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peu

que la conversation; chacun y met du fien. L'on y profite de l'efprit d'autrui, fes lumicres augmentent les nôtres, F'un commence; l'autre perfectionne, un autre acheve ce qui n'étoit d'abord qu'ébauché. Ainfi l'on devient habile à de frais, l'efprit & les mœurs fe forment, la raison s'étend, ( pour ainsi dire, l'on s'accoûtume à parler fur le champ,& à parler bien, à fe taire & à écouter les autres; enfin à regarder les chofes par toutes les faces qu'elles peuvent avoir. Quel talent? De quel usage n'est-il point? A quoi ne rend-t-il pas propre? Dequoi eft on capable quand on ne l'a pas ?

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Ne pourroit on pas dire encore que le peu d'usage des converfations eft peut être ce qui contribue le plus à cette impoliteffe, à cette bruf querie qui s'introduit dans nôtre Nation, & qui y fait tous les jours de fi grands progrez?

La digreffion a été un peu longue, mais comme il s'agit de rendre compte des Entretiens l'on donne au Puque blic, l'on a crû que l'on pouvoit dire en general quelque chofe de la converfation.

Les fujets de celles qui font dans ce volume ne font donc pas abfolument du choix de l'Auteur; mais ils n'en font pas moins choifis. L'on n'y

traitte pas avec moins d'exactitude des principaux devoirs de la vie Civile & Chrétienne, de ce qui peut former l'honnête homme & le bon Citoïen, par rapport à ce qu'il doit à Dieu, & au prochain, à la Religion, & à la focieté dont il est membre.

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Pour ce qui eft des pensées & des refléxions, comme les plus fublimes & les plus recherchées ne font pas toûjours les plus utiles, & qu'on ne goûte jamais mieux les chofes que lorsqu'on les conçoit aifé

ment on s'eft contenté de penfer bien, de penser juste, de penfer d'une maniere convenable à ce dont il s'agit,d'une maniere qui fut à la portée

de tout le monde. Il en eft de même des refléxions, on neva pas les chercher bien loin,elles naiffent du fujet, elles coulent de fource.

Quant au ftile, on ne s'eft attaché qu'à le varier, qu'à le rendre clair, aifé, naturel, tel qui convient aux Dialogues, tel enfin qu'on l'emploie d'ordinaire dans les converfations; il ne convient point d'y emploïer trop d'art, le dialogue n'en doit pas manquer, mais il ne ne faut pas qu'il paroiffe: on doit le fentir, on ne doit pas l'appercevoir. Par cette raifon, il y a deux ou trois Entretiens dont le stile eft un peu trop pompeux, le fujet fem

bloit le demander, mais le caractere de l'entretien qui eft fimple & naturel ne le deman

doit pas.

On a eu foin de garder exactement les bien- féances. Chacun parle comme il convient à ce qu'il eft, & au parti qu'il a pris. On a fuivi en cela un grand maître en ce genre d'é,

crire comme en tout autre ; c'est Erasme. Ceux qui ont lû fes Entretiens fçavent qu'en fait de Dialogues, il n'eft pas inférieur à Platon,à Ciceron,à Lucien & à tous les plus grands Hommes de l'antiquité,qui fe font appliquez à cette maniere d'écrire.

On n'a pas pourtant mis

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