AN. 143 1 C. Les Turcs s'em parent de TheffaJonique. profiter de cet avantage, & fe rendre maître de la ville de Grenade, à caufe de la divifion qui étoit furvenue parmi les Maures; mais Alvarez de Lune, qui commandoit dans ce payslà, & qui s'étoit laiffé corrompre par l'argent des ennemis fut un obftacle à cette conquête. ? Amurat empereur des Turcs prit dans le mois d'Avril la ville de Theffalonique en Macédoine, que les Grecs avoient vendue quelques années auparavant aux Vénitiens, défefpéLeunclav, lib. 14. rant de la pouvoir conferver. Cette ville étoit une des plus Chalcondyllio. 5. confidérables de la Grèce par fa grandeur, par fes richeffes, & par la dignité du fiége archiepifcopal que le pape Innocent III y avoit rétabli, quand, après la prife de Conftantinople par les François dans le tems des Croisades, cette ville reconnut l'autorité du faint fiége. Mais ce qui augmentoit encore plus fa réputation, étoit d'avoir été honorée par le féjour qu'y avoit fait l'apôtre S. Paul, & par la religion de Jefus-Chrift qu'il y avoit prêchée. Les Turcs la pillérent, ôtérent la vie à une partie des habitans, vendirent les autres, & la firent habiter par des gens de leur nation qui lui donnérent le nom de Salonique. Les Vénitiens qui y étoient en garnison se sauvérent dans leurs vaiffeaux, & la guerre dura quelque tems entr'eux & les Turcs; mais ceux-ci en font toujours demeurés maîtres, & l'ont rendue une des plus célèbres villes de la Grèce. CI. Retours des am 131 Dans le mois de Juillet de cette année les ambassadeurs baffadeurs Grecs que Jean Paléologue empereur des Grecs avoit envoyés au à Conftantinople, pape, retournérent à Conftantinople. Cette ambaffade étoit Phrang. lib. 2. compofée de Marc Jagre de la maifon des Paléologues, grandmaître de la garde-robe, du connétable, du général des abbés du fupérieur du monaftére du Tout - puiffant, & de Macaire facré moine & pere fpirituel de l'empereur : ce qui fait connoître combien Jean Paléologue avoit cette affaire à cœur, malgré les confeils contraires que Manuel lui avoit donnés avant fa mort. Il avoit autant d'intérêt à réunir les deux églises dans une même foi, que les Turcs à en defirer la divifion d'ailleurs il voyoit les Grecs fi entêtés de leurs opinions, & fi peu capables d'y réduire les Occidentaux, qu'il appréhendoit que le fchifme ne prît de-là de nouvelles forces, bien loin de s'éteindre. Ces ambaffadeurs arrivant à Rome avoient trouvé le pape Martin V mort, & s'étoient adreffés au pa : pe e Eugène, en qui ils ne trouvérent pas la même douceur mi les mêmes difpofitions que dans fon prédéceffeur. Amurat, après la prise de Theffalonique, pourfuivit fes victoires, & fe rendit maître de tout le pays jufques au golfe de Corinthe avec une viteffe incroyable. Jean Caftriot qui régnoit en Epire, aujourd'hui nommée Albanie, n'étant pas capable de lui réfifter, obtint de lui une paix à des conditions fort onéreuses. Il lui céda la forte ville de Croie, & lui donna fes fils en ôtage; le plus jeune defquels, nommé George, fçut fi bien se concilier les bonnes graces & la faveur d'Amurat, parce qu'il étoit bien fait de fa perfonne, d'une taille avantageufe & d'un efprit excellent, qu'il fut un des premiers de fa cour, & qu'il l'honora des charges les plus confidérables dans la guerre: c'eft lui qu'on a nommé Scanderberg, c'est-à-dire, feigneur Alexandre. Un prêtre d'Epire, contemporain, appellé Marin Barlet, a écrit l'hiftoire de fa vie en latin : le pere du Poncet Jéfuite en a donné une autre en françois en 1709, & à peine fe trouve-t-il un hiftorien, de quelque nation qu'il foit, qui n'ait fait mention de fes hauts faits & de Les grandes actions. Fin du quatorziéme Volume: AN. 1431. CII. Victoires d'A murat. Chalcondyl. hift. Turc.l. 5. |