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tations, for tout de celles de la 3ème efpece.

Toutes en general reviennent à ceci. Dans une Diffolution de fel les parties aqueufes s'évaporent, tandis que les falines ou ne s'évaporent pas, ou s'évaporent en moindre quantité. Comme dans un Vase, qui n'est pas plein, la preffion de l'Air éleve un peu la liqueur le long des parois interieures du Vafe, & tout à l'entour, les parties falines abandonnées par les aqueufes s'attachent à ces parois, & s'y attachent plus ou moins felon la differente matiere du Vafe. Elles forment un premier enduit, fort peu élevé, & fort peu épais.

Il pourra s'épaiffir dans la fuite', parce qu'il tient lieu d'une nouvelle furface du Vase, à laquelle par la même raifon s'at-' tacheront de nouvelles parties de la liqueur, mais il ne s'élevera pas s'il n'y a quelque ¡ chose de plus. Il faut que les molecules dont il eft compofé s'arrangent entr'elles de façon à laiffer des interftices déliés, quifaffent l'effet de Tuyaux capillaires, par où la liqueur montera au-deffus de fon niveau, moyennant quoi le premier enduit de la furface interieure du Vafe augmentera toûjours & en hauteur, & en épaiffeur. C'est-là la Vegetation, qui, comme il est aisé le voir, peut prendre une infinité de figures diffe

rentes.

Non feulement elle s'éleve jufqu'au haut du Vafe, mais quand elle y eft parvenue, les Tuyaux capillaires qui s'allongent enco re fe recourbent en dehors, pompent du dedans du Vafe une nouvelle liqueur, &

la

la Vegetation plus étendue va le tapiffer de l'autre côté, du moins en partie. Quelquefois quand il ne reste plus dans le Vase qu'une liqueur affez claire, & peu propre à des concretions, elle pafle du dedans en dehors par la Vegetation, qui fait l'office du Siphon recourbé.

Il eft aifé de voir quel affemblage de circonftances eft neceffaire pour le fuccès de cette operation. Il faut des matieres telles que l'évaporation fépare à propos & dans un inftant prefque indivifible les parties propres à fe cryftallifer d'avec celles qui ne le font pas. Il faut pour cela un degré de mouvement jufte, il faut entre les matieres qui fe crystallisent & les parois du Vafe une certaine convenance qui aide à l'élevation & à l'adhérence des Cryftaux, il faut que leurs figures élementaires ou primordiales foient telles qu'il fe forme dans leur tiffu des efpeces de Tuyaux capillaires, il faut qu'il refulte de leur amas quelque figure totale de Vegetation.

Les Sels que M. Petit a principalement employés font le Salpêtre rafiné, ou de la 3eme Cuite, le Crystal Mineral, le Set Armoniac, le Sel Marin, le Sel de Duobus ou un Sel tiré de la Tête morte de l'Eau forte faite de Salpêtre & de Vitriol &c. Les Diffolvants ont été l'Eau commune, le Vin Blanc, le Vin Rouge, l'Eau de Chaux, les differens Efprits, quelquefois mêlés avec l'Huile de Tartre par défaillance.

Affez fouvent les differens Gobelets, de Grés, de Fayence, de Verre, même quel-quefois des Gobelets de different verre,

caufent

caufent de la difference dans les effets, foit pour la facilité & la promptitude dont fe forme la Vegation, foit pour la figure.

Le temps fec, le temps chaud, le Soleil, font plus favorables à l'operation que l'humide, le froid, & l'ombre.

Quelquefois certaines matieres font contraires aux Végetations qu'on attendroit de certaines diffolutions. Ainfi la moindre particule de fer empêche ordinairement qu'il ne fe forme de Vegetation du Salpêtre raffiné. Il ne faut feulement pas remuer avec une Spatule de fer ou avec un Coûteau ce Salpêtre diffous, & prêt à vegeter. Pour peu qu'il y ait de metal mêlé dans une diffolution de Sel Armoniac, quelle qu'elle foit, il ne fe produira rien.

La plus prompte Vegetation ne fe fait guere qn'en deux jours.

Une des plus promptes & en mêmetemps des plus agréables, eft celle du Sel de Duobus diffous par l'eau commune, furtout fi elle fe fait dans un Verre.

Le Sel Armoniac diffous dans le Vin de Bourgogne ou de Champagne fait une Vegetation en Grappes de Raifin. C'eft dommage que cela n'arrive pas infailliblement, & même arrive, quand on met de l'eau commune au lieu de Vin, ce feroit bien la fameufe & chimerique Palingenefie, ou reproduction vantée par quelques Chimiftes.

L'Alun & le Vitrol ne vegetent dans aucune des liqueurs où. M. Petit les a diffous. & il n'a trouvé pour le Sel Marin que l'Efprit de Vitriol.

On fent affez, & on le fentiroit encore

davantage par un plus grand détail de faits que nous fupprimons, qu'il doit entrer dans tout, cela une combinaifon infinie, un jeu infiniment varié de figures & de mouve. mens. M. Petit eflaye d'en donner quelque idée, en fe fondant fur quelques figures de Sels les plus connues, ou les plus communément admifes; par exemple on conçoit aisément que parce que le Sel marin fe cryftallife en cubes, il feroit difficile que ces petits cubes laiffaffent entr'eux les interstices ou efpeces de Tuyaux Capillaires abfolument neceffaires pour la Vegetation, mais après que l'on a conçu affez nettement un petit nombre de ces fortes de particularités, on eft encore obligé d'en laiffer un nombre infiniment plus grand dans une vafte poffibilité, où l'on ne fait qu'entrevoir les objets.

La caufe qui fait monter la liqueur ou pour former la Vegetation ou pour paffer autravers & le long d'une Vegetation déja formée, a fourni à M. Petit un affez grand fujet de recherches & d'experiences.

Il a

voulu s'affurer fi cette caufe étoit effectivement la preffion de l'Air, ou plûtôt l'inégalité de fa preffion, felon que la plupart des Phyficiens le conçoivent.

Il a mis dans le Vuide un Gobelet plein d'une diffolution de fon Sel de Duobus, qui naturellement vegete avec viteffe. Elle n'y a point vegeté, & cela femble prouver d'abord la neceffité de la preffion de l'Air. Mais la même diffolution à l'air libre, couverte feulement d'un Recipient ou Cloche de verre, ne vegeta pas non plus, & com

me

me elle n'étoit prefque pas diminuée de poids, au lieu que fi elle n'eût pas été couverte, & qu'elle eût vegeté, elle en auroit diminué très-considerablement, M. Petit vit fans peine que ce n'étoit pas la preffion de l'Air, mais l'évaporation caufée par P.Air, que la Vegetation demandoit indifpenfable ment. En effet nous avons vû que tout dépend de l'évaporation, & même faite à propos.

Voici des faits encore bien plus forts contre la preffion de l'Air. Il y a des Vegetations qui étant formées font des filtres le long defquels monte la liqueur restée ou mife de nouveau dans le Gobelet, & fe répand au dehors. Une Vegetation de cette espece mife dans le Vuide y fit le même jeu, &, ce qui eft remarquable, jetta fa liqueur hors du Gobelet en auffi peu de temps qu'elle faifoit à l'air.

Comme ces Vegetations doivent ressembler par leur tiffu & par la petiteffe de leurs pores à des morceaux d'étoffes, M. Petit jugea que des filtres d'étoffes feroient le même effet dans le Vuide, & qu'ils feroient paffer de l'eau du dedans d'un Vafe au dehors, ou d'un Vafe dans un autre, & cela arriva en effet, pourvû que l'on obfervât les regles ordinaires du Siphon. M. Boyle avoit déja reconnu que le Siphon devoit jouer dans le Vuide; & que l'élevation des liqueurs dans les Tuyaux capillai res y fubfifte.

Tous ces phenomenes qui peuvent paroître fi furprenans, fi paradoxes, fi contraires au Systême établi de la pefanteur de l'Air, HIST. 1722.

C

ont

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