Ce CHAPITRE VII que le Diable fit encore remarquer à Don Cléofas. L faut, pourfuivit Asmodée, que je vous faffe rire en vous apprenant un trait de cet homme qui entre chez un Marchand de liqueurs. C'est un Médecin Bifcayen; il va prendre une taffe de Chocolat; après quoi il paffera toute la journée à jouer aux échecs. Pendant ce temps-là, ne craignez pas pour fes malades, il n'en a point; & quand il en auroit, les momens qu'il employe à jouer ne feroient pas les plus mauvais pour eux. Il ne manque pas d'aller tous les foirs chez une belle & riche veuve qu'il voudroit époufer, & dont il fait femblant d'être fort amoureux. Quand il eft avec elle, un fripon de valet qu'il a pour tout domestique, & avec lequel il s'entend, lui apporte une fauffe lifte qui contient les noms de plufieurs perfonnes de qualité, de la part defquelles on eft venu chercher ce Docteur. La veuve prend tout cela au pied de la lettre, & notre joueur d'échecs eft fur le point de gagner la partie. Arrêtons-nous devant cet hôtel, auprès duquel nous fommes. Je ne veux point paffer outre, fans vous faire remarquer les perfonnes qui l'habitent. Parcourez des yeux les appartemens. Qu'y découvrez-vous? J'y démêle des Dames, dont la beauté m'éblouit, répondit l'Ecolier. J'en vois quelques-unes qui fe levent, & d'autres qui font déja levées. Que de charmes elles offrent à mes regards! Je m'imagine voir les Nymphes de Diane, telles que les Poëtes nous les repréfentent. Si ces femmes que vous admirez, reprit le Boiteux, ont les attraits des Nymphes de Diane, elles n'en ont affûrément pas la chafteté. Ce font quatre ou cinq avanturieres qui vivent enfemble à frais communs. Auffi dangereufes que ces belles Demoifelles de chevalerie qui arrêtoient par leurs appas les Chevaliers qui paffoient devant leurs Châteaux, elles attirent les jeunes gens chez elles. Malheur à ceux qui s'en laiffent charmer Pour avertir du péril que courent les paffans, il-faudroit faire mettre devant cette maison |