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l'art Mais comme on eft toûjours tenté d'ajoûter à la nature quelque fa vorablement qu'elle ait pû nous traiter: Je vous dirai en general que le trop grand foin de la beauté eft un témoin des moins réprochables, qu'on en fait un ufage dont une perfonne fage ne vou droit pas être foupçonnée.

FULVIE.

Il en eft donc à peu près comme de la mode; on ne doit, ni trop s'y affujettir, ni trop la negliger.

URANIE.

Vous avez raifon la mode eft une efpece de tiran aux bizarres goûts duquel on eft contraint de s'accommoder. Cependant il me paroît qu'une perfonne raifonnable ne doit jamais être la premiere à la fuivre, ni la derniere à la quitter. Mais, Fulvie, j'admire vôtre patience vous ne vous laffez point de m'entendre & je me laffe moi-même de parler. Dans l'occafion on pourra vous en dire davantage, puifque la morale fa importune aux perfonnes de vôtre âge se trouve de vôtre goût.

FULVIE.

Je vous écouterai toûjours avec plai fir. Je crains de m'égarer, j'ai besoin d'un bon guide, je l'ai trouvé, il n'est plus queftion que de le fuivre.

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II. ENTRETIEN

Du foin que doit avoir une jeune perfonne d'éviter les mauvaifes compagni.s,

URANIE, TULLIE.

URANIE.

'Où vient Tullie, qu'on ne vous

Dvit point hier?

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TULLIE.

Et pourquoi ? Si vous aviez vu tout ce qu'il y avoit hier de monde chez elle, vous verriez que je ne fuis pas la feule qui la cherche,

URANIE,

Je fçai qu'elle voit beaucoup de monde, mais je doute que vous trouviez-là des gens qui vous conviennent, &. je gagerois bien qu'il n'y avoit que des hommes & des coquettes.

TULLIE,

Il eft vrai, qu'il y avoit beaucoup d'hommes. Je ne fçai pas fi les femmes étoient coquettes; mais je fçai bien que la converfation fut fort vive, gaïe, fpirituelle. Je ne me fuis jamais mieux divertie.

U. RANI E.

Je le crois, mais tout ce qui s'y paffa étoit t-il bien dans les regles?

TULLIE,

Affurement, & je ferois bien fâchée

de prendre des divertiffemens qui ne pas innocens.

fuffent pas

URANIE.

J'ai pourtant toûjours oëi dire, que les coquettes font médifantes, & je croirois affez que le prochain a quelque chofe à fouffrir dans cette maison-là. Entre nous, croïez-vous qu'on puiffe rapporter quelque chofe de bon d'une telle focieté div

TULLIE.

En verité, je ne vas point en compa gnie pour m'inftruire, tout ce qui m'y conduit eft le deffein de m'y bien diver

tir.

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URANIE,

Je conviens que toutes les converfations peuvent n'être pas inftructives, mais il faut du moins qu'elles ne nous gâtent pas.

TULLIE.

Il eft vrai, mais vous avoüerez qu'il faudroit être bien foible, pour se laisser aller à tout ce qu'on entend dire.

URANIE.

Vous avoüerez auffi qu'il faut être bien forte pour refifter toûjours aux fentimens

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