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fre dépouillé de fon Acide ne brûle plus, les Sels fervent donc à produire la flame; d'un autre côté cependant ils y nuifent, car du bois floté, dont une grande partie des fels ont été diffous & emportés par l'eau, s'allume beaucoup plus vite, & brûle mieux que du bois neuf. Il reste dans le bois floté affez de fels intimement unis à fes fouffres pour les rendre inflammables, les fels perdus & diffipez n'auroient fait qu'empêcher la promptitude & la vivacité de l'inflammation. Ainfi les fels devoient être propres à l'effet qu'on demandoit.

D'ailleurs la détonation qui accompagnoit l'operation de la Poudre ne pouvoit être produite que par la rarefaction de quelque matiere, qui caufoit dans l'air une explofion d'où naiffoit le bruit. Cet air fubitement & violemment écarté du lieu où est la flame, la peut éteindre en deux manie. res, 1. en la fouflant comme on foufle une Bougie, 2. par une espece de vuide qu'il laiffe à l'entour, car on fait que la flame ne peut fublifter dans le Recipient de la Machine Pneumatique, d'où l'air a été pompé.

M. Geoffroy ne doutoit pas que pour rendre l'explosion de l'air plus brufque & plus vive il ne lui falût oppofer quelque refif tance, & par confequent enfermer dans quelque Boîte, qui pât cependant être crevée, la matiere qui devoit fe rarefier. Il fongeoit à environner en même temps cette Boîte de matieres alkalines, qu'il jugeoit les plus propres à éteindre & à noircir du charbon allumé; elles fe feroient difperfées de tou

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tes

tes parts fur tout ce qui étoit en feu. Il ne reftoit plus que le choix & de ces matieres, & de celle qui devoit faire l'explofion dans la Boîte; mais des Etrangers qui avoient le veritable fecret l'apporterent à Pa. ris, & comme ils en alloient faire une experience publique, M. Geoffroy l'attendit, & ceffa de deviner.

On verra dans le Memoire de M. de Reaumur tout le détail de cette experience, qui fut vue par un affez grand nombre de bons yeux. Au milieu d'un Baril plein d'eau eft une Boîte de fer blanc pleine de Poudre à canon, on roule le Baril dans le lieu de l'incendie, on met le feu à la Boîte de poudre par une fufée, auffitôt la Boîte & le Baril crevent, l'eau s'élance de toutes parts à la ronde, & l'incendie ceffe.

Cette invention eft fimple, & cependant elle raffemble fort ingenieufement toutes les manicres dont le feu peut être éteint. Il fe fait une grande commotion d'air, capable d'éteindre le feu en le fouflant & en diffipant la flame, la fubite rarefaction de l'air caufe auffi une espece de vuide, où la flame ceffe, enfin l'eau qui jaillit de tous côtés eft en même temps divifée en une infinité de petits jets fins & déliés, de forte que les furfaces enflâmées fur quoi elle tombe font attaquées en toutes leurs parties à la fois, ce que ne feroit pas un gros jet d'eau pouffé par une Pompe, qui n'attaqueroit qu'un feul endroit, ou n'en attaqueroit plufieurs que fucceffivement; de plus ce gros jet verferoit peut-être fur chacun plus d'eau qu'il ne feroit neceffaire, au lieu

que

que toute celle des petits jets eft employée utilement.

Par cette legere idée de la nouvelle invention on peut à peu près juger des effets qu'il eft permis d'en attendre, & des occafions où elle conviendra. Il faut que l'embrasement foit dans un lieu bas, il feroit fourent impraticable, & toûjours trop long de porter le baril au haut d'une Maifon. Il faut que le lieu foit clos pour la plus grande partie, autrement la rarefaction fubite de l'air ne ferviroit prefque de rien. Il ne faut pas que le feu ait eû le temps de prendre violemment à de groffes piéces de bois, telles que des Poutres, ou des Solives, les petits jets d'eau ne feroient plus fuffifants, & quand la fuperficie d'une Poutre embrasée s'éteindroit dans le moment, elle fe rallumeroit le moment d'après; mais il est vrai qu'on auroit toûjours un moment où le lieu feroit plus acceffible. C'eft principalement à rendre ce lieu acceffible dans le commencement d'un Incendie, que l'lavention peut être d'ufage, fuppofé d'ailleurs les circonstances néceffaires.

On y a ajoûté en Allemagne d'impregner l'eau de matieres propres à éteindre le feu. M. le Prince de Helle en a envoyé la Recette à M. le Cardinal du Bois, qui l'a donnée à l'Académie. Il eft bon que toutes les Inventions utiles au Public on fe picque de les perfectionner à l'envi des Inventeurs mêmes,

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DIVERSES OBSERVATIONS

DE PHYSIQUE GENERALE.

A

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P

Ux environs de S. Paul de Léon en baffe Bretagne, il y a fur le bord de la Mer un Canton qui avant l'an 1666. étoit habité, & ne l'eft plus à caufe d'un fable qui le couvre jufqu'à une hauteur de plus de 20. pieds, & qui d'année en année s'avance & gagne du terrain. A compter de l'époque marquée il a gagné plus de 6. lieües, & il n'eft plus qu'à une demie lieue de S. Paul, deforte que felon toutes les apparences il faudra abandonner la Ville. Dans le pays. fubmergé on voit encore quelques pointes de Clochers, & quelques Cheminées qui fortent de cette Mer de fable; les Habitans des Villages enterrés ont eû du moins le loifir de quitter les Maifons, pour aller mandier.

C'est le Vent d'Eft ou de Nord-Eft qui avance cette calamité, il éleve ce fable qui eft très-fin, & le porte en fi grande quantité & avec tant de viteffe, que M. Deflandes, à qui l'Academie doit cette obfervation, dit qu'en fe promenant en ce pays-là, pendant que le Vent charioit, il étoit obligé de fecoüer de temps en temps fon Chapeau & fon Habit, parce qu'il les fentoit appefantis. De plus, quand le Vent eft violent i jette ce fable par deffus un petit

bras

bras de Mer jufque dans Rofcof, petit Port affez frequenté par les Vaiffeaux étrangers. Le fable s'éleve dans les rues de cette Bourgade jusqu'à deux pieds, & on l'enleve par charretées. On peut remarquer en paffant qu'il y a dans ce fable beaucoup de parties ferrugineufes, qui fe reconnoiffent au Couteau aimanté.

L'endroit de la Côte qui fournit tout ce fable-eft une Plage qui s'étend depuis S. Paul jufque vers Plouefcat, c'est-à-dire un peu plus de 4. lieues, & qui est presqu'au niveau de la Mer lorfqu'elle eft pleine. La difpofition des lieux eft telle qu'il n'y a que le Vent d'Et ou de Nord-Est qui ait la direction necessaire pour porter le sable dans les Terres. Il eft aifé de concevoir comment le fable porté & accumulé par le Vent en un endroit eft repris enfuite par le même Vent, & porté plus loin, & qu'ainfi le fable peut avancer en fubmergeant le pays, tant que la miniere qui le fournit en fournira de nouveau, car fans cela le fable en avançant diminueroit toûjours de hauteur, & cefferoit de faire du ravage. Or il n'eft que trop poffible que la Mer jette on dépofe encore long temps de nouveau fable dans cette plage d'où le Vent l'enle ve; il est vrai qu'il faut qu'il foit toûjours auffi fin pour être aifément enlevé..

Ce désastre eft nouveau, parce que la plage qui fournit le fable n'en avoit pas encore une affez grande quantité pour s'élever audeffus de la furface de la Mer, ou peut-être parce que la Mer n'a abandonné cet endroit, & ne l'a laiffé découvert que depuis un temps. Elle a eû quelque mouA 6

vement

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