SUJET

DONNÉ

PAR MESSIEURS

DE L'ACADÉMIE

Pour le Prix d'Eloquence.

Que les Rois ne peuvent bien regner s'ils ne font inftruits de leurs devoirs envers Dieu & envers les hommes; felon les inftructions que Charlemagne donna à fon fils, & LOUIS le Grand au Roy fon Arriere-petit-fils, fuivant ces paroles de David: Et nunc Reges intelligite, erudimini qui judi catis terram. Pf. 2.

DISCOURS

QUI A REMPORTÉ

LE

PRIX D'ELOQUENCE AU JUGEMENT

DE

L'ACADÉMIE FRANÇOISE

en l'année MDCCXVII.

OIN d'ici ces maximes de la flatterie que les Rois naiffent habiles, & que leurs

ames privilegiées fortent des mains de Dieu toutes fages & toutes fçavantes. Il n'est pas befoin d'un grand effort de raifonnement pour détruire un

préjugé fi groffier & fi abfurde. Il tombera de lui-même pour peu qu'on veuille écouter la voix de la raifon, de l'expérience & de la Religion.

,

En effet tout nous avertit, tout nous crie, que l'ignorance eft le partage de tous les hommes, que la grandeur de la naiffance ne change rien à l'ordre de la nature & que les Princes ne peuvent, non plus que les autres, parvenir à aucune fcience fans le fecours du travail & de l'application. De ce Principe, il eft facile de paffer à cet autre, que la Royauté étant de toutes les conditions celle qui a le plus de devoirs à remplir, elle demande une plus grande étendue de connoiffances, & par une conféquence neceffaire, une étude plus profonde, plus fuivie, plus réglée.

Inftruisez-vous donc, Grands de la Terre, juges des hommes, arbitres du monde, inftruifezvous. Achetez la vérité par vos recherches, & par vos méditations. Soyez dociles aux Leçons de la fageffe: faites - la monter fur le Thrône où vous êtes affis. Elle vous enfeignera ce que vous devez à Dieu, & ce que vous devez aux hommes.

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És qu'un Prince prend I. Partie. le Sceptre en main, tout femble confpirer à le pervertir. D'un côté les objets féduifans qui l'environnent, tendent des piéges continuels à fon innocence. De l'autre l'éclat du diadéme, le refpect affidu des Grands, les foumiffions, & pour ainfi dire, les adorations des tits lui infpirent l'orgueil, & lui font oublier le tribut de reconnoiffance qu'il doit à Dieu.

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