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que je ne fuis pas muette.

EULALI E.

Ne vous répond-t-il pas ?:

XANTIPE.

Sans doute, mais je ne m'étonne.

du bruit..

EULALIE..

pas;

Ne vous a-t-il jamais battuë?

XANTIPE..

Peu s'en eft falu, mais m'étant armée d'un flambeau, que je le menaçois de lui jetter à la tête il fe retint, & il fit bien, il n'y eût pas trouvé fon compte..

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EULALIE.

Ah, bon Dieu, qu'eft-ce que j'entends? Ma chere Xantipe, je fuis trop vôtre amie, pour ne vous pas dire, que: cela n'eft pas bien..

XANTIPE•.

Comment, cela n'eft pas bien ? S'il ne me traitte pas comme la femme, fuis-je,, obligée de le traitter comme mon mari?.

EULALIE.

→ Saint Paul nous apprend, que les femmes doivent refpecter leurs maris, & leur être foûmifes, & faint Pierre b nous propofe l'exemple de Sara, qui appelloit Abraham fon Seigneur, quoiqu'il fut fon mari..

XANTIPE.

Je le fçai, mais le même faint Paul enfeigne que les maris doivent aimer leurs femmes comme JESUS-CHRIST a aimé l'Eglife fon époufe; que mon mari fe fouvienne de ce que je lui fuis,, & je me fouviendrai de ce que je lui

dois.

EULALIE.

Cependant, quand les differens en font venus à un point qu'il faut que l'un cede à l'autre, n'eft-il pas juste que la femme cede au mari?

XANTIPE.

Mais dois-je, regarder comme mon mari , un homme qui me traitte comme une fervante ?

a Eph. c. s. Coloff. c. 3.

b 1. Petr.c.2

EULALIE.

Cela vous fâche, je le vois bien..

XANTIPE.

A un point qu'il n'y a pas d'extrêmi té, où je ne me porte ne me porte enfin pour me vanger de lui.

EULALIE.

Ma chere Xantipe, me permettezvous de vous dire librement mes fenti

mens ?

XANTIP E..

Très-volontiers.

EULALI E.

Vous pourrez en ufer de la même maniere à mon égard, mais en verité nous fommes trop amies, & depuis trop long-tems pour ne vous pas parler à cœur ouvert.

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XANTIPE..

Il est vrai, que je n'ai pas une amie au monde qui me foit à beaucoup près auffi chere que vous, je vous ai aimée dès ma plus tendre jeuneffe, & le tms n'a fervi qu'à augmenter mon amitié..

EULALIE..

Faites donc je vous prie réflexion, que quelque puiffe être vôtre mari, il ne vous eft pas permis d'en avoir un autre. Autrefois lors que l'incompatibilité d'un mari & d'une femme étoit parvenue à un point, qu'ils ne pouvoient plus vivre ensemble, on avoit recours au divorce, comme au feul remede qu'on pouvoit oppofer à un fi grand mal. Aujourd'hui, il ne nous eft point. permis d'en ufer, il n'y a que la mort de vôtre mari ou la vôtre qui puiffe rompre les liens qui vous attachent à lui..

XANTIPE..

Eh, qui eft le malheureux qui nouș a ôté la liberté du divorce.

EULALIE.

Doucement, c'eft JESUS-CHRIST fui-même, de la fageffe & de la bonté duquel il ne nous eft pas permis de nous; défier.

XAN-TIPE.

J'ai bien de la peine à le croire..

EULALI E.

Cela eft certain ; & cela fuppofé, il' ne nous refte plus aucune reffource que de nous accommoder à l'humeur de nos maris, autrement il ne faut plus efperer de paix dans les mariages.

ΧΑΝΤΙΡΕ.

Il faudroit pour cela changer le mien en un autre homme, l'habitude eft formée, il n'eft pas capable de fe contraindre, il n'y a plus de remede.

EULALIE.

Plus que vous ne penfez, & croïezmoi, il dépend beaucoup des femmes de rendre leurs maris tels qu'ils doi

vent être..

XANTIPE.

Comment vivez-vous avec le vôtre, êtes-vous bien d'accord?

EULALIE.

A present tout eft fort tranquille..

XANTIPE.

C'eft-à-dire

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, que vous n'avez pu éviter de vous broüiller quelquefois 2

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