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X. ENTRETIEN.

La confidence reciproque.

EU SEBE, PAMPHILE,

POLICRATES, GLICION,

Puifque

EUSE BE.

nous fommes enfin heureufement réunis, reprenons, je vous prie, les fentimens de nôtre premiere amitié ; & comme je vous dirai fans façon tout ce qui m'eft arrivé depuis que nous ne nous fommes vûs; apprenez-moi vos avantures; car je vous vois tous dans un état qui me donne de la curio Lité.

PAMPHILE.

Très-volontiers. Le recit en fera d'autant plus curieux, que nous avons tous pris des routes bien differentes. Combien y a-t-il. que nous étions tous enfemble à Paris?

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Non feulement nous le paroiffions, mais s'il y avoit en cela quelque diffe elle ne pouvoit pas

rence entre nous,

être grande.

PAMPHILE.

Les chofes aujourd'hui font bien changées; car Glicion paroît encore jeune, & l'on prendroit au contraire Poli crates pour fon grand Pere.

EUSEBE.

Cela eft vrai; mais je voudrois bien fçavoir quelle en peut être la caufe.

PAMPHILE.

Quelle? Il faut que Glicion fe foit arrêté dans fa courfe, & que Policrates ait toûjours fait fon chemin.

EU SEBE.

Bon, les hommes ont beau faire, le tems s'écoule fans ceffe, il n'y a aucun moïen de l'arrêter.

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Puifque vous le voulez fçavoir, j'ai foixante & fix ans bien comptez, & plû. tôt plus que moins.

EUSE BE.

La belle & heureuse vieilleffe!

PAMPHILE.

Mais de quel art vous êtes vous done fervi, pour retarder la vieilleffe? Vous n'avez point de cheveux blancs, point de rides. On vous voit un tein vif, des

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yeux brillans, des dents belles & bien rangées, une démarche ferme, un corps droit, fain, & vigoureux; en un mot, rien ne marque en vous l'âge que vous

avez.

GLICION.

Je vous dirai volontiers mon fecret, poutvû que vous me promettiez de me dire ce que vous avez fait, pour être, & pour paroître fi vieux.

POLICRATES.

Je vous le promets. Mais dites-moi, je vous prie, où allâtes vous, quand nous vous quittâmes à la fortie de Paris?

GLICION.

Tout droit en mon Païs. Après y avoir paffé environ un an dans les amufemens ordinaires à la jeuneffe, je commençai à penfer ferieufement au genre de vie qui me conviendroit le mieux; car j'étois déflors très-convaincu,que le bonheur de la vie dépend de prendre d'abord bien fon parti. J'examinois donc avec foin à quoi j'étois ou n'étois pas propres je faifois refléxion à la conduite qu'ayoient gardée ceux qui avoient reüffi dans

dans leurs affaires

, ou qui les avoient

ruinées.

POLICRATES.

Tant de fageffe me furprend ; vous n'en promettiez pas tant lorfque nous étions tous enfemble à Paris.

GLICION.

Ileft vrai. Mais l'âge, & la refléxion font de grands maîtres. J'avouerai pourtant que je n'agiffois pas fans confeil. J'avois fait amitié avec un de nos Citoïens fort âgé, d'une longue experience, très-fage, & très-eftimé. Je ne faifois rien fans le confulter.

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