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toute part expofez à commettre des fautes de vanité, de legereté, d'impatience, d'envie, de jaloufie; notre langue fe porte à fe remuer mal à propos; nos fens demandent avec empreffement , que nous les contentions; la curiofité veut fe fatisfaire par des recherches inutiles; la pareffe s'oppofe à tout le bien qu'on devroit faire on eft environné de toute forte de tentations; on prend plaifir à remarquer les défauts des autres; & puis il eft difficile de ne pas méprifer ceux en qui on les a remarquez, & de ne les pas juger témerairement. On aime à trouver dequoi blâmer dans ceux pour qui l'on n'a pas d'inclination; on tâche de diminuer l'eftime & la réputation de leur vertu; & on eft fouvent assez injuste pour justifier les fautes de ceux que l'on aime.

XXXIII.

Si nous avions affez de lumiere & d'exactitude pour bien difcerner ces mauvaises herbes dès qu'elles naiffent dans notre cœur; & pour nous fervir auffi-tôt de la parole de Dieu, afin de les arrracher, & de lui faire un facrifi

ce; nous, exercerions faintement notre facerdoce: faifons donc regner fi abfolument cette verité éternelle dans notre cœur, qu'elle y détruise le menfonge jufqu'à fa racine, & qu'elle nous rempliffe entierement de fa lumiere. Que la juftice de Dieu détruife én nous tout le mal qui s'oppofe à nos devoirs; que l'humilité de JefusChrift abaiffe dans notre ame toutes les pensées qui nous élevent au-deffus de nous-mêmes; qu'elle nous ôte tout defir de grandeur, & nous apprenne que nous aurions tort de nous glorifier 1. Cor. de quelque chofe, puifque nous n'a-4• 7• vons rien, & que nous ne fommes

rien.

XXXIV.

La patience de celui qui a été obéif Philipp. fant jufqu'à la mort de la croix, de-2. 8. viendra notre patience fi nous nous la rendons toujours prefente en la méditant & en l'aimant ; elle adoucira tellement alors toutes nos peines & nos afflictions, qu'elles nous fembleront très-legeres & infiniment au-deffous de nos pensées. Le feu que lo fauveur du monde a apporté du ciel fur la terre eft fi vif, que fi nous nous

en approchons nous en fentirons auffitôt l'ardeur; nous rendrons amour pour amour à celui qui nous a aimez le premier lorfque nous étions fes ennemis; & fi nous faifons croître ce feu celefte en le nourriffant de bonnes œuvres, il ruinera tellement tout autre amour, que nous n'aurons plus rien de ce qu'il enferme.

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XXXV.

Que fi Dieu a créé en nous un cœur pur, & s'il nous a établis dans la voie du ciel, il faut afin de conferver une fi grande grace lui facrifier toutes les confolations humaines, toutes les joies du monde, tous les divertiffemens feculiers, tous les amusemens inutiles, & faire de notre efprit une victime fainte,fi penetrée des fentimens de penitence, que nous gemiffions continuellement de nos pechez, & de ceux de nos freres. Nous devons brifer & humilier notre cœur,en rompant fa dureté par la vûe du dernier jugement, & l'aneantiffant devant le trône de Dieu, par la vue de l'indignité où nos pechez ont réduit. Cette trifteffe eft non-feulement un remede pour ceux

que nous avons commis; mais encore fi nous avons foin de la conferver toujours dans notre cœur, elle nous prefervera de ceux que nous pourrions commettre; elle nous reconciliera parfaitement avec Dieu, que nous avons irrité; elle nous rendra la paix qui furpaffe nos fens, & elle nous fera dire avec David: Seigneur, les riches Pf. 1187 m'ont conté des fables; mais je n'ai rien trouvé de pareil à votre loi.

85.

144

DE LA NECESSITE d'avoir une loi qui régle jufqu'aux moindres de nos actions.

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'ÉCRITURE appelle les grands pecheurs

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des

hommes fans loi; il eft à craindre qu'on ne puiffe veritablement donner ce nom à plusieurs perfonnes qui font profeffion de pieté. Je fçai qu'ils ne voudroient pas faire des crimes: mais du refte ils n'ont auctin fcrupule de vivre felon leur volonté, & de fe laiffer aller à toutes leurs humeurs. De-là vient qu'ils menent une vie très-inégale,& qu'ils font très-sensibles à tout ce qui n'eft pas felon leurs defirs; trèsimpatiens de ce qui bleffe leur raifon, & prefque toujours agitez de quelque paffion.

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Or cette conduite ne peut que leur nuire beaucoup, quand elle ne leur feroit point d'autre mal, que de les tenir dans un mouvement continuel, & de

leur

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