AN. 1430. LXXVIII. Centure de la fa propofitions. Dupin bibl. des ul. 10. 12.p. 145. a donné plufieurs noms : ce qui venoit de la trop grande faci lité à accorder des mitigations, dans la vue d'entretenir & de conferver l'union & la charité parmi les religieux de cet ordre. Jean Sarrazin de l'ordre des freres Prêcheurs docteur en culté de théologie théologie de la faculté de Paris, ayant avancé l'année précontre quelques cédente dans fon acte de vefperie quelques propofitions trop hardies touchant la jurifdiction eccléfiaftique, elles furent cenfurées par cette faculté au commencement de cette an née, & le religieux fut obligé de fe rétracter en pleine affemblée. Ces propofitions étoient au nombre de huit. Premiérement, que toutes les puiffances de jurifdiction eccléfiaftique, autres que celle du pape, font du pape dans leur jurifdiction & dans leur collation. Secondement, que ces puiffances ne font pas de droit divin, ni inftituées de Dieu immédiatement. Troifiémement, que Jefus-Christ n'a point parlé de ces puiffances, mais feulement de la fouveraine à qui il a confié la fondation de fon églife. Quatrièmement que quand on fait des décrets dans un concile, toute l'autorité qui leur donne de la force réfide dans le feul fouverain pontife. Cinquièmement, que l'on n'a aucun texte précis de l'évangile, par lequel il paroiffe que la puiffance de jurifdiction ait été donnée à un autre apôtre qu'à saint Pierre. Sixièmement, qu'il répugne en quelque maniére à la vérité de dire, que la puiffance de jurifdiction des prélats inférieurs, foit évêques, foit curés, eft immédiatement de Dieu, comme la puiffance du pape. Septiémement, que toutes les autres puiffances fpirituelles ne peuvent rien de droit contre le fouverain pontife. Huitiémement que le pape ne peut pas commettre le crime de fimonie canonique défendu par le droit pofitif. La faculté ayant fait examiner ces propofitions par des députés, obligea le religieux de fe rétracter publiquement, comme il fit; & de faire profeffion de reconnoître huit propofitions contraires, qui furent: Premiérement, que toutes les puiffances de jurifdiction eccléfiaftique, différentes de celle du pape, font de Jefus Chrift quant à la premiére inftitution & collation, & du pape & de l'églife quant à la limitation & difpenfation miniftérielle. Secondement, que ces puiffances font de droit divin, instituées immédiatement de Jefus-Chrift. Troifiémement, que l'on trouve dans l'écri ture que Jefus Chrift a fondé fon églife, & inftitué ex- Il ne faut pas omettre la mort d'un auteur affez célèbre, qui arriva cette même année à Rouen le trentiéme de Novembre. C'est Thomas de Walden, village de la province d'Effek en Angleterre, fils de Jean Netter & de Malthilde. Il fit fes études à Oxford; & après y avoir reçu le bonnet de docteur, il entra dans l'ordre des Carmes. Il affifta aux conciles de Pife & de Conftance; & ayant été choisi pour être le confeffeur de Henri V, il mourut à Rouen à la fuite de ce prince. Il a combattu fortement les erreurs de Wiclef, con-tre lefquelles il a compofé ún gros ouvrage fous le titre de Doctrinal des antiquités de la foi de l'églife catholique contre les Wiclefites & les Huffites, dédié à Martin V & approuvé par ce pape.. L'auteur s'y propofe d'y rapporter la doctrine de Jefus-Chrift, des apôtres & des peres contre ces erreurs, & joint la tradition & le témoignage de l'églife universelle & des conciles à l'écriture fainte. Tels font les principes fur lef quels il fe fonde en combattant les fauffes maximes de Wiclef, qui, fuivant les traces des anciens hérétiques, rejettoit: la tradition & l'autorité de l'églife, en feignant de s'arrêter à l'écriture.. On lui attribue encore quelques autres ouvrages qui n'ont pas été imprimés.. LXXX.. Il arriva cette année un accident qui penfa coûter la vie Le duc de Vanifée à François Fofcari duc de Venife. Un certain André Conta penfe être afl AN. 1435. rini, à qui une maladie fort longue & affez dangereuse avoit Sabell. 3. dec. 1. prefque renversé l'efprit, irrité de ce qu'on lui avoit refufé le gouvernement du golfe Adriatique, voulut faire tomber fur ce duc le reffentiment qu'il en confervoit : il l'attendit au paffage, lorfqu'il defcendoit du fénat pour aller entendre la meffe, & lui porta un coup de piftolet dans l'estomac à deffein de le tuer; mais par bonheur pour le duc, le coup fut détourné par le résident de Sienne qui étoit auprès de lui, & ne fit que lui rafer le vifage. Le meurtrier fut pris fur le fait, & on lui fit fon procès: il eut la main coupée, & fur pendu au haut du palais. LXXXI. envoie de nouveaux ambassadeurs au pape. Les grands progrès que faifoient les Turcs, avoient obligé Jean Paléologue Jean Paléologue, empereur des Grecs, à aller en perfonne demander du fecours en Hongrie; mais les réponses de Sigifmond ne lui ayant pas été favorables, parce que ce prince étoit occupé à la guerre contre les Huffites, qui faifoient d'horribles ravages dans la Siléfie & dans les provinces voifines de la Bohême, il crut qu'il lui étoit plus avantageux de renouer fon traité avec le pape Martin V; & pour cet effet il lui envoya de nouveaux ambaffadeurs, qui avoient ordre de demander l'exécution de ce qu'on avoit arrêté pour le concile qui avoit été indiqué à Conftantinople. Mais le pape, qui avoit déja convoqué celui qu'on devoit tenir à Bâle l'année fuivante, ne crut pas qu'il fût à propos de tenir deux conciles à la fois; & preffa les Grecs de fe trouver à celui de Bâle, s'offrant d'acquitter les frais de leur voyage. Quelques oppofitions que l'empereur y trouvât, le grand defir qu'il avoit de fe mettre en état de résister aux Turcs, le fit paffer par-deffus; mais la mort du pape, arrivée peu de tems après, fit naître de nouvelles difficultés. LXXXII: les Huffites. Sochlée, 1.6. L'armée Huffite ayant ravagé la Siléfie & la Misnie, auLecardinal Julien roit traité de même l'évêché de Bamberg & le territoire de Céfarini légat en Allemagnecontre Nuremberg, fi les peuples de ces deux contrées ne fe fuffent rachetés du pillage à force d'argent. Cette irruption engagea le pape Martin V à publier une feconde croifade contre ces hérétiques par le miniftére du cardinal Julien Céfarini, homme fçavant & plein d'expérience dans les affaires. pape le nomma, par une bulle du onzième de Janvier de cette année, fon légat à latere en Allemagne, où il étoit déja depuis quelque tems auprès de l'empereur Sigifmond, afin de difpofer toutes chofes pour cette guerre. Il fit publier Le d'abord d'abord la croifade à Nuremberg le vingt-uniéme de Mars. les autres. pape Le Martin voulant employer en même tems, contre Pendant que ce pape méditoit l'exécution de ces deffeins M mm AN. 1431. LXXXV. pontif. Salerne étant mort de pefte, & le cadet nommé Laurenit ayant été brûlé dans une tour,) il n'en fit paroître aucune émotion, & n'interrompit pas pour cela le foin des affaires de l'églife. vacant que Après les funérailles de Martin V, le faint fiége ne fut dix jours les cardinaux au nombre de quatorze entrérent dans le conclave le premier jour de Mars, cinq du collége étant abfens; outre quatre qu'avoit créés le défunt pape, mais qui n'étoient pas encore publiés. Sponde dit que dès le lendemain fon fucceffeur fut élu; mais M. Dupin ne place cette élection qu'au quatrième de Mars. Elle tomba fur Gabriel Condolmére, dont le pere appellé Ange étoit neveu de Grégoire XII du côté de fa mere. Ce pape l'avoit fait protonotaire apoftolique, de chanoine de faint George en Alga qu'il étoit auparavant, enfuite fon camérier; d'où il fut promu à l'évêché de Sienne, & enfin honoré du chapeau de cardinal; & Martin V l'avoit envoyé en qualité de fon légat dans la Marche d'Ancone. Il prit le nom d'Eugène IV, & fut couronné l'onzième du même mois de Mars, n'ayant alors que 48 ans. Quelques hiftoriens ont rapporté que les cardinaux avant fon élection firent un ftatut, par lequel il étoit ordonné qu'à l'avenir on mettroit dans les lettres apoftoliques : Du confentement de nos freres les cardinaux; au lieu qu'auparavant on ne mettoit que ces mots : Du confeil. On parle encore d'autres réglemens qu'ils firent; fçavoir, que le pape ne pourroit créer de nouveaux cardinaux fans l'agrément des anciens, & que la moitié du patrimoine de l'églife feroit employée à l'entretien & aux penfions des cardinaux. Saint Antonin, qui avoit fouvent vu Antonin. tit. 22. le pape, en parle avec éloge, & loue beaucoup fa charité, fa ferveur & fon zèle. 9. 10. Le peuple crédule prit à mauvais augure une éclipfe de foleil qui arriva le jour que mourut Martin V, comme fi elle eût marqué les traverfes & les adverfités auxquelles devoit être expofé fon fucceffeur. Dans le premier confiftoire que tint le pape Eugène, les poutres qui foutenoient la falle s'étant affaiffées à caufe du grand nombre de personnes qui s'y trouvérent, la peur faifit d'une telle maniére tous les affiftans, qu'un évêque fut foulé aux pieds de ceux qui prenoient la fuite, & en mourut. Au commencement de fon pontificat, les Colonnes, parens du défunt pape, excitérent |