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Les To-de certain, c'eft que Ciceron dit (1) que piques de cet Art n'eft utile qu'à ceux qui ont déCiceron. ja quelque ufage de l'Eloquence. Or il

elt conftant que quand on a déja quelque ufage de l'Eloquence, on n'a plus befoin des Topiques; & il eft aifé de voir, par les exemples mêmes que rapporte Ciceron, que la connoiffance des matieres, l'ufage, & l'attention fur fon fujet, font le grand Art de trouver les argumens.

Boëce néanmoins n'a pas cru perdre fon tems en faifant un long Commentaire fur cet Ouvrage, quoiqu'il fût qu'un Rhéteur nommé Marcus Victorinus en avoit déja fait un divifé en quatre Livres. Il eft vrai que ce Victorinus n'avoit pas pouffé fes explications jusqu'au bout, au lieu que Boëce a voulu tout expliquer.

Jusques là, je n'ai parlé des Topiques de Ciceron que felon les idées communes que tout le monde en a. Mais le Biblioth. Pere Meneftrier en a d'autres. Il est arrivé aux Topiques de Ciceron, felon ce Pere, le même fort qu'à Aphthone. "On

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les fait lire, dit-il, aux jeunes Ecoliers, ,, comme l'idée des lieux de Rhétori,,. que, au lieu que ce font les lieux Dialectiques, pour raifonner & prouver Philofophiquement, & non pas pour ,, perfuader felon les adreffes de l'Elo›› quen

Sed hi loci ei demum Oratori prodeffe poffunt, qui eft verfatus in rebus, vel ufu, quem ætas de nique affert: vel auditione & cogitatione, quæ ftu dio & diligentia præcurrit ætatem, Nam fi.....

,, quence, qui font deux chofes bien dif- Les To: ,, ferentes, ainfi qu'Ariftote l'a fait voir piques de ,, en fa Rhétorique, où il ne fait nulle Ciceron ,, mention des Topiques, mais touche en

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Maître les lieux propres de chaque

,, genre de discours pour la perfuafion. Il veut que ce qu'on loue foit grand, excellent, fingulier; que ce que l'on confeille de faire foit honnête, utile, ,, agréable & avantageux; que ce que l'on veut juftifier foit conforme aux loix, à la raifon, au bon fens, à l'équité, aux ufages & aux coutumes re,, çûes & approuvées, comme pour blåmer ou pour accufer, il faut prendre les chefs oppofez.

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Je ne fai de bonne foi, ni à quoi penfoit ce Pere, ni quelles étoient fes vûës, lorsqu'il a écrit ces chofes. Rien ne l'obligeoit à donner fon jugement fur cet Ouvrage de Ciceron, ni fur celui d'Aphthone, & il va le donner tant fur l'un que fur l'autre, pour n'en pas dire presque un feul mot qui marque quelque jufteffe. Je ne fai pas fi quelqu'un s'avile de faire lire les Topiques à des Rhétoriciens fuppofons que cela foit, y a-t-il une fi grande difference entre des Logiciens & des Rhétoriciens, pour trouver mauvais qu'on mette entre les mains de ces derniers ce qui feroit fait pour les autres; & peut-on dire que ce fût-là dégrader

erit. idem in confuetudine civitatis, in exemplis, in moribus civium fuorum hospes, non multum ei loci proderunt illi, ex quibus argumenta promuntur, Cic. de Orat, l. 2 mg 135.

Les To-grader un Ouvrage? Car c'eft la penfée piques de du Pere Meneftrier, comme on le peut Ciceron. voir fur Aphthone? Ce font, dit-il, des Li-devant p. lieux Dialectiques, & non pas de Rhéto148.152. rique. Il faut donc que ce Pere ait i

de

Ibid. c. I.

p.6.

نوع

gnoré que la Rhétorique & la Dialectique tirent toutes deux leurs argumens des mêmes lieux! Ce font deux chofes bien differentes, ajoute-t-il, ainfi qu'Ariftote l'a fait voir en fa Rhétorique, où il ne fait nulle mention des Topiques. Mais c'eft Ariftote lui-même qui nous dit dans L. 1. c. 2. fa Rhétorique, que les raisonnemens de P. 23. edit ces deux Arts fe prennent des mêmes lieux, Libert. & que quiconque fait tirer de ces fources les fyllogifmes Dialectiques, en fait aussi tirer les enthymêmes qui conviennent_aux Orateurs. Cependant, continue ce Pere, ce Philofophe ne fait nulle mention des Topiques, & il touche en Maître les lieux propres.... Il eft vrai qu'il traite en Maître les lieux propres dans fon premier Livre; mais outre que ce que je viens de rapporter est tiré de ce Livre, & montre visiblement qu'il y fait mention des Topiques, dans le fecond Livre il traite des lieux qui font communs aux trois genres, qui font les lieux Dialectiques, & qui fervent à prouver quelque chofe ou à la refuter. Et Ciceron lui-même, qui commence fes Topiques par l'explication de ces lieux communs aux trois genres, & finit par l'explication des lieux propres, ne parle des uns & des autres que pour P'Orateur, & pour agiter les questions de fait ou de droit qui fe rencontrent

L. 2. c. 12. 13.&c.

dans

dans les matieres oratoires. Ce qui prou- Les To: ve invinciblement que le Pere Meneftrier piques de n'eft point au fait fur ces matieres. Mais Ciceron enfin, dit encore ce Pere, il y a bien de la difference entre prouver philofophiquement, & perfuader felon les adrefes de P'Eloquence. Sans doute: & cela vient de ce que l'Orateur répand ces adreffes dans fes raifonnemens, au lieu que le Dialecticien ne se met pas en peine de les répandre dans les fiens. Sa raison eft, qu'il lui fuffit de convaincre l'esprit, au lieu que l'autre veut emporter le confentement de la volonté. Ainfi un Dialecticien fe contentera de dire qu'il y a plus d'apparence que celui-là a tué Sextus Roscius, qui s'est trouvé follicité au crime par un plus grand nombre de raifons pressantes. Tel eft, dira-t-il, non pas le fils du mort, mais fon parent Roscius Capiton. Les raifens qui l'ont follicité font l'indigence, l'avarice, la bardieffe, & l'inimitié. C'estlà prouver philofophiquement ce que Ciceron prouve ainfi en Orateur. Que direz-vous, fi je vous montre encore ,, que vous étiez dans l'indigence? que Vous vouliez vous enrichir? que vous êtes un homme à tout entreprendre? ,, que vous étiez l'ennemi du mort? Faudra-t-il encore héfiter fur ce qui vous a porté au crime? Eh! que pouvezvous nier de tout ce que je viens de dire? Votre indigence étoit telle que vous ne pouviez la cacher, &c. Voila les mêmes argumens tirez des mêmes fources. Ils ne font qu'éclairer, lorsque

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99

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Les To-le Dialecticien les employe à fa maniepiques de re; au lieu qu'ils remuent le cœur, & Сісегол. qu'ils y laiffent de fortes impreffions, lorsque l'Orateur les employe.

164.

S'il faut encore quelque garant de la verité que j'ai expofée, on peut entendre fur cela Monfieur de la Mothe le Riitor, du Vayer. Les Dialecticiens, dit-il, & les Prince p. Orateurs tirent les uns les autres leurs argumens des mêmes lieux, nommez Topiques dans toutes les deux profeffions. Les Topiques d'Ariftote ne font pas plus propres à la Philofophie, que les Topiques de Ciceron font de l'Art oratoire. Ces paroles difent nettement qu'Ariftote a fait effectivement fes Topiques par rapport à fa Philofophie, & que néanmoins c'est un Ouvrage qui convient auffi aux Orateurs: comme les Topiques de Ciceron, qui font pour l'ufage des Orateurs, font auffi d'ufage aux Philofophes. Le même Au teur dit encore que les lieux de la Logique ou de la Dialectique font au nombre de fept, compris dans un vers Lastin (1), 'qu'il rend par celui-ci :

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Qui? quoi? par quel moyen? où? quand?
Pourquoi? comment?

& que tous les lieux de Rhétorique, avec
ce qu'on peut y ajoûter, font renfer-
mez dans ces fept de la Dialectique.

On voit l'idée de la Dialectique: elle

s'oc

I Quis, quid, ubi,quibus auxiliis, cur, quomodo, quando.

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