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UNE JOURNÉE

DES

PARQUES,

SONG E.

Par M. LE SAGE, Auteur du Diable Boiteswc.

Tom. II. Sec. Part. KK

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AVANT-PROPOS.

UN après foupé, je m'amusai

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lire les Remarques de

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Monfieur Dacier fur les Odes d'Horace, & je lus fur-tout avec attention un endroit où ce fçavant Commentateur parle ainfi des Parques.,, Suivant l'opinion des Anciens, Clotho, Lachefis & Atropos étoient trois fœurs ,, filles de Jupiter & de Thémis. ,, Hefiode les fait filles de la Nuit, & Platon de la Néceffité. ,, Clotho tient la quenouille & tire ,, le fil, Lachefis tourne le fufeau, ,, & Atropos coupe. Elles font ,, maîtreffes de la vie des Hom,, mes, depuis qu'ils font nés juf» qu'à ce qu'ils meurent: Elles » n'épargnent perfonne, & le fil

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» tranché par Atropos eft l'heure fatale de la mort.

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Dans un autre endroit Monfieur Dacier dit:,, Les Parques fe

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fervoient de deux fortes de lai,,nes, de blanche & de noire. ,, Elles employoient la blanche » pour filer une vie longue & heu,, reufe, & l'autre pour filer des ,, jours malheureux & de peu de ,, durée: Ou plutôt ( ajoûte-t-il ) ,, elles filoient des laines qu'elles ,,tiroient des paniers qui étoient à ,, leurs pieds, & dans lefquels il y ,, avoit des fufées noires & des fufées blanches. Elles mêloient ces ,, laines en filant, lorfque la vie des ,, Hommes étoit mêlée; c'est-à

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dire, que pour marquer un mal,, heur qui devoit arriver, elles pre,,noient la laine noire, qu'elles ,, quittoient pour fe fervir de la

blanche lorfque ce malheur de

J

,, voit finir. Enfin quand un Mortel touchoit à fon dernier mo,, ment, & qu'Atropos se préparoit » à donner le coup de cifeau, le fil devenoit tout noir.

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En lifant ce que je viens de rapporter, je m'arrêtois de moment en moment, & tâchois de me faire une image du travail des Parques; mais la confufion des idées qui s'offroient là-deffus à mon efprit, m'affoupit peu-à-peu,& donna, la nuit, occafion à un Songe fort fingulier. Je rêvai que j'étois au haut des Cieux, dans une falle qui reffembloit au magasin d'un Marchand de draps: j'y voyois, tout-autour, des rayons fur lefquels il y avoit une infinité de paquets de filaffe & d'écheveaux de fils, & au bas une grande quantité de vases de différentes grandeurs, & qui me paroiffoient d'une matiere transparente

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