoît ni la

caufe des maux qui l'affligent, ni le principe de ces contrariétés étonnantes qu'il éprouve en lui-même, de cette guerre intérieure des fens contre la rai. fon, de ces mouvemens qui l'élevent vers le Ciel, & de ce poids qui l'entraîne vers la terre. Tout lui eft une occafion de chûte & d'erreur. Les objets qui l'environnent le féduifent, l'amour propre l'aveugle, les plaifirs le corrompent, la force le rend préfomptueux, la profperité l'enyvre, l'adverfité l'abbat. Rentre-t-il au-dedans de lui. même? il n'y apperçoit qu'une fource de foibleffes & d'amertumes, qu'une foule de paffions qu'il ne peut, ni dompter, ni fatisfaire. En vain il tâche de fe procurer une fituation fixe & tranquille. Ses projets, ses defirs, fes fentimens, pareils aux flots d'une mer agitée, ne cef

r

que

fent de fe pouffer, de fe choquer & de s'entredétruire réciproquement. Va-t-il chercher dans les créatures un repos & des lumieres qu'il n'a pu trouver dans fon propre fonds? il éprouve bien-tôt qu'il n'a fait paffer d'illufion en illufion, & que fes femblables loin de lui être utiles dans la recherche de la fageffe & du bonheur, ne fervent qu'à l'égarer davantage, & à le jetter dans une plus grande confufion. Quelle fera donc fa reffource? Quel parti prendrat-il? Il n'y a que la Religion Chrétienne qui puiffe l'éclairer, le perfectionner & le conduire aux fources de la beatitude. Mais comme cette connoif fance eft inutile, fi elle n'eft jointe à la pratique, nous effaye rons de montrer, & la neceffité de connoître la Religion, & la neceffité d'en obferver les préceptes. Tiiij

1. PARTIE.

I t

L ne faut avoir qu'une mé diocre connoiffance de l'Hiftoire du genre humain pour fçavoir dans quel abîme de miferes, de corruption & d'aveuglement l'ignorance de la vraye Religion jetta autrefois le monde. Qu'y a-t-il de plus déplorable, que de voir l'homme, le chef-d'œuvre du Créateur, prodiguer indignement ses adorations aux plus viles créatures ériger fes vices en vertus, attribuer à la Divinité fes propres défauts, & adopter pour objet de fon culte des myfteres & des cérémonies qui ne presentent à l'efprit que des idées affreuses & abominables? En vain la nature rend à Dieu un témoigna Cali enarrant ge visible & perpétuel: en vain & opera ma- les Cieux annoncent fa gloire. annuntiat fir. L'homme fourd à cette voix n'é

gloriam Dei:

nuum ejus

mamentum. Píal. 18.

coute que les rapports de l'illu

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